Gerald Keddy : loi sur la stratégie nationale relative à la maladie de Lyme (le projet de loi C-442)

Gerald Keddy : Monsieur le Président, je suis fort honoré de prendre la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi C-442, Loi concernant la stratégie nationale relative à la maladie de Lyme. Je tiens tout d’abord à féliciter la députée de Saanich—Gulf Islands pour son leadership quant à cet important projet de loi. Je souligne que celui-ci a l’appui de nombreux députés.

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La députée a mentionné dans son discours que bon nombre d’entre nous, moi y compris, vivons dans des régions où la tique aux pattes noires, ou tique du chevreuil, est endémique et que nous avons des concitoyens atteints de la maladie de Lyme.

Il s’agit d’une maladie endémique au Canada, une maladie qui se propage. Voilà pourquoi nous avons besoin d’une stratégie nationale. L’appui dont bénéficie ce projet de loi montre la nécessité de collaborer et de contrer cette maladie infectieuse émergente afin de minimiser le risque pour les Canadiens.

Le nombre de cas de maladie de Lyme déclarés a grandement augmenté au cours de la dernière décennie. En fait, on estime que le nombre réel de cas au Canada est jusqu’à trois fois plus élevé que le nombre de cas déclarés, car de nombreux Canadiens n’obtiennent pas un diagnostic complet. Bien franchement, de nombreux professionnels de la santé ne savent pas comment diagnostiquer la maladie de Lyme.

Comme la députée le sait probablement, la maladie de Lyme a été diagnostiquée pour la première fois à Lyme, au Connecticut, en 1974 ou en 1975. Trente-neuf ans ont passé depuis. À l’heure actuelle, cette maladie est endémique dans l’ensemble de la Nouvelle-Angleterre et elle s’est propagée au Canada, transportée par les cerfs de Virginie, mais nous n’avons toujours pas de stratégie nationale relative à la maladie de Lyme. Voilà pourquoi il est si important d’en discuter aujourd’hui à la Chambre des communes.

Un nombre croissant de gouvernements, de professionnels de la santé et d’autres intervenants reconnaissent qu’il faut agir pour juguler cette maladie infectieuse émergente. Comme le montre l’appui accordé à ce projet de loi, la surveillance et la recherche à propos de la maladie de Lyme devraient bénéficier d’une meilleure coordination à l’échelle du gouvernement fédéral et des autres administrations.

Le gouvernement a déjà resserré sa surveillance à l’égard de cette maladie. Il se réjouit du travail que fait la députée qui parraine le projet de loi pour faire connaître cet enjeu important.

Comme le montre le projet de loi, il est important que les gouvernements, le monde médical et les spécialistes de la santé publique déploient des efforts soutenus pour faire connaître au public les facteurs de risque, les mesures de prévention et les options de traitement. Ce projet de loi vise des objectifs louables, qui concordent avec les nombreuses activités du gouvernement. Je tiens en fait à rassurer les Canadiens et à souligner que le gouvernement a déjà commencé à agir.

Nous avons déjà réalisé des progrès importants grâce au leadership de l’Agence de la santé publique du Canada. Nous collaborons avec les autorités provinciales et territoriales en matière de santé et avec d’autres partenaires, dans le but de faire connaître aux Canadiens les risques que pose la maladie de Lyme. Déterminés à continuer de protéger les Canadiens, nous avons accru la surveillance, nous multiplions les activités de recherche, nous transmettons aux Canadiens des renseignements fondés sur des données probantes et nous offrons du soutien pour le diagnostic en laboratoire. Depuis 2006, le gouvernement a investi, par l’intermédiaire des Instituts de recherche en santé du Canada, 4,6 millions de dollars pour financer la recherche sur la maladie de Lyme et favoriser la communication des résultats de recherche et des connaissances au sein de la communauté scientifique.

Ce travail forme une part essentiel de la lutte que l’Agence de la santé publique du Canada mène contre les maladies infectieuses. Notre stratégie consiste à poser des gestes concrets afin de réduire les répercussions négatives de la maladie.

C’est dans cette optique que nous renforçons la surveillance, la prévention et le contrôle, les activités de recherche et de diagnostic, ainsi que la participation du public et la sensibilisation. Ces trois aspects, qui concordent avec les principaux éléments du projet de loi, donnent déjà des résultats positifs. Comme je l’ai dit plus tôt, nous sommes prêts à redoubler d’efforts, en partenariat, pour intensifier la lutte contre cette maladie infectieuse émergente.

Voilà pourquoi je tiens aujourd’hui à informer la Chambre que le gouvernement appuie le projet de loi C-442 et qu’il va proposer un certain nombre d’amendements afin que la vision et les valeurs qui le sous-tendent puissent prendre une forme concrète et que le projet de loi soit le plus utile possible pour la population canadienne.

Le projet de loi porte certes sur un enjeu important, mais il doit être affiné afin de ne pas aller à l’encontre des rôles et responsabilités de chacune des parties prenantes au régime fédéral canadien. L’esprit du projet de loi doit en effet respecter le rôle du gouvernement fédéral et les responsabilités des provinces et territoires.

Comme nous le savons déjà, au Canada, les services de santé sont de compétence provinciale et territoriale. Ce sont donc les provinces et les territoires qui définissent et font appliquer les normes auxquelles doivent se plier les fournisseurs de soins. Quant aux lignes directrices cliniques, elles sont définies par les différents ordres professionnels.

Ce n’est pas au gouvernement fédéral de dire aux professionnels de la santé comment faire leur métier. Son rôle consiste plutôt à diffuser les pratiques exemplaires d’une province et d’un territoire à l’autre afin que les Canadiens sachent que les traitements qu’il reçoivent reflètent les plus récentes avancées scientifiques.

De la même façon, si le gouvernement devait dire aux provinces et aux territoires comment et où dépenser leur argent, il renierait la vision du fédéralisme qu’il a prôné jusqu’ici sur le plan budgétaire. Il peut toutefois faciliter la collaboration entre les provinces, les territoires et les intervenants pour tout ce qui touche la lutte contre la maladie de Lyme.

C’est précisément ce que nous faisons grâce au Réseau pancanadien de santé publique et c’est aussi ce que nous permet de faire notre collaboration avec divers intervenants, comme le Collège des médecins de famille du Canada ou les différents regroupements de patients.

Par exemple, l’Agence de la santé publique du Canada et le Collège des médecins de famille du Canada s’affairent déjà à faire connaître la maladie de Lyme aux professionnels de la santé afin qu’ils puissent la reconnaître, la diagnostiquer et la traiter dès les premiers stades.

Bref, même si nous souscrivons aux objectifs poursuivis par le projet de loi, il faudrait l’amender afin de le rendre conforme à la réalité fédérale canadienne. La députée a d’ailleurs déjà dit qu’elle était d’accord.

Le gouvernement, qui se réjouit à l’idée de collaborer avec la députée de Saanich—Gulf Islands, va proposer les amendements dont je viens de parler afin que le projet de loi respecte le rôle fondamental des provinces et des territoires en matière de soins de santé.

Je disais tout à l’heure qu’il y a 39 ans, la maladie de Lyme était diagnostiquée pour la première fois dans la ville de Lyme, au Connecticut. Il nous aura fallu 39 ans pour nous rendre là où nous en sommes aujourd’hui.

Comme la députée de Saanich—Gulf Islands le faisait elle-même remarquer, certains députés se demandent encore s’ils vont appuyer le projet de loi à l’étude, sous prétexte que la maladie de Lyme n’est pas présente dans leur coin de pays et qu’elle ne menace pas encore d’y prendre des proportions endémiques.

À mon avis, ces députés devraient se renseigner afin de savoir s’il y a des cerfs de Virginie dans leur région. La tique aux pattes noires, communément appelée « tique du chevreuil » dans ma région, est arrivée en Amérique du Nord en même temps que le cerf de Virginie. Elle s’est depuis propagée à peu près partout en Amérique du Nord.

Étant donné qu’il y a de plus en plus de cerfs de Virginie en milieu urbain, ou peut-être parce que les humains habitent de plus en plus en région rurale, on trouve un plus grand nombre de cerfs de Virginie dans des endroits qui étaient auparavant considérés comme des régions rurales, mais sont maintenant devenus des régions urbaines. Par conséquent, la prévalence de la maladie ne fera qu’augmenter. Pourtant, cette situation passe encore sous silence. Je soupçonne qu’on déterminera que certains cas pour lesquels on tente toujours d’établir un diagnostic sont bel et bien des cas de maladie de Lyme ou d’une variante de cette maladie.

En terminant, je félicite la députée de Saanich—Gulf Islands du travail très important qu’elle a accompli dans ce dossier. Ses efforts arrivent à point nommé. En effet, des électeurs de ma circonscription, South Shore—St. Margaret’s, en Nouvelle-Écosse, surveillent de près l’évolution de ce dossier. Il s’agit de personnes qui ont elles-mêmes contracté la maladie de Lyme ou qui comptent dans leur famille des gens qui en sont atteints.

Il s’agit d’une terrible maladie insidieuse, qui est très difficile à diagnostiquer. Par conséquent, la mesure législative vient à point nommé.