Alors que l’attention du monde se tourne vers les élections législatives partielles birmanes qui se sont déroulées dimanche dernier et au cours desquelles la lauréate du prix Nobel de la paix et chef du mouvement démocratique Aung San Suu Kyi a finalement remporté un siège, la plupart des médias internationaux et des gouvernements ont passé sous silence les atrocités commises de manière incessante par l’armée birmane.
« Pourquoi le Canada ferme-t-il les yeux sur le nettoyage ethnique qui s’opère en ce moment en Birmanie? Cela constitue-t-il un autre exemple de la nouvelle politique étrangère du gouvernement conservateur de Harper qui tend à minimiser les violations des droits de la personne afin d’accroître les échanges et les investissements miniers potentiels? », a demandé Elizabeth May, chef du Parti vert du Canada et députée de Saanich-Gulf Islands.
« Nous estimons à 75 000 le nombre de réfugiés provenant des États Kachin et Shan. Avec les troubles qui sévissent dans ces régions et le peu de progrès visible dans la région karen, quelles sont les chances de voir apparaître une véritable démocratie? », demande-t-elle. De plus, les régions frontalières de l’État Kachin souffrent d’une dégradation environnementale accrue alors que des entreprises accélèrent illégalement les activités minières.
D’un point de vue positif, plus de 6000 prisonniers ont été libérés cette année et la décision de suspendre la construction du barrage Myitsone dans l’État Kachin doit être applaudie. Un envoyé américain a également noté que des progrès ont été faits dans de nombreuses régions abritant des minorités ethniques au cours des dernières semaines et des derniers mois grâce à une série d’accords de paix conclus entre le gouvernement et certains groupes de guérilla.
Cependant, des personnes prises sous le feu croisé entre le gouvernement et les troupes rebelles dans les régions de Shan et du Kachin ont été torturées et tuées. Elles ont été forcées de fuir pour sauver leur vie et se cachent maintenant dans la jungle, dans des conditions de dépossession terribles. Pour ajouter à tout cela, les autorités birmanes leur ont refusé l’accès à l’aide humanitaire internationale. La détresse du peuple kachin est pire qu’elle ne l’a jamais été en deux décennies. Il semble que le gouvernement du président Sein ne fait pas qu’échouer à protéger leurs droits, il les viole de manière active.
L’Union européenne a été critiquée pour avoir présenté une ébauche de la résolution de cette année de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la question de la Birmanie, qui manquait à se saisir de toute action nécessaire à mettre fin aux crimes de guerre et aux crimes contre l’humanité qui sont commis dans le pays.
Le Parti vert exhorte le Canada à exiger, tant directement que par l’entremise des Nations Unies, un arrêt immédiat des hostilités et l’autorisation, pour l’ONU et pour d’autres officiels, de venir en aide aux blessés et aux personnes déplacées. De plus, un mécanisme international doit être mis en place afin d’enquêter sur les violations des droits de la personne et le Haut-Commisariat aux droits de l’homme de l’ONU doit être autorisé à surveiller les progrès qui s’y déroulent.
Le regard porté vers le futur, des membres du peuple karen de partout dans le monde ont demandé, le 5 mars dernier, l’instauration d’une paix sincère et d’une union fédéraliste en Birmanie.
Joe Foster, critique du Parti vert en matière de droits de la personne, a affirmé que « nous saluons la collectivité karen pour son attitude positive malgré les nombreuses souffrances qu’elle a subies aux mains des forces armées birmanes. Il ne peut y avoir de véritable progrès social ou économique tant que le gouvernement birman ne contrôlera pas les ardeurs de ses forces armées et qu’il ne garantira pas la protection des droits de la personne à tous les Birmans, peu importe leur origine ethnique ».