La fragilité du Haut-Arctique pas un obstacle à l’exploitation du charbon

 Les projets de forage exploratoire de Canada Coal Inc. sur l’île d’Ellesmere l’été prochain soulèvent de nombreuses inquiétudes pour la protection de l’habitat sauvage et des fossiles anciens. Ils soulèvent aussi des questions quant à l’avenir du Haut Arctique commen l’envisagent les conservateurs de Harper.
 
« Les conservateurs ont indirectement mis fin aux activités de PEARL, le Laboratoire de recherche atmosphérique dans l’environnement polaire, le plus important laboratoire au Canada et celui situé le plus au nord, sur l’île d’Ellesmere, il y a tout juste un mois », a rappelé la chef du Parti vert du Canada et députée de Saanich—Gulf Islands, Elizabeth May. « Est-ce une coïncidence qu’une des industries d’exploitation des ressources naturelles parmi les plus polluantes soit sur le point d’investir la région? »
 
PEARL assurait le suivi de l’appauvrissement de l’ozone, des changements climatiques et de la qualité de l’air dans le Haut Arctique, mais le Canadian Network for Detection of Atmospheric Change (CANDAC), un réseau dirigé par un groupe de chercheurs universitaires, n’a pas réussi à obtenir le financement de 1,5 million de dollars requis pour poursuivre ses travaux.
 
PEARL était soutenu par la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l’atmosphère (FCSCA), qui a perdu son financement et été contrainte de fermer ses portes au mois de mars. PEARL avait également le soutien du Programme d’appui aux ressources majeures (ARM), victime du « moratoire » financier imposé au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) – encore une fois attribuable aux compressions budgétaires des conservateurs.
 
À l’annonce de la fermeture de PEARL, le chercheur à l’Université de Dalhousie Jim Drummond avait déclaré : « Nous perdons la capacité de savoir ce qui se passe au-dessus de notre tête. »
 
Sans compter que les compressions des conservateurs réalisées aux dépens d’Environnement Canada ont contraint le Ministère à réduire les volets surveillance et suivi d’un programme conçu pour aider l’industrie minière à respecter les normes d’émissions en vigueur. Les fonctionnaires d’Environnement Canada se sont fait dire que dorénavant, l’Étude de suivi des effets sur l’environnement établirait ses priorités selon le potentiel de risque et cesserait de formuler ses recommandations en fonction de chaque installation.
 
Sur l’île d’Ellesmere, les résidents espèrent que l’accord de revendication territoriale du Nunavut et les promesses de Canada Coal suffiront à protéger leurs territoires de chasse. Ils s’inquiètent également pour les fossiles d’animaux rares, aujourd’hui disparus, et pour ce qui subsiste d’une forêt vieille de 45 millions d’années préservée dans les sols. 
 
« Alors que la plupart des pays s’éloignent du charbon sale, le Canada autorise son exploitation dans une des régions les plus écologiquement fragiles et les plus importantes du point de vue archéologique pour notre planète, a dit May, et il le fait après avoir démantelé les capacités de surveillance de PEARL, qui aurait été extrêmement bien placé pour nous fournir un compte rendu sur les dommages perpétrés dans la région. C’est une très mauvaise nouvelle. C’est le moment de rappeler nos scientifiques. »
 
Les données du gouvernement sur les centrales au charbon révèlent qu’elles constituent sept des dix principales sources de pollution atmosphérique par les gaz à effet de serre au Canada.