Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2020-11-30 18:57 [p.2719]
Monsieur le Président, je veux d’abord reconnaître que je m’adresse à vous depuis le territoire traditionnel du peuple WSÁNEC et affirmer que c’est pour moi un honneur de représenter Saanich—Gulf Islands. À tous les membres du peuple WSÁNEC, je dis Hych’ka Siem. Je veux aussi m’excuser auprès de mes amis francophones.
Je veux toujours parler un peu en français. Le problème, c’est que, chaque fois que nous devons changer de canal, nous perdons du temps. C’est la raison pour laquelle j’ai parlé seulement en anglais pendant ce discours. J’en suis désolée.
Nous avons reçu une sombre nouvelle pendant le discours d’aujourd’hui. Je veux souligner que, dès l’instant où la ministre de Finances a pris la parole pour présenter la situation du pays, en Colombie-Britannique, la Dre Bonnie Henry révélait une sombre nouvelle: la province a battu un nouveau record la fin de semaine dernière. Pendant le week-end, 46 Britanno-Colombiens ont perdu la vie, ce qui constitue un sommet, et il y a eu 2 364 nouveaux cas. L’Alberta a également battu des records.
L’affirmation de la ministre des Finances et vice-première ministre du Canada me tient vraiment à coeur. Nous vivons des temps difficiles. La deuxième vague de la COVID sévit présentement et elle n’a pas terminé sa crue. Il est important de reconnaître qu’il faut essayer de collaborer. Nous devons garder en tête le fait que nous sommes tous dans le même bateau — ce que semble déjà avoir oublié la législature en cours — et que les Canadiens veulent que nous collaborions.
Je tiens également à souligner qu’une page d’histoire a été écrite aujourd’hui. Je suis la première femme à prononcer un discours dans cette enceinte après la ministre des Finances. Je reconnais que mon amie, la députée de Repentigny, a posé une question. Cependant, en tant que première femme à prononcer un discours ici après la ministre des Finances, je veux signaler que c’est la première fois de l’histoire canadienne qu’une femme est ministre des Finances et présente une mise à jour économique.
Il se trouve que la première femme à occuper le poste de ministre des Finances du pays a également prononcé son discours devant le plus grand nombre de femmes députées jamais élues au Parlement fédéral. En effet, à la suite des deux récentes élections complémentaires, 100 des 338 députés sont des femmes. C’est insuffisant, mais c’est quand même une percée historique.
Les femmes croient qu’elles peuvent accomplir davantage de choses quand elles unissent leurs efforts. C’est dans cet esprit que je souhaite saluer le leadership dont a fait preuve récemment dans divers dossiers la nouvelle chef du Parti vert du Canada. Le hasard et la chance ont voulu qu’Annamie Paul me remplace à la tête du Parti vert. Même si j’aimerais certes que d’autres partis politiques fédéraux soient dirigés par des femmes, Mme Paul est, comme moi avant elle, la seule femme à la tête d’un parti fédéral.
Annamie Paul, fidèle à la tradition et aux valeurs du Parti vert, est montée à la ligne de front dans la lutte contre la COVID. Elle a déclaré que nous devons travailler ensemble. Nous ne pouvons pas tourner ce dossier en batailles partisanes. Je sais que la Chambre des communes fait déjà passablement preuve de partisanerie, mais j’enjoins à mes collègues de tous les partis de penser d’abord aux Canadiens et de reconnaître que nous aurons plus tard l’occasion de marquer des points au détriment des autres.
Pour l’heure, je prie les députés de travailler en collaboration et de calmer leurs ardeurs partisanes par respect pour les gens de partout au pays qui ont peur, peur d’attraper la COVID ou de voir des proches plus âgés en être atteints. Dans mon cas, puisque ma fille enseigne dans une école du système scolaire de Burnaby, je porte une attention particulière à tout énoncé économique qui dit que la ventilation s’améliorera dans nos espaces publics, car cela continue de m’inquiéter.
Je tiens à mentionner une autre femme d’une grande sagesse avant d’aborder les détails du discours. Il s’agit de Margaret Atwood. Ses propos ont porté sur l’un des thèmes dont nous avons débattu au Parlement, et ce thème est très présent dans l’énoncé économique de l’automne de la ministre des Finances.
La question se pose à savoir si, alors que la crise de la COVID frappe, il est également possible de tenir compte de l’urgence climatique. Pendant l’été, Margaret Atwood a prononcé un discours en ligne pour les membres de l’Union des municipalités de la Colombie-Britannique. À cette occasion, on lui a demandé si elle s’inquiétait du fait que la COVID avait mis la crise climatique en veilleuse — « sur le brûleur arrière », pour reprendre une expression anglaise très courante. Margaret Atwood a alors répondu qu’elle ne pouvait le confirmer pour les autres, mais que chez elle, il y a deux brûleurs à l’avant de sa cuisinière. Je tiens à m’assurer qu’alors que nous rebâtissons en mieux et que nous planifions la relance économique, nous n’oublions pas que l’urgence climatique est toujours réelle.
Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2020-11-30 19:02
Nous devons veiller à ce que chaque mesure que nous prenons reflète l’urgence climatique à laquelle nous faisons face, en reconnaissant que rien ne s’est amélioré pendant que notre attention était tournée vers la COVID.
En ce qui concerne l’énoncé économique de l’automne, je dois dire que, d’une certaine manière, il trace la voie à suivre et nous donne de très bonnes indications de ce que l’on retrouvera dans le prochain budget. Nous ne savons pas quand le prochain budget sera présenté, mais il est évident que beaucoup de travail a été fait.
Je voulais en parler plus tôt, alors pardonnez-moi. Tout le monde a travaillé très fort. Je veux simplement le souligner. À Finances Canada, on a travaillé très fort. Les libéraux, les conservateurs, le NPD, le Bloc, tous les députés du Parlement ont travaillé très fort, mais Dieu sait que les fonctionnaires aussi et les gens qui, que l’on soit ou non satisfait de ce qu’ils ont fait dans l’immédiat, ont trouvé des vaccins pour les Canadiens, de l’équipement de protection individuelle, de même que des moyens de les financer et d’aller de l’avant. Je veux prendre le temps de saluer le travail acharné de tous et je veux remercier la ministre des Finances pour son travail également.
En ce qui a trait à notre situation actuelle et à ce qu’il faut faire mieux, je suis certainement très heureuse de voir qu’enfin, après l’attente de toute une génération, comme l’a mentionné la ministre des Finances dans son discours, nous aurons peut-être un régime décent de services de garde d’enfants. J’ignore si c’est parce que la ministre des Finances a dû rester à la maison et prendre soin de ses propres enfants malades, mais nous obtiendrons peut-être enfin un soutien adéquat pour l’éducation préscolaire et les services de garde d’enfants dans ce pays. On nous dit que l’on pourrait voir des investissements à cet effet dans le budget de 2021. Nous n’accepterons rien de moins qu’un programme complet pour les Canadiens en matière de garde d’enfants. À ce chapitre, je suis plus optimiste que je ne l’étais avant d’entendre le discours.
Je suis contente que le discours reconnaisse l’énorme quantité de travail à faire au chapitre de la réconciliation, qu’il mentionne l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et qu’il parle de mettre en œuvre certains des appels à l’action issus de cette enquête. C’est important. Nous devons tous les mettre en œuvre.
Nous cherchons à améliorer le dépistage et le retraçage des contacts. Nous devons faire plus et mieux. Le déploiement de tests de dépistage à domicile serait formidable tout comme le fait d’obtenir des résultats plus rapidement. Il en va de même sur le plan des vaccins et je propose cela dans un esprit de collaboration et de réflexion pratique sur notre position en matière de vaccins. Un sondage d’Angus Reid nous apprend que 39 % des Canadiens disent souhaiter recevoir le vaccin dès qu’il sera prêt, et 38 % affirment qu’ils aimeraient attendre avant de prendre une décision. Les gens veulent s’assurer que le vaccin est testé et qu’il pourra être administré sans danger.
J’aimerais encourager le gouvernement à réfléchir à la distribution des vaccins afin de s’assurer que nous sommes tous d’accord sur la définition de travailleurs de première ligne et sur les catégories de personnes à vacciner en priorité. Nous devons également être conscients qu’il ne serait pas vraiment sage pour le Canada de monopoliser tous les vaccins afin que chaque Canadien soit vacciné avant, disons, les travailleurs de première ligne des autres pays.
Nous devons adopter une approche sensée et veiller à ce que les vaccins soient distribués et à ce que les travailleurs de première ligne les reçoivent en premier. Par ailleurs, nous devons reconnaître que nous travaillons tous ensemble pour assurer l’innocuité et l’efficacité des vaccins livrés. Des concitoyens des deux camps me font part de leurs préoccupations, soit ceux qui veulent recevoir le vaccin rapidement et ceux qui veulent que l’on s’assure qu’il est testé adéquatement.
Je suis très encouragée que le budget prévoit davantage de fonds pour les jeunes. L’été dernier, nous avons vraiment laissé tomber les jeunes. Nous devons augmenter le nombre d’emplois d’été, comme on l’a promis dans le discours. Il y a quelques jours, ma collègue la députée de Fredericton a demandé à la Chambre si le gouvernement convenait que nous devrions au moins éliminer les intérêts sur les dettes d’études. Il est très encourageant de constater qu’ils le seront pendant un an, mais éliminons-les pour de bon. Efforçons-nous d’éliminer les frais de scolarité et de donner à nos enfants un bon départ dans la vie afin qu’ils sortent de l’université sans dettes scolaires colossales, ce qui, malheureusement, est toujours le cas pour beaucoup de jeunes. Nous pouvons faire mieux pour les jeunes.
J’étais aussi très heureuse de constater qu’on a mentionné des progrès dans le dossier de l’assurance-médicaments, mais ils sont très lents. Nous avons besoin d’un régime complet d’assurance-médicaments, et il nous le faut bientôt.
J’ai trouvé encourageant qu’on parle du rééquilibrage naturel entre les combustibles fossiles et les énergies renouvelables sur les marchés. On y souligne que la situation était déjà en train de changer avant l’arrivée de la COVID. Nous assistons d’ailleurs à un désinvestissement massif dans les combustibles fossiles au profit des énergies renouvelables.
L’énoncé économique confirme que ce changement est bien réel, que le secteur pétrolier ne se relèvera sans doute jamais complètement et que la part des énergies renouvelables, abordables et fiables ne fera que croître. Il s’agit d’une nouvelle on ne peut plus encourageante qui devrait nous guider dès qu’il est question de climat.
Passons maintenant à l’autre urgence de l’heure, l’urgence climatique. Depuis le début de la pandémie, on recense plus d’une centaine de catastrophes climatiques et elles ont coûté la vie à 410 000 personnes un peu partout dans le monde. Pendant la même période, environ 1,4 million de personnes sont mortes de la COVID, mais les catastrophes climatiques ne sont pas près de s’arrêter et il n’existe aucun vaccin contre l’urgence climatique. Nous devons réduire notre dépendance aux combustibles fossiles, et vite.
J’ai donc trouvé encourageant que l’énoncé économique soit fortement axé autour d’une stratégie verte et s’inspire considérablement de la politique du Parti vert. Cependant, ce qui me rend vraiment optimiste, c’est l’engagement d’effectuer des rénovations éconergétiques résidentielles. Il est seulement question des résidences dans l’énoncé, mais cet engagement doit s’appliquer à tous les bâtiments. Nous devons nous assurer que les propriétaires de bâtiments commerciaux et institutionnels pourront aussi investir dans ces rénovations énergétiques. Procéder à ces rénovations permettrait de réduire les émissions carboniques et donc de payer moins de taxe sur le carbone. Cela permettrait aussi de créer plus d’emplois au Canada dans tous les métiers spécialisés, comme la menuiserie, l’électricité et l’isolation. C’est un moyen d’investissement fantastique pour relancer nos économies locales et aider les quincailleries et les magasins de matériaux de construction locaux. Les rénovations éconergétiques permettent, à tous les égards, de renforcer nos économies locales.
Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2020-11-30 19:07
J’ai été très encouragée de voir une amélioration des infrastructures pour les véhicules sans émissions. Je suis aussi pour qu’on plante des arbres, qu’on s’assure de choisir des essences indigènes et qu’on se rende dans les secteurs touchés par les incendies de forêt où la repousse est difficile parce que les incendies ont atteint des températures très élevées. Je pense à des régions comme celle de la vallée de la Thompson et celle du Fraser. Il y en a tellement d’autres. Le secteur de l’incendie Elephant Hill en Colombie-Britannique, par exemple, n’a toujours pas récupéré après toutes ces années. Il faut que notre stratégie de rétablissement et de protection du saumon sauvage comprenne la plantation d’arbres. Ces choses sont interreliées et il s’agit d’un moyen efficace de séquestration du carbone de l’atmosphère. J’espère que, dans le budget, les peuples autochtones seront inclus dans les stratégies de reboisement. Assurons-nous également que le programme des gardiens autochtones soit élargi et qu’il reçoive le financement nécessaire.
Je trouve très encourageant que l’on ait évoqué la tourbe, les prairies herbeuses et d’autres éléments comme solutions naturelles à la crise climatique. Pour la première fois, on dirait qu’on engagera d’importants crédits, mais il semble que ce ne sera pas suffisant. Cependant, les agriculteurs sont une partie prenante de premier plan à la solution du problème climatique. Gérer les sols de façon à favoriser leur régénération et veiller à ce que les cultures couvrent les sols en permanence pour éviter que ces derniers ne soient soufflés par les vents sont des solutions concrètes pour séquestrer le carbone, et des investissements importants devraient y être consacrés pour aider les agriculteurs tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. C’est rassurant de voir que le gouvernement semble accorder une place aux solutions vertes pour orienter ses futures actions en matière de lutte contre les changements climatiques.
Les transports en commun sont primordiaux. Je dois souligner que la première réaction de la Fédération canadienne des municipalités à cet énoncé économique est de déplorer l’insuffisance des investissements dans les municipalités canadiennes. Je le mentionne à l’intention du ministre et du gouvernement afin que la Fédération canadienne des municipalités soit considérée comme un partenaire de premier plan. Elle dispose de données fiables, et j’ai toujours été impressionnée par la qualité de son travail. Agir en partenariat avec les municipalités a été un gage de réussite pour de nombreux gouvernements, à commencer par le gouvernement de Stephen Harper en 2008. Ses programmes sur les infrastructures ont été mis en œuvre avec l’apport des administrations municipales. Cette voie offre un grand potentiel.
Je voudrais vous faire part de mon inquiétude à propos des transports en commun. Presque chaque fois qu’il est fait mention du transport en commun, y compris dans la présente mise à jour économique, l’accent est mis sur les services en milieu urbain. Or, le Canada est aux prises avec une pénurie des services dans les communautés rurales, ce que souligne d’ailleurs le rapport sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. La perte de Greyhound et des services d’autobus en Saskatchewan et dans les Maritimes en zones rurales a créé une véritable crise.
Alors que nous rebâtissons en mieux, j’espère que le budget, lorsqu’il sera publié en 2021, prévoira des fonds pour que les habitants des régions éloignées aient accès à des transports en commun abordables et sûrs afin que les jeunes femmes et les jeunes filles autochtones n’aient pas à faire de l’auto-stop et que les personnes âgées ne soient pas contraintes de conduire la nuit parce qu’il n’y a pas d’autre moyen de se déplacer. Nous pouvons faire mieux.
Je me réjouis de voir les références aux interconnexions du réseau électrique. Comme le souligne l’énoncé économique d’aujourd’hui, il est important que nous abandonnions le charbon et que nous décarbonisions le réseau électrique. Cependant, comme le député de Nanaimo—Ladysmith l’a mentionné, l’énoncé ne mentionne pas que le fait de passer du charbon au gaz extrait par fracturation pour produire de l’électricité ne permet pas de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre. Cela revient au même. Nous devons donc interdire la fracturation et cesser de penser que le gaz naturel obtenu par fracturation joue un rôle quelconque dans la solution à la crise climatique.
L’énoncé économique mentionne également les réacteurs nucléaires, ou les soi-disant petits et moyens réacteurs qui existent en théorie. Il s’agit d’une proposition, d’une stratégie de marketing, pour une industrie moribonde. Il ne faut pas investir dans les mauvais projets. Nous avons gaspillé des milliards de dollars au Canada pour une stratégie de réacteurs nucléaires qui a échoué. Le fait de parler de « petits réacteurs » ou de « réacteurs modulaires » ne fait pas d’eux un bon investissement.
Nous devrions investir dans les projets qui réduisent le plus les gaz à effet de serre et créent le plus d’emplois par dollar investi. Nous devons garder ce principe à l’esprit ainsi que la rapidité à laquelle nous rentabilisons les investissements. Si nous gardons ces trois éléments à l’esprit, nous n’aurons pas besoin d’investir du tout dans le nucléaire, surtout lorsqu’il s’agit d’un projet de conception sur papier qui n’existe pas.
Que faut-il d’autre dans le prochain budget? Comme l’ont déjà souligné un certain nombre de collègues de différents partis, particulièrement les néo-démocrates et les verts, nous devons accroître les recettes. Je félicite la ministre d’avoir indiqué que nous aurons besoin de mesures de stimulation économique pendant au moins trois ans pour permettre le rétablissement de l’économie.
Allons, instaurons un impôt sur la fortune. Les milliardaires ont empoché 53 milliards de dollars depuis le début de la pandémie. Imposons cette fortune et faisons en sorte que les Canadiens puissent se permettre le régime d’assurance-médicaments, le régime de garde d’enfants et le régime de soins dentaires pour les Canadiens à faible revenu, et aussi avoir les moyens d’aider les étudiants et de prendre soin des aînés. Nous avons besoin d’un impôt sur la fortune.
J’ai signalé que nous avions besoin d’un revenu minimum garanti. En passant, je crois qu’il en est question à la page 87 de l’énoncé. On indique que beaucoup de travailleurs de la santé de première ligne occupent un emploi précaire et mal rémunéré. Il faut absolument améliorer la situation. Les travailleurs essentiels travaillent d’arrache-pied et risquent leur vie dans les établissements de soins de longue durée. Ces travailleurs de première ligne gagnent un salaire si faible que c’en est scandaleux.
Penchons-nous sur le revenu minimum garanti pour que personne ne vive sous le seuil de la pauvreté et que tous les travailleurs du Canada conservent l’argent qu’ils gagnent en plus du revenu minimum garanti, afin qu’ils ne se trouvent pas dans l’insécurité, que ce soit en matière de logement ou de soins de santé, et soient protégés. Nous devons étudier le revenu minimum garanti et en faire une réalité, tout comme l’assurance-médicaments et les services de garderie. Nous devons faire du logement un droit et faire en sorte que chaque Canadien ait un toit au-dessus de sa tête.
Il faut que les géants du numérique paient plus d’impôt. Ce qu’affirme la ministre des Finances est encourageant, mais, comme d’autres députés l’ont souligné, c’est insuffisant s’ils ne paient pas leur part d’impôt, et seulement la TPS et la TVH, pendant plus d’un an. Nous devons commencer à réglementer et à imposer les géants du numérique, comme Airbnb, Amazon ou Google, qui menacent les industries canadiennes existantes, qu’il s’agisse des petites entreprises qui bordent les rues principales de nos villes ou de nos journaux et télédiffuseurs. Nous commençons à reconnaître la menace, mais il faut faire plus.
J’ai remarqué quelque chose d’amusant dans les questions et réponses. Mon collègue le député de Nanaimo—Ladysmith a demandé au chef de l’opposition officielle ce qu’il pensait de la proposition présentée par le gouvernement à l’égard de l’énergie verte et propre. Le chef de l’opposition officielle a répondu qu’il était vraiment fier du pipeline Keystone. J’imagine que cette affirmation permet de clarifier la position des conservateurs sur le sujet.
Je vais maintenant parler de la question des combustibles fossiles et de notre façon de les financer. Il est plus que temps d’arrêter de subventionner les combustibles fossiles. Stephen Harper a promis d’arrêter de les subventionner en 2009, et les libéraux l’ont promis eux aussi dans leur plateforme en 2015. Cependant, les subventions accordées pour les combustibles fossiles ont augmenté.
Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2020-11-30 19:21
Cette augmentation s’explique en partie par la difficulté de définir ce qu’est une subvention aux combustibles fossiles. En effet, le ministère des Finances a dit au vérificateur général qu’il n’était pas certain de la façon de définir ce concept. Voici comment nous le définissons. Chaque fois que nous investissons des deniers publics pour produire de l’énergie à partir des combustibles fossiles et développer cette ressource, nous subventionnons les combustibles fossiles. Nous devons donc arrêter de subventionner la fracturation. Arrêtons de subventionner le projet de gaz naturel liquéfié, comme le font, soit dit en passant, le gouvernement fédéral et celui de la Colombie-Britannique. Arrêtons de consacrer de l’argent à des pipelines. L’oléoduc Trans Mountain est la propriété exclusive de la population canadienne. À présent, les dépenses minimales engagées sont de 12 milliards de dollars. Comme l’a souligné mon collègue de New Westminster—Burnaby, cette somme pourrait être bien plus élevée.
Nous devons annuler le projet d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain. Nous serons toujours propriétaires de l’oléoduc existant. Son achat a été un gaspillage d’argent, mais l’oléoduc fonctionne et permet d’acheminer du pétrole brut vers la dernière raffinerie de Burnaby. Cela ne pose aucun problème. L’utilisation du pétrole brut cessera graduellement. Cependant, nous devons arrêter d’investir des deniers publics dans des initiatives qui augmentent les émissions de gaz à effet de serre, et j’implore le premier ministre d’appeler le président désigné Joe Biden. Il doit lui dire qu’il a eu une bonne idée en annulant le projet de pipeline Keystone et lui demander comment nos deux pays peuvent travailler ensemble. Il doit ajouter que nous nous réjouissons grandement de l’ajustement de la taxe sur le carbone à la frontière. De plus, le premier ministre devrait suggérer que le Canada, les États-Unis et le Mexique unissent leurs efforts pour tarifer le carbone et appliquer une taxe d’ajustement frontalier pour nous protéger contre les importations d’autres pays qui ne tarifent pas le carbone adéquatement.
L’avènement d’un nouveau gouvernement aux États-Unis et la nomination de John Kerry au poste de tsar climatique pourraient ouvrir bien des portes. Le futur gouvernement semble sérieux en affaires. Même après quatre années de Donald Trump, les États-Unis ont davantage réduit leurs émissions de gaz à effet de serre que nous. C’est dire à quel point notre bilan est lamentable. Saisissons l’occasion qui se présente à nous, appelons le futur président Biden pour lui dire que nous sommes de tout cœur avec lui, supprimons les subventions aux combustibles fossiles et agissons de concert avec nos voisins du Sud pour interdire la fracturation, car le gaz naturel obtenu par fracturation produit du méthane, et le méthane est un puissant gaz à effet de serre. Si nous voulons que nos enfants puissent vivre dans le monde que nous leur laisserons, nous devons demeurer très actifs dans ces deux dossiers-là.
Je promets de décortiquer plus en détail ce rapport, qui est lui-même extrêmement détaillé, et je sais que la chef et les deux autres députés de notre parti, la députée de Fredericton et celui de Nanaimo—Ladysmith, vont s’y atteler eux aussi. Je suis encouragée par une bonne partie de ce que je vois. Je crois que nous aurons une idée beaucoup plus claire de ce qui manque. S’il vous plaît, faisons de l’occasion qui se présente le tournant qu’elle a le potentiel d’être. Une fois que la COVID sera derrière nous, le Canada aura l’occasion de prouver au monde qu’il est capable d’agir de manière cohérente et qu’en cessant de consacrer inutilement de l’argent à un secteur d’activité qui est non seulement moribond, mais qui est dangereux pour l’humanité, il y a moyen d’augmenter sa productivité, d’être plus concurrentiel et de créer de l’emploi.
Nos enfants et notre relance doivent être au cœur de tout ce que nous faisons en tant que nation. Il faut tenir compte de l’urgence climatique, promouvoir l’équité dans le monde et éliminer la pauvreté et le racisme au Canada. Nous devons adopter, sur la scène internationale, une position qui nous permettra d’aider le monde à atteindre l’ensemble des objectifs de développement durable. Nous pouvons y arriver. Une occasion incroyable se présente à nous. J’exhorte tous mes collègues à cesser de chercher un moyen de rabaisser l’autre comme cela se fait à la période des questions et à songer plutôt à des moyens d’unir nos forces pour que le Canada fasse bonne figure.
Kevin Lamoureux (Winnipeg North)
2020-11-30 19:21 [p.2723]
Monsieur le Président, on ne pourra jamais reprocher à l’ancienne chef du Parti vert de manquer d’audace. J’apprécie la grande franchise avec laquelle elle exprime ses opinions. En ce qui a trait aux pipelines et à la fracturation, je suis partiellement en désaccord avec elle, mais je la comprends et je connais ses raisons.
Que ferait-elle du projet de gaz naturel liquéfié, vu son état d’avancement actuel? Elle parle des répercussions néfastes de la fracturation. Je ne comprends pas tout à fait ce qu’elle ferait du gaz naturel liquéfié aujourd’hui si elle détenait les rênes du pouvoir.
Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2020-11-30 19:22 [p.2723]
Monsieur le Président, en ce qui concerne le gaz naturel conventionnel, le gaz naturel liquéfié est une option viable. À l’époque où j’étais au Sierra Club, au début des années 1990, on l’appelait un combustible de transition. De nos jours, aucun environnementaliste ne le désigne ainsi parce qu’il ne s’agit pas de gaz naturel conventionnel. En effet, il est issu de la fracturation hydraulique, et l’empreinte carbonique du gaz naturel obtenu par fracturation est la même que celle du charbon. C’est dire que l’on ment aux Britanno-Colombiens lorsque le premier ministre, entre autres, affirme que ce sera merveilleux parce que la Chine consommera du gaz naturel liquéfié plutôt que du charbon et que, d’une certaine façon, cela améliorera les choses. L’atmosphère de la planète se fiche de la provenance du carbone. Le carbone issu de la fracturation hydraulique et le méthane qui en découle sont tout aussi dommageables pour l’atmosphère que le charbon que l’on brûle en Chine. On devrait annuler ce projet.
Le fait que ce soit subventionné de manière importante pour un groupe de sociétés étrangères est scandaleux. Soit dit en passant, la plus grande partie des produits manufacturés proviennent de la République populaire de Chine et sont expédiés en Colombie-Britannique. On devrait l’annuler. Il s’agit d’une énorme subvention pour des emplois en République populaire de Chine. Créons plutôt des emplois au Canada et produisons de l’énergie renouvelable ici.
Jeremy Patzer (Cypress Hills—Grasslands)
2020-11-30 19:24 [p.2723]
Monsieur le Président, je me demande si l’ancienne chef du Parti vert pourrait préciser une chose pour moi. Ce soir, le député de Nanaimo—Ladysmith a dit qu’il était enthousiasmé par les activités de forage géothermique qui ont eu lieu en Saskatchewan et qui permis de créer un puits très productif.
Le problème, c’est que ce puits a été foré par fracturation. Nous venons d’entendre la députée parler de son rejet de la fracturation. Or, son collègue nous parle avec joie d’un puits qui a été foré grâce à cette technique. Qu’en est-il au juste? Êtes-vous pour ou contre la fracturation?
Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2020-11-30 19:25 [p.2724]
Monsieur le Président, je suis heureuse de pouvoir répondre à la question du député de Cypress Hills—Grasslands.
Soyons clairs. La fracturation consiste à fracturer le sous-sol rocheux pour libérer du gaz naturel, et ce procédé libère de grandes quantités de méthane. Cependant, il y a des compétences transférables. Les foreurs du secteur pétrolier peuvent faire du forage pour le secteur de la géothermie, et c’est ce qui s’est produit dans le cas mentionné par le député. C’est une découverte exceptionnelle. Il est très important de savoir que 10 % des puits abandonnés de la Saskatchewan et de l’Alberta peuvent être exploités pour produire de l’énergie géothermique.
Explorons les possibilités afin d’abandonner progressivement les combustibles fossiles au profit des énergies renouvelables. La géothermie recèle un potentiel énorme, et 10 % des puits qui sont déjà abandonnés et qui représentent un passif pour la Saskatchewan et l’Alberta pourraient servir à produire de l’électricité de façon écologique, ce que nous encourageons. Nous ne sommes pas favorables à la fracturation.
Marilène Gill (Manicouagan)
2020-11-30 19:26 [p.2724]
Monsieur le Président, je remercie ma collègue de Saanich—Gulf Islands de sa réponse à l’énoncé économique.
Je pense qu’elle va convenir, un peu comme nous, au Bloc québécois, qu’il y a un manque de vision. Il y a de bonnes choses dans l’énoncé économique, mais il y a un manque de vision flagrant.
Elle a parlé de la forêt, de la séquestration de carbone et de se diriger vers des énergies plus vertes. Le Bloc québécois a déjà déposé une proposition qui s’articule de maintes façons notamment par la forêt, qui est un pilier économique du Québec et du Canada. J’aimerais savoir si elle pense que c’est une avenue prometteuse. On peut faire du développement, de la recherche et des produits qui permettront de séquestrer le carbone.
Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2020-11-30 19:26 [p.2724]
Monsieur le Président, je remercie ma collègue de Manicouagan.
Je pense que l’approche du Bloc ressemble beaucoup à celle du Parti vert du Canada, parce que nous avons besoin d’investissement dans les énergies renouvelables, et non dans les oléoducs ni dans les énergies fossiles.
Je remercie ma collègue de sa question.
Peter Julian (New Westminster—Burnaby)
2020-11-30 19:27 [p.2724]
Monsieur le Président, nous avons beaucoup parlé de ce qui est décevant dans cet énoncé économique de l’automne, mais ce qui me déçoit le plus et qui nécessiterait un remède audacieux comme ceux que propose la députée, c’est que le gouvernement fédéral actuel reste les bras croisés devant les profits colossaux de certaines personnes et l’accroissement de leur richesse pendant la pandémie. Les milliardaires du Canada ont vu leur fortune croître de 53 milliards de dollars. Nous savons que les géants du Web réalisent d’énormes profits et qu’ils ne paient aucun impôt.
Ma question pour la députée est très simple. Selon elle, est-il important que le gouvernement prenne des mesures pour accroître les recettes fiscales afin que nous ne nous retrouvions pas dans une situation où le gouvernement serait obligé de réduire les mesures de soutien qui sont absolument nécessaires pour les Canadiens parce qu’il aurait oublié de prévoir des mesures génératrices de revenus?
Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2020-11-30 19:28 [p.2724]
Monsieur le Président, je remercie mon collègue de New Westminster—Burnaby. J’ai moi aussi mentionné ce chiffre dans mon allocution. Le fait que les milliardaires aient empoché 53 milliards de dollars depuis le début de la pandémie a de quoi nous indigner. Il nous faut vraiment un impôt sur la fortune.
Je pense que nous devrions également regarder du côté des profits des grandes banques commerciales, qui ont un fardeau fiscal moins élevé au Canada que dans certains pays qui nous font concurrence, comme les États-Unis. Les banques ont enregistré des profits record, et les milliardaires ont empoché des profits record. N’oublions surtout pas les entreprises du numérique. À l’approche de Noël, nous appuyons la campagne qui encourage les gens à ne rien acheter chez Amazon parce que les géants étrangers du numérique détruisent nos petites entreprises canadiennes, que ce soit des hôtels qui perdent des revenus à cause d’Airbnb ou des journaux qui subissent la concurrence de services de nouvelles ne payant pas pour leur contenu.
Je pense que nous devrions examiner d’éventuelles sources de revenus futures. Continuons de faire pression sur la ministre des Finances. Nous allons devoir trouver une nouvelle source de revenus à un moment donné. Je ne peux imaginer revoir le genre de programme d’austérité que nous avons déjà connu, et dont le député se souvient aussi, alors qu’au début des années 1990, nous avons perdu quelque 30 % de nos lits d’hôpitaux à cause d’une stratégie malavisée de réduction des dépenses. Les conséquences à long terme ont été très néfastes. Nous devons essayer de trouver d’autres sources de revenus afin de pouvoir continuer de construire le genre de société que nous nous savons capables de construire. Le Canada est un pays riche. Il nous suffit d’établir les bonnes priorités.
Ziad Aboultaif (Edmonton Manning)
2020-11-30 19:30 [p.2724]
Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir poser la dernière question ce soir.
Je n’ai jamais entendu ce que pense l’ancienne chef du Parti vert de l’énergie nucléaire comme solution écologique et façon de réduire les émissions de gaz à effet de serre. J’aimerais entendre son opinion sur ce sujet en particulier.
Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2020-11-30 19:30 [p.2724]
Monsieur le Président, à mon avis, c’est le commentateur Fred Knelman qui a le mieux résumé, il y a quelques années, ce que représente la promesse du nucléaire pour le Canada: une technologie future appartenant au passé.
Le nucléaire n’a pas d’avenir dans notre solution à la crise climatique. Cette industrie exige beaucoup de capitaux. Elle nécessite peu de main-d’oeuvre et les réductions d’émissions de gaz à effet de serre qu’elle permet sont très modestes par rapport aux options les plus efficaces. Les investissements dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables dépassent de très loin le nucléaire. C’est tellement clair que pour investir de l’argent dans le nucléaire, il faudrait se bercer d’illusions et avoir développé une dépendance à cette technologie. Je crains qu’il y ait encore quelques personnes à Ressources naturelles Canada qui appartiennent à cette catégorie.