L’annulation de Keystone une manne pour le Canada

La chef du Parti vert du Canada Elizabeth May voit dans le refus de l’administration de donner le feu vert au projet de pipeline Keystone XL une excellente occasion de créer des emplois canadiens. « Nous devrions à présent prendre un moment pour réfléchir à ce que signifie vraiment pour nous d’expédier notre pétrole brut aux États-Unis ou en Chine. Nous pourrions très bien raffiner ce pétrole chez nous et l’utiliser pour combler nos besoins domestiques ou choisir d’exporter le produit fini, ce qui permettrait de créer des emplois et de mieux encadrer le processus pour veiller à l’intégrité de l’environnement », a suggéré May, également députée de Saanich—Gulf Islands.

Hier soir, le président des États-Unis Barack Obama a refusé d’accorder à Keystone le permis de construction requis pour le pipeline de plus de 2700 kilomètres, qui fait l’objet d’une vive opposition en raison des risques de contamination posés le long du trajet envisagé. « Nous avons maintenant une belle occasion de redéfinir notre politique énergétique ad hoc. L’absence de politique explicite donne l’impression que notre politique implicite est l’expansion aussi rapide que possible de la production des sables bitumineux et l’exportation de notre pétrole brut pour laisser à d’autres le soin de lui apporter une valeur ajoutée », a dit May.

« Tandis que le gouvernement Harper tente de convaincre les gens que le dossier des pipelines équivaut à choisir entre environnement et économie, la réalité est que ces pipelines sont indéfendables sur le plan économique. En effet, le potentiel de création d’emploi est bien plus important si nous raffinons le pétrole brut au Canada. Il est primordial de geler toute expansion des sables bitumineux pour examiner les possibilités de transformation à valeur ajoutée. La raison pour laquelle les sociétés de pétrole ne bâtissent pas de raffineries près des sables bitumineux en ce moment est simple selon l’ancien premier ministre de l’Alberta Peter Lougheed : les « bouchons. » À cause de l’effet hyperinflationniste de la croissance effrénée de la région de l’Athabasca, la main-d’œuvre et les capitaux sont rares et coûtent très cher pour quiconque souhaiterait construire d’autres installations », a expliqué May. « Il faut absolument nous détourner peu à peu des combustibles fossiles. Ralentir la production des sables bitumineux, éliminer la production d’électricité au charbon et diversifier nos ressources énergétiques en misant davantage sur les sources d’énergie solaire, éolienne, marémotrice et géothermique, sur les petits projets hydroélectriques ainsi que sur de nouveaux investissements dans les améliorations énergétiques intensives permettraient de créer beaucoup plus d’emplois partout au Canada que les projets de pipelines, en plus de renforcer notre sécurité énergétique et de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. »

Le Parti vert prône une plus grande responsabilité environnementale pour les promoteurs de projets dans les sables bitumineux et l’instauration d’un moratoire sur tout nouveau projet de mise en valeur des sables bitumineux (c’est-à-dire l’augmentation de la production annuelle). Seul le ralentissement de notre économie surchauffée incitera les promoteurs à construire des raffineries en Alberta. Le principal syndicat de l’énergie à l’œuvre dans la région de l’Athabasca, la Communications, Energy and Paperworkers (CEP) Union, estime que le pipeline Keystone représente l’exportation de plus de 40 000 emplois canadiens. « Les emplois canadiens liés à la valorisation et au raffinage [du pétrole brut] seront littéralement jetés dans le pipeline et donnés aux États-Unis avec l’exportation de 900 000 barils de pétrole brut », a prévenu Dave Coles, président de CEP. « Pendant ce temps, les raffineries canadiennes ferment leurs portes. »

Le pipeline proposé par Keystone devait rejoindre les raffineries situées sur la côte du golfe du Mexique, aux États-Unis. « Nous avons aujourd’hui une belle occasion de concentrer nos efforts sur le renforcement des bases de notre économie énergétique. N’oublions pas que 55 pour cent du pétrole consommé au Canada provient du Venezuela, du Nigeria et d’autres nations membres de l’OPEP. Certaines régions de l’est de l’Ontario n’ont même pas accès au pétrole que notre premier ministre est si enclin à exporter au sud de la frontière pour créer des emplois au Texas. Mais qu’est-ce qui cloche avec tout cela? » a demandé Elizabeth May.