Les audiences sur les pipelines manquent de respect envers les Autochtones

Lorraine Rekmans, porte-parole du Parti vert du Canada en matière d’affaires autochtones, est scandalisée par le traitement réservé aux intervenants de langues autochtones aux audiences de la commission d’examen conjoint du projet Enbridge Northern Gateway. « Il faut absolument respecter et tenir compte de la participation des Autochtones dans les audiences sur le projet de pipeline. Le pipeline risque d’avoir de graves conséquences sur les terres des Premières nations et il est essentiel qu’ils aient voix au chapitre. »

Tandis que les Premières nations ont témoigné en grand nombre aux audiences, leurs voix ne se sont pas matérialisées dans les transcriptions officielles publiées par la suite. Au lieu de cela, les traducteurs ont opté pour l’insertion de crochets indiquant « mots autochtones », une étiquette inexacte et irrespectueuse, et ce, en dépit du fait que plusieurs Premières nations aient offert un service de traduction.

« On ne peut trop insister sur l’importance et le droit légal d’intervenir dans sa langue maternelle ainsi que de préserver et de respecter les langues autochtones », a dit Rekmans. « Si la Commission était sincère quand elle affirme vouloir inclure les exposés autochtones sur leurs connaissances traditionnelles, elle ne laisserait pas passer ces erreurs de traduction grossières dans les transcriptions des audiences. »

Les exposés ne sont pas enregistrés dans la langue d’origine et, par conséquent, on doit s’en remettre aux traductions.

« Les traductions ne permettent pas de saisir adéquatement les concepts exposés par les intervenants autochtones, plus particulièrement en ce qui a trait aux questions complexes comme le rapport des Autochtones avec la terre; la Commission ne cherche même pas à obtenir une traduction de qualité. Franchement, le degré d’apathie quant à l’exactitude des transcriptions officielles est alarmant », a ajouté Rekmans. « C’est à se demander si la rapidité a priorité sur tout le reste. L’idée que la Commission puisse baser sa décision sur des transcriptions aussi inadéquates est tout simplement inadmissible – personne ne saura ce qui a été dit. »

Les transcriptions officielles sont truffées de crochets avec la mention « mots autochtones » ce qui, comme le souligne le journaliste de rabble.ca Tyler McCreary, constitue un manque de respect puisque cela ne tient pas compte des différentes langues employées pour les exposés. « Les gens ne parlent pas plus “autochtone” qu’ils ne parlent “européen” ou “asiatique” », note McCreary. « Les gens parlent des langues uniques. Ils parlent l’anglais et le français, ce que la Commission reconnaîtrait sans doute facilement, ainsi que le Dakelh et le Wet’suwet’en que, de toute évidence, la Commission ne reconnaît même pas comme langues distinctes. »

« La Commission doit remédier à ces lacunes dans les transcriptions et s’efforcer de faire mieux pour la suite des audiences », a dit Rekmans.