Ottawa Citizen: Trudeau doit intensifier les efforts du Canada au Sommet du G20

Elizabeth May

Les récents reportages dans les médias à la veille du Sommet du G20 à Hambourg donnent le ton pour que le premier ministre, le très honorable Justin Trudeau, exerce des pressions afin de lutter contre les changements climatiques. Si l’on compare l’appui du gouvernement Trudeau à l’Accord de Paris au retrait du gouvernement Trump de cet accord, on peut associer le mot « leadership » aux politiques canadiennes en matière de changements climatiques.

Or, ce n’est que si on les compare avec celles du président Trump que nos politiques semblent progressives. En réalité, Trudeau devra s’engager à faire beaucoup plus que tout ce qui est actuellement planifié à l’échelle nationale pour que le Canada garde la tête haute aux côtés des pays européens, voire de la Chine.

Le président français Emmanuel Macron s’est attaqué très directement à Trump en reprenant en anglais le slogan de sa campagne électorale sur les médias sociaux : « Make our Planet Great Again ». Macron se rend à Hambourg afin d’appeler tous les pays du G20 à prendre des mesures beaucoup plus rigoureuses pour lutter contre les changements climatiques.

L’hôtesse du G20, Angela Merkel, est déterminée à exercer des pressions sur Trump, et à l’isoler au besoin. Selon des sources médiatiques allemandes, Trudeau a demandé d’exclure toute référence à l’Accord de Paris de la déclaration du G20, ce qu’il a catégoriquement nié. J’ai été grandement soulagée d’entendre le premier ministre s’engager à appuyer fermement l’Accord de Paris dans le communiqué final du G20.

Avec le Sommet du G20 en toile de fond, certains des penseurs, législateurs, dirigeants d’entreprises et scientifiques parmi les plus réputés du monde ont souligné ce qu’il faut faire pour éviter les conséquences catastrophiques des changements climatiques. L’article « Three years to safeguard our climate », publié dans la revue Nature le 27 juin 2017, est co-signé par des dizaines de spécialistes, dont Christina Figueres, ancienne responsable du Secrétariat des Nations Unies sur les changements climatiques. Cet article a bénéficié d’une couverture importante dans The Guardian, le magazine TIME et d’autres médias partout dans le monde. Il n’en a pas été question au Canada, peut-être parce qu’il n’y a aucun Canadien parmi les signataires. Néanmoins, tous les Canadiens devraient lire l’appel à l’action de ces spécialistes et leur explication des raisons pour lesquelles nous avons jusqu’en 2020 pour remettre la planète sur la bonne voie si l’on veut respecter les objectifs prévus dans l’Accord de Paris.

Oublions les querelles politiques. La réalité est mathématique. Nous avons un bilan de carbone mondial. Pour ne pas dépasser les objectifs prévus dans l’Accord de Paris d’ici les quatre prochaines années, les pays du G20 doivent établir des cibles beaucoup plus rigoureuses.

Or, cette réalité est souvent occultée dans le discours public sur les objectifs de l’Accord de Paris. Notre objectif national actuel – celui laissé par Harper et maintenant endossé par Trudeau – est incompatible avec l’accord négocié à Paris en décembre 2015. Il suffit de faire les calculs, c’est évident. Notre cible nationale, qui est l’une des plus faibles dans le monde, doit être beaucoup plus rigoureuse. Nous avons besoin d’une cible plus ambitieuse, tout comme les autres pays qui sont loin devant nous.

Le principal message de « Three years to safeguard our climate » est celui‑ci : bien que toutes les mesures à prendre pour assurer un monde viable s’échelonnent sur des décennies, les quatre prochaines années sont déterminantes. Or, les pays qui ont pris l’engagement politique de contenir la hausse du réchauffement climatique à 1,5 degré – l’objectif de l’Accord de Paris – échoueront. Et l’échec n’a rien de politique ou de théorique; il est apocalyptique.

Ainsi, si Justin Trudeau veut faire preuve de leadership à Hambourg, il doit être prêt à y annoncer que le Canada est déterminé à revoir ses engagements en matière de lutte contre les changements climatiques. La cible fixée par Harper, soit une réduction de 30 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030, doit être devancée à 2025.

Imitons l’État d’Hawaï et adoptons des cibles contraignantes qui feront l’objet de rapports sur les progrès prévus par la loi. Accélérons les plans visant à décarboniser le secteur de l’électricité, à étendre l’infrastructure de véhicules électriques, à protéger nos forêts et à agir pour accroître l’efficacité énergétique de nos infrastructures construites.

Exerçons des pressions auprès des autres pays pour qu’ils en fassent autant. Faire moins, c’est se contenter de faire de beaux discours sur les changements climatiques au détriment d’actions pour lutter contre les changements climatiques.