L’Arctique canadien est un environnement de toute beauté. Les Inuit et les Premières nations du Nord y vivent depuis les temps immémoriaux. Cette région extrêmement sensible est aussi l’une des premières victimes des changements climatiques.
Les rapports des scientifiques et des aînés indiquent que la glace marine estivale de l’Arctique disparaîtra complètement au cours des prochaines années. Ce profond bouleversement aura des conséquences graves non seulement pour l’Arctique, mais pour toute la planète. Ce qui arrive dans l’arctique n’est pas confiné à l’Arctique.
Le Nord subit déjà d’énormes pressions pour le développement de la part des industries pétrolière, gazière et minière; la fonte des glaces laisse d’ailleurs entrevoir une recrudescence de ces activités, sans compter les pressions additionnelles créées par la navigation commerciale, la pêche et le tourisme. Il y a lieu de s’interroger à savoir si les impacts liés au développement de l’Arctique seront plutôt positifs ou plutôt négatifs, mais il n’y a aucun doute que ceux-ci menacent irréversiblement de changer l’environnement nordique et le mode de vie unique des indigènes et des peuples du Nord.
Ces dernières années, nous avons aussi constaté des pressions sur la souveraineté du Canada dans l’Arctique. La frontière extracôtière entre le Yukon et l’Alaska demeure contestée. Plusieurs nations estiment que le passage du Nord-Ouest qui traverse notre archipel arctique est une voie d’eau internationale.
Pendant que l’Arctique continue à fondre, le Service géologique des États-Unis a publié une étude détaillée estimant que l’Arctique recèle environ le quart des réserves mondiales de pétrole et de gaz. Ces facteurs provoquent de toute évidence une ruée vers l’Arctique pour les nations qui veulent s’approprier cette région. Le Nord a soudain acquis beaucoup d’importance à l’échelle mondiale.
Quarante pour cent de la masse terrestre du Canada et une partie importante de son identité se retrouvent dans le Nord. La situation évolue rapidement et les changements sont inévitables. Il est par ailleurs ironique que l’utilisation mondiale des combustibles fossiles soit en train de faire fondre l’Arctique, ce qui en retour donne accès aux plus grandes réserves de pétrole et de gaz de toute la planète. Nous devons résoudre rapidement la question de la souveraineté et élaborer une stratégie qui nous permettra de relever les défis qui pointent à l’horizon.
Le Parti vert est déterminé à aider le Nord à réaliser son plein potentiel pour en faire une région saine et prospère au sein d’un Canada fort et souverain. La tradition nordique de respect pour la terre doit sous-tendre toutes nos décisions et toutes nos actions et soutenir les principes du développement responsable et durable. Sans compter qu’il est grand temps de respecter nos accords de revendications territoriales (voir section 4.10.5 Politique autochtone).
Par conséquent, la revendication par le Canada d’un maximum de kilomètres carrés dans le sous-sol de l’Arctique est clairement justifiée. Parallèlement, le gouvernement du Canada doit absolument élaborer une vision, en partenariat étroit avec les peuples nordiques, sur la manière de développer et de protéger l’Arctique. Cette vision devra avoir pour point de départ la Stratégie pour le Nord du gouvernement fédéral en consultation avec les trois territoires. Par le biais du Conseil de l’Arctique, nous devons chercher à élargir cette vision à la région circumpolaire.
Les députés verts :
- Admettront et respecteront le fait que notre souveraineté dans l’Arctique a déjà été prouvée par la présence de Canadiennes et de Canadiens dans le Nord, y compris l’utilisation et l’occupation continue des terres et des eaux de l’Arctique par les peuples indigènes.
- Renforceront la souveraineté du Canada dans l’Arctique par le truchement de projets de développement d’infrastructure communautaire, de durabilité et de recherche nordique ainsi que des projets culturels et d’autres activités socioéconomiques régionales plutôt que par la présence militaire.
- Respecteront l’esprit et l’objet des accords de revendications territoriales et ratifieront la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.
- Augmenteront les budgets de recherche dans l’Arctique, y compris pour soutenir la reconnaissance du savoir traditionnel qui s’avère particulièrement important pour élever les nombreux défis liés aux changements climatiques.
- Amélioreront et renforceront le contrôle de la « nourriture locale » (p. ex., caribou, saumon, etc.) pour s’assurer que les Inuit et les Premières nations, notamment les femmes enceintes et les mères qui allaitent, ne sont pas exposés à des concentrations excessives de polluants organiques persistants et de métaux lourds qui s’accumulent dans la chaîne alimentaire dans le monde entier avant d’atteindre des concentrations élevées dans l’Arctique. Créeront des programmes d’enseignement communautaire participatif afin de promouvoir la consommation de nourriture la moins toxique.
- Traiteront le dossier de la sécurité alimentaire et des coûts exorbitants des aliments pour les gens du Nord canadien.
- Investiront dans des sources d’énergie renouvelables locales de manière à éviter de dépendre du mazout importé, cher et très polluant.
- Formeront et équiperont des gardes forestiers, majoritairement des Inuit et des membres des Premières nations qui vivent déjà dans le Nord et pour qui la survie sur terre et en mer n’a aucun secret. Ils formeront le noyau des équipes de secours partout dans l’Arctique.
- Commanderont une classe de haut niveau de brise-glace adaptés aux sauvetages à toutes les profondeurs de glace.
- Élaboreront une stratégie pan arctique de gestion des déchets, afin de trouver des solutions aux problèmes d’immersion de déchets en mer et d’incinération des déchets dans des dépotoirs à ciel ouvert, qui intègrent des stratégies pour gérer les déchets des collectivités, des mines, de la pêche, des navires de croisière, du tourisme, de la navigation commerciale et des opérations militaires.
- Créeront, en partenariat avec les peuples indigènes, des aires terrestres et marines protégées au sein d’un réseau représentatif sur le plan écologique, dans les trois territoires du Nord.
- Rétabliront le poste d’ambassadeur du Canada pour la région circumpolaire.
- Élargiront la souveraineté canadienne aux ressources naturelles du sous-sol arctique en soumettant une revendication à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS). Établiront un dialogue transparent avec les Canadiennes et les Canadiens dans le but de créer un plan de développement et de protection de tout nouveau territoire sous-marin et veilleront à ce que les voix du Nord participent à cette discussion.
- Feront en sorte que le Conseil de l’Arctique soit le principal forum de résolution diplomatique des revendications territoriales et de négociation des traités multilatéraux, favorisant ainsi la participation des dirigeants territoriaux et autochtones.
- Établiront un traité maritime multilatéral constructif pour l’Arctique, négocié par l’entremise du Conseil de l’Arctique, afin de réglementer toutes les activités maritimes, à l’exception des activités autochtones traditionnelles, pour protéger notamment la santé et le bien-être des écosystèmes arctiques et des habitants du Nord.
- Défendront la création d’une aire protégée dans l’Arctique reconnue mondialement, où aucun pays n’aura le droit de mener des activités d’exploration minière, semblable à l’aire protégée de l’Antarctique.