Une résolution pour le Nouvel An : un défi pour le gouvernement Harper

Le gouvernement conservateur a prouvé à maintes reprises qu’il était disposé à accélérer l’adoption de politiques conformes à son programme. Il va droit au but, précis et déterminé, pour donner le sceau d’approbation parlementaire à sa vision du gouvernement. Un programme de revenu de base cadrerait avec les préoccupations actuelles du gouvernement Harper – bureaucratie réduite, simplicité, facilité de mise en œuvre, rapidité d’exécution et d’application, économies substantielles et attrait indéniable pour les électrices et les électeurs qui ne prennent habituellement pas la peine de voter.

Elizabeth May, la chef du Parti vert du Canada et députée de Saanich‑Gulf Islands, jette la balle dans le camp de MM. Harper et Flaherty. « Voici une politique qui se fait attendre depuis longtemps, dont la rapidité et la facilité de mise en œuvre ne sont plus à débattre : le programme universel de revenu garanti. » L’un des plus ardents défenseurs d’un tel programme en Amérique du Nord était l’économiste libéral Milton Friedman.

Dans le contexte des décisions récentes transmises aux premiers ministres par le gouvernement Harper, ce genre de programme offre une solution de rechange logique à l’augmentation rapide des coûts liés aux soins de santé. La pauvreté est directement liée à l’augmentation des coûts liés aux soins de santé. Un programme universel de revenu garanti serait un atout pour toutes les Canadiennes et tous les Canadiens puisque cela se traduirait par une diminution des dépenses en éducation, en justice criminelle et en services sociaux.

En 2007, il aurait fallu dépenser 12,6 milliards de dollars pour donner aux 3,5 millions de Canadiennes et de Canadiens vivant dans la pauvreté un revenu suffisant pour les faire passer au-dessus du seuil de la pauvreté. Pourtant, cette année-là, les Canadiennes et les Canadiens ont dépensé au moins le double pour traiter les conséquences de la pauvreté, estime le Conseil national du bien-être social (CNBES) dans son dernier rapport intitulé « Le sens des sous pour résoudre la pauvreté. »

« Nous espérons que les Canadiennes et les Canadiens parleront avec leurs représentants politiques et leur diront : “Regardez comment c’est logique. Modifions notre façon de voir les choses et essayons plutôt une approche fondée sur l’investissement. Économisons des sous. Veillons à ce que tout le monde se porte mieux” », a dit le président du Conseil, John Rook. Le Conseil est un organisme consultatif créé par le ministère fédéral des Ressources humaines et du Développement des compétences.

Les preuves s’accumulent et démontrent que nous n’avons plus les moyens d’assumer les coûts de la pauvreté. Par exemple, 80 % des femmes canadiennes incarcérées le sont pour des crimes en lien avec la pauvreté, dont 39 % pour avoir négligé de payer une amende. Le Service correctionnel du Canada estime qu’il lui coûte chaque année en moyenne 175 000 $ pour garder une femme en prison; ce coût augmente à 250 000 $ pour celles qui passent du temps dans une aile à sûreté maximum, souvent parce qu’elles souffrent de maladie mentale. Comme le rapportait l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) le 5 décembre dernier, l’écart de revenu se creuse de plus en plus au Canada – en 2008, les 10 % les mieux nantis gagnaient en moyenne 103 500 $, soit 10 fois plus que les 10 % les plus pauvres, qui gagnaient en moyenne 10 260 $ par année.

Le Canada compte déjà des politiques similaires à celle proposée, comme le Supplément de revenu garanti (SGI) pour les personnes âgées à faible revenu ainsi que des avantages fiscaux pour les familles avec des enfants.

Dans un commentaire publié le 15 décembre, Glen Hodgson, premier vice-président et économiste en chef au Conference Board du Canada, affirmait que le potentiel de faire des gains socioéconomiques faisait en sorte que l’heure était venue de songer de nouveau à cette « noble idée. »

Le Parti vert du Canada partage ce point de vue et est impatient de donner son appui à un programme d’une importance aussi cruciale pour le dynamisme et la vitalité de l’économie canadienne. « La pauvreté n’est pas une question partisane, pas plus qu’une question politique – il est question du bien-être de toute la société. Le programme de revenu de base est un programme qu’un gouvernement conservateur devrait s’empresser d’appuyer », a dit May.

Le lien suivant offre des commentaires supplémentaires sur un tel programme [en anglais seulement] : http://bostonreview.net/BR25.5/vanparijs.html