Murray Rankin : Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi C-442, Loi concernant la stratégie nationale relative à la maladie de Lyme, à l’étape de la deuxième lecture. Une fois de plus, je tiens à saluer le travail accompli par ma collègue de Saanich—Gulf Islands pour présenter cette initiative très importante.
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D’entrée de jeu, je tiens à souligner que l’opposition officielle votera en faveur de ce projet de loi.
Je tiens aussi à saluer le travail de pionnier qui a été accompli par l’ancienne députée Judy Wasylycia-Leis. Il y a plus de cinq ans, cette dernière avait exhorté le ministre de la Santé à mettre en oeuvre une stratégie en la matière. La porte-parole du NPD en matière de santé, la députée de Vancouver-Est, a elle aussi écrit à la ministre de la Santé à propos de cet enjeu et a fait pression pour qu’on mettre en place une stratégie nationale en vue de diagnostiquer, de traiter et de mieux surveiller la maladie de Lyme, étant donné que les risques d’infection ne cessent d’augmenter partout au pays. Elle et moi avons appuyé ce projet de loi important. Des traitements précoces et appropriés permettraient d’améliorer la qualité de vie de milliers de Canadiens et des membres de leur famille.
La maladie de Lyme figure parmi les maladies infectieuses qui connaissent la plus forte croissance en Amérique du Nord. L’une de mes électrices, Nicole Bottles, qui est âgée de 20 ans, m’a parlé de ses effets dévastateurs. Elle se déplace maintenant en fauteuil roulant et elle est venue me rencontrer à Ottawa pour plaider en faveur de ce projet de loi, qui vise à mettre en place une stratégie nationale.
Traiter rapidement la maladie de Lyme en réduit la gravité et la durée. Les experts s’entendent pour dire que des tests fiables et un traitement précoce contre la maladie de Lyme réduiraient les coûts des services de santé associés à la maladie lorsqu’elle dure longtemps et qu’elle est accompagnée d’effets secondaires plus importants. Ce constat s’applique particulièrement aux femmes, qui subissent plus longtemps les effets de la maladie de Lyme si elle n’est pas traitée. Comme les députés le savent, la maladie de Lyme est causée par une bactérie se transmettant par des morsures de tique. C’est l’une des maladies les plus sous-diagnostiquées au Canada. Les symptômes de la maladie de Lyme vont des démangeaisons localisées à des troubles très graves du système nerveux central pouvant entraîner la paralysie, en passant par un état de fatigue.
Permettez-moi d’abord de décrire la nature de la maladie. Ensuite, je parlerai des solutions qui sont prévues dans le projet de loi C-442.
Le mois dernier, le journal de ma circonscription, le Times Colonist, de Victoria, nous a appris qu’un épervier de l’île de Vancouver est devenu le premier rapace à faire partie de la liste des espèces susceptibles de transmettre la maladie de Lyme. Le chercheur John Scott a trouvé un épervier de Cooper ayant 22 tiques, dont 4 étaient infectés par la bactérie causant la maladie de Lyme. C’est le premier rapace ou oiseau de proie dans lequel on détecte cette bactérie. L’épervier de Cooper en question a été retrouvé sur le seuil de la porte d’une maison d’Oak Bay, dans ma circonscription. Il avait frappé une fenêtre. Il a été transporté au centre de réadaptation des animaux sauvages près de Victoria, où il a été examiné.
Cinq des six espèces de tiques que l’on retrouve sur l’île de Vancouver peuvent apparemment transmettre la maladie de Lyme. Les oiseaux chanteurs, les cerfs de Virginie, les souris et les lapins figurent parmi les hôtes de ces parasites. Comme l’a dit mon ami d’en face, le député de South Shore—St. Margaret’s, les cerfs sont de plus en plus responsables de la transmission de la maladie. Dans les municipalités comme Oak Bay, l’augmentation rapide de la population de cerfs est nécessairement de nature à augmenter les craintes de propagation de cette maladie, qui fait des ravages, et que les tiques transmettent en se nourrissant du sang des animaux et des humains. Les tiques se nourrissent notamment du sang des souris, des oiseaux et d’autres animaux du genre. Puis, une fois porteuses de la maladie, les tiques la transmettent aux êtres humains par leurs morsures, et le cycle de la maladie commence.
On rencontre les tiques surtout pendant les mois les plus chauds, alors le risque d’entrer en contact avec eux est plus élevé pour les Canadiens qui habitent dans des régions du pays où l’hiver est doux et peu enneigé, comme le Sud de l’île de Vancouver. Toutefois, comme le dit le préambule du projet de loi C-442, un nombre croissant de régions du Canada sont à risque en raison des changements climatiques. Comme le prévoient les scientifiques, la hausse des températures devrait avoir pour effet d’étendre la distribution des tiques au pays.
En 2009, les médecins canadiens étaient tenus de signaler les cas de maladie de Lyme aux autorités sanitaires provinciales. Toutefois, CBC News affirmait l’an dernier qu’aucunes statistiques nationales n’étaient encore disponibles.
Récemment, comme la députée de Saanich—Gulf Islands l’a mentionné, les Centers for Disease Control and Prevention aux États-Unis estimaient à 300 000 le nombre de cas de maladie de Lyme au pays; ce chiffre est dix fois plus élevé que le nombre de signalements reçus par ces organismes. Le Nouveau-Brunswick avait confirmé 128 cas de maladie de Lyme en 2009; et, en 2011, ce chiffre avait doublé pour atteindre 258.
Il est possible d’éviter les symptômes neurologiques courants et graves de la maladie de Lyme si on arrive à extraire la tique et si on administre un traitement antibiotique à un stade précoce. J’ai appris que dans certains États américains, comme le Massachusetts, il n’est pas rare que l’on procède à l’extraction d’une tique et à l’administration d’antibiotiques au tout début de la maladie. Toutefois, il semble que le niveau de sensibilisation au Canada ne soit pas le même, d’où la nécessité de la stratégie dont nous sommes saisis.
Malheureusement, il n’existe pas de test normalisé de dépistage de la maladie de Lyme au Canada. Les militants de la lutte contre cette affection, ainsi que les professionnels de la santé, affirment que les différents tests de dépistage sanguins employés actuellement ne sont pas fiables. Résultat: les patients qui ont véritablement la maladie de Lyme obtiennent trop souvent un diagnostic faussement négatif, ou un diagnostic inexact de sclérose en plaques ou de syndrome de fatigue chronique. Ils ne reçoivent donc pas le traitement adéquat et leurs symptômes s’aggravent. Certains patients de Victoria m’ont raconté qu’ils avaient dû se faire traiter à l’étranger, comme l’a mentionné le député de Sault Ste. Marie; la grande variété des traitements administrés au Canada et leur inefficacité expliquent peut-être cet état de fait.
Dans ce contexte, que viendrait changer le projet de loi C-442? Premièrement, on mesurerait le taux d’incidence de la maladie de Lyme, on créerait du matériel de sensibilisation, on établirait des lignes directrices concernant les tests de dépistage et le traitement, et on en mesurerait l’incidence économique. Deuxièmement, le projet de loi C-442 appuierait la recherche et l’introduction de tests diagnostiques plus fiables, ainsi que des campagnes d’information et de sensibilisation auprès des médecins. Bref, le projet de loi propose une stratégie proprement dite, qui s’impose depuis longtemps.
Les Canadiens méritent qu’on leur administre des tests fiables pour dépister cette maladie et un traitement adéquat. Il revient au gouvernement fédéral d’améliorer la surveillance de la maladie de Lyme et d’établir des pratiques exemplaires, de façon à ce que les provinces comprennent mieux la maladie et adoptent des mesures fondées sur des données probantes pour améliorer la situation.
La Fondation canadienne de la maladie de Lyme, aussi appelée CanLyme, appuie sans réserve le projet de loi C-442. Je cite son président, M. Wilson: « Ce projet de loi vise à combler les lacunes des lignes directrices existantes afin de dépister et de traiter efficacement la maladie de Lyme. »
Comme la députée de Saanich—Gulf Islands l’a déjà fait remarquer, le Collège des médecins de famille du Canada appuie également le projet de loi C-442. Il a déclaré: « Le CMFC appuie l’étude approfondie de l’impact sur l’économie et sur la santé de la maladie de Lyme afin d’assurer que les médecins ont les outils et les connaissances nécessaires à leur disposition. »
Je trouve regrettable que les gouvernements précédents n’aient pas démontré le leadership approprié dans une foule de dossiers importants en matière de santé, notamment en ce qui concerne la coordination et le financement requis pour les innovations en santé, les tests de dépistage et les traitements. C’est seulement en 2009 que nous avons commencé à faire un suivi de la maladie de Lyme et, à mon bureau, certaines personnes ont fait valoir que les demandes visant à faire progresser les options de dépistage et de traitement au Canada n’avaient pas été prises en considération. C’est donc un dossier en matière de soins de santé dans lequel le gouvernement fédéral doit faire preuve de leadership. Il doit s’affairer à mieux protéger la santé des Canadiens et à l’appuyer.
C’est loin d’être une question partisane. Parler des gouvernements précédents n’aide en rien le dossier. Nous sommes solidaires de la députée de Saanich—Gulf Islands et de tous les députés de la Chambre afin de régler ce problème. C’est maintenant qu’il faut agir. Les personnes atteintes de la maladie de Lyme s’attendent à ce que le gouvernement fasse preuve de leadership. L’opposition officielle veut participer à cette solution. C’est le temps de s’y mettre. Les néo-démocrates voteront en faveur de ce projet de loi.