Que retrouve-t-on dans le budget de 2017?

Que retrouve-t-on dans le budget de 2017?
Par Elizabeth May, députée de Saanich-Gulf Islands, chef du Parti vert du Canada

Le 22 mars, Bill Morneau, le ministre des Finances, présentait le deuxième budget de son gouvernement.

De grosses sommes pour des projets ambitieux.

  • Pour le logement : une Stratégie nationale sur le logement comprenant 5 milliards de dollars pour le nouveau Fonds national pour le logement, plus 3,2 milliards sur 11 ans pour les provinces et les territoires pour des logements abordables, 300 millions pour le logement nordique, 225 millions pour le logement des Autochtones ne vivant pas sur des réserves et un autre 2,1 milliards pour la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance. Plus 202 millions de dollars pour l’utilisation des terres excédentaires du gouvernement fédéral pour construire des logements;
  • Pour les soins aux enfants : 7 milliards de dollars en 10 ans pour soutenir et créer des espaces de soins aux enfants à coût abordable;
  • Pour la santé : 5 milliards de dollars en soins à domicile et en santé mentale, et 644 millions de dollars pour la stratégie entourant les drogues et les médicaments sur ordonnance;
  • Pour VIA Rail : 867 millions de dollars en trois ans pour ce que l’on décrit vaguement comme des « exigences en exploitation et en immobilisations »;
  • Pour Parcs Canada : 364 millions de dollars dans les deux prochaines années;
  • En matière de climat, plus d’un milliard de dollars engagés pour des infrastructures plus vertes, le transport léger sur rail, le transport à plus grande efficacité énergétique et l’infrastructure pour les véhicules électriques;
  • En transport public, plus de 20 milliards de dollars sur 11 ans pour la collaboration fédérale, provinciale et territoriale;
  • Et des milliards de dollars dans divers fonds pour les technologies propres, le capital de risque et les supergrappes.

Dans la plupart des cas, les milliards qui avaient été annoncés dans le budget de 2016 sont plus détaillés dans le budget de 2017. Mais il y a plus, si l’on souhaite creuser un peu. Certaines des sommes seront dépensées bientôt puisque l’argent sera versé cette année. Toutefois, dans la plupart des cas, les sommes annoncées ne seront pas versées avant l’exercice financier de 2018-2019, et la majeure partie d’entre elles ne pourront être dépensées qu’après les élections de 2019.   Par exemple, sur les 20 milliards promis en transport public, moins d’un milliard sera dépensé avant 2019. Pour l’infrastructure des véhicules électriques, seulement 30 millions seront dépensés avant les prochaines élections. Pour les espaces dédiés aux soins aux enfants, aucune somme ne sera versée avant 2018-2019 (540 millions de dollars). Pour la santé mentale et les soins à domicile, à peine plus de 20 % des subventions promises seront dépensées avant les prochaines élections.

J’aurais préféré que les sommes annoncées soient présentées de façon claire. Ces dépenses sont évidemment mieux que rien, mais lire le budget est une véritable chasse à la vérité. Je n’aime pas avoir l’impression que l’on essaie de me jeter de la poudre aux yeux.

Les fonds engagés qui seront versés immédiatement incluent les engagements envers VIA Rail et Parcs Canada. Avec près de 300 millions en nouvel argent sur trois années de suite promis à VIA Rail, j’espère que nous obtiendrons le soutien, promis il y a longtemps, en vue de remettre en place le service de train sur l’île de Vancouver. Avec un horaire efficace répondant aux attentes des utilisateurs, nous pourrions retirer de la route des centaines de milliers d’automobiles.

La plupart des sommes promises à Parcs Canada iront à des acquisitions en immobilisations et non à l’expansion des budgets d’exploitation des parcs, ce qui me laisse espérer que nous pourrions ainsi acheter l’île Owl, tout près de l’île Salt Spring pour étendre le Parc national des Îles-Gulf. Il est clair que Parcs Canada sort gagnant de ce budget.

De même, un engagement de 80 millions de dollars a été annoncé pour reconstruire et restaurer le Centre de la santé des plantes, à Sidney, ici dans le comté de Saanich-Gulf Islands. C’est le centre que j’ai réussi à garder ouvert après que le gouvernement Harper ait annoncé sa fermeture. Les sommes seront versées pendant cinq ans et commenceront à l’être dès cette année. Cette excellente nouvelle augmentera la capacité de recherche scientifique de ce centre local de quarantaines pour les virus des plantes.

Parmi les autres sujets d’intérêt local dans le budget, notons « élaborer un plan exhaustif pour gérer les bateaux abandonnés, délaissés ou naufragés ». Ceci fait partie du Plan de protection des océans. La somme de 1,5 million, annoncée précédemment dans les dépenses, est annoncée de nouveau, mais sans aucun détail sur le montant qui ira aux divers éléments du plan, y compris les bateaux délaissés ou naufragés.

Qu’est-ce qui n’était pas dans le budget? J’étais certaine que les mesures climatiques que l’on avait vues dans les budgets avant l’arrivée de Stephen Harper seraient ravivées (entre autres écoÉNERGIE Rénovations et les rabais pour l’achat de véhicules moins énergivores ou les véhicules électriques).

Je suis très déçue que le ministre n’ait pas annoncé de changements aux règlements entourant les pensions dans la Loi sur la continuation des pensions pour les vétérans et autres qui se marient après l’âge de 60 ans (que l’on appelle la clause relative aux mariages intéressés). J’ai tenté de faire retirer cette mesure archaïque auprès de tous les ministres des Finances depuis Jim Flaherty. J’ai éventuellement reçu un engagement écrit du ministre Morneau qui me confirmait que c’était maintenant une politique gouvernementale, mais cela ne s’est pas concrétisé.

Les subventions pour les combustibles fossiles continueront, mais à un niveau plus bas. L’élimination du crédit d’impôt pour les puits de découverte de pétrole et de gaz est un bon début, car il coupe 150 millions de dollars par année en fonds publics aux combustibles fossiles. Mais des milliards de dollars continuent d’être versés pour les sables bitumineux et le gaz naturel obtenu par fracturation. Bref, l’administration Trudeau continue de dire tout ce qu’il faut en matière de climat, mais sans y ajouter aucune notion d’urgence. Approuver des projets qui font augmenter les émissions de gaz à effet de serre tout en tentant de les réduire par des programmes qui ne verront pas le jour avant plusieurs années est une politique vouée à l’échec.   Nous avons besoin d’objectifs plus ambitieux et d’efforts plus disciplinés à l’étendue du gouvernement pour les atteindre.

Et voici la grande question fiscale : quand le budget sera-t-il équilibré? Le gouvernement devra, à un moment donné, réexaminer ses exigences en matière de revenus. Ce sont nos exigences pour nous assurer que notre société demeure résiliente, équitable et qu’elle continue de bien fonctionner. Cela pourrait vouloir dire réexaminer la TPS, hausser les impôts des plus grandes sociétés comme les banques, mais personne en politique, sauf moi, ne semble prêt à énoncer ce qui est évident : nous ne pouvons pas continuer à toujours applaudir les réductions d’impôts si nous voulons protéger l’équité, la santé et le bien commun.