Le très honorable Stephen Harper
Premier ministre du Canada
80 rue Wellington
Ottawa (Ontario) K1A 0A2
Le 10 novembre, 2011
Monsieur le Premier Ministre,
Nous vous écrivons au sujet d’une importante question de politique et de tradition parlementaire.
Pendant des décennies, le rôle entendu des délégations canadiennes aux conférences internationales était de représenter le Canada, non pas seulement le parti ministériel. Les délégations canadiennes étaient formées de membres de l’opposition, de représentants provinciaux et d’intervenants de la société civile.
Dans le cas précis des négociations entourant les mesures de lutte contre les changements climatiques, qui ont débuté en 1990 lors de la première réunion préparatoire au Sommet de la Terre (Rio, Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement), non seulement des députés de l’opposition ont-ils été intégrés aux délégations, mais des représentants de groupes de la société civile, entièrement subventionnés, en ont aussi fait partie (environnement, développement , femmes, jeunesse) tout comme des représentants des Premières nations. Des groupes du secteur des affaires et de l’industrie, ainsi que du mouvement syndical ont aussi été invités, à leurs propres frais cependant. Ces pratiques exemplaires ont été appliquées sous le règne du Parti progressiste-conservateur du très honorable Brian Mulroney. Ces pratiques ont été maintenues sous les gouvernements des premiers ministres Campbell, Chrétien et Martin.
Votre gouvernement a rompu avec cette tradition en 2006, alors qu’aucun représentant de l’opposition n’a été invité à la CDP 12 à Nairobi, ni à la CDP 13 à Bali. En 2008, à la CDP 14 de Poznan, des membres de l’opposition ont de nouveau été invités à faire partie de la délégation canadienne.
Des députés de l’opposition ont de nouveau été invités à la CDP 15 de Copenhague (2009) et à la CDP 16 de Cancún (2010).
Nous avons été surpris et consternés d’apprendre de l’honorable Peter Kent que les membres de l’opposition ne feraient pas partie de la délégation envoyée à la CDP 17 à Durban, du 29 novembre au 9 décembre.
Nous vous demandons, au-delà de toute considération partisane, de reconsidérer votre décision.
Nous demandons aussi à obtenir une justification de cette décision, en tenant tout particulièrement compte du fait que, par le passé, le gouvernement a aussi intégré à la délégation un certain nombre de représentants du secteur des affaires et de l’industrie.
Nous tenons à souligner que le fait d’avoir été informé à la fin du mois d’octobre que les députés de l’opposition ne seraient pas invités à faire partie de la délégation compromet nos chances d’obtenir les accréditations nécessaires pour assister à la conférence. La conférence commencera dans moins d’un mois. Le Secrétariat de la CCNUCC n’accepte plus d’inscription. Bien qu’il soit facile pour une partie à la CCNUCC (comme le Canada) de faire ajouter des noms à sa liste de membres accrédités, il nous est pratiquement impossible, nous parlementaires, de s’inscrire maintenant.
Nous souhaitons participer à la CDP 17, comme l’ont fait les députés de l’opposition pendant des décennies. Le moins que le gouvernement du Canada puisse faire, est d’inscrire des députés de l’opposition à titre de membres de la délégation afin que nous puissions obtenir les accréditations requises pour cette importante conférence.
En espérant une réponse rapide, je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Megan Leslie, Députée
Députée pour Halifax
Critique d’Environnement pour le Nouveau Parti démocratique du Canada
Kirsty Duncan, Députée
Députée pour Etobicoke North
Critique d’Environnement pour le Parti libéral du Canada
Elizabeth May, O.C., Députée
Députée pour Saanich-Gulf Islands
Chef du Parti vert du Canada