Le projet de loi de May mettrait fin à la vente des ailerons de requins

Elizabeth May, la chef du Parti vert du Canada et députée de Saanich—Gulf Islands, a déposé le premier projet de loi du Parti vert : le projet de loi C‑417, Loi modifiant la Loi sur l’inspection du poisson et la Loi sur l’emballage et l’étiquetage des produits de consommation (importation et étiquetage du requin).

Le premier projet de loi de Mme May est conçu pour mettre fin au commerce des ailerons de requins au Canada. « Ce projet de loi s’ajoutera à d’autres mesures destinées à circonscrire le commerce des ailerons de requins au Canada. Je suis reconnaissante pour le soutien d’autres groupes provenant des quatre coins du pays, qui ont également travaillé sur cette question », a dit May.

Onze États américains interdisent déjà les produits à base d’ailerons de requins. Au Canada, certaines municipalités interdisent ce commerce à différents niveaux – Toronto, Mississauga et Brantford (Ontario) ont adopté des règlements en ce sens, tandis que Port Moody (Colombie-Britannique) planche sur un nouveau règlement municipal.

« À l’heure actuelle, nous ignorons complètement d’où proviennent les produits à base d’ailerons de requins; ce commerce n’est encadré par aucun règlement. Étant donné que l’on ignore la manière dont la grande majorité des requins périssent un peu partout sur la planète, il est impossible de les réglementer. Nous sommes convaincus qu’exiger que le pays de capture soit indiqué sur l’étiquette mettra fin à ce commerce », a dit May.

En 1998, des interdictions ont été mises en place sur l’importation de vésicules biliaires d’ours, d’ivoire d’éléphant et de cornes de rhinocéros. Les verts espèrent élargir la liste de produits interdits de vente pour y faire inscrire les ailerons de requin.

« Le projet de loi proposé, s’il est entièrement mis en œuvre, sera celui qui aura le plus de répercussions sur les lois nationales touchant les ailerons de requins dans l’ensemble du monde occidental », a dit Rob Sinclair, directeur général de WildAid Canada et l’un des instigateurs de la campagne canadienne contre l’enlèvement des ailerons de requins.

Alisa Preston, maître-plongeur professionnelle et instructeur de plongée PADI, représente la communauté de plongeurs locale de Victoria, Colombie-Britannique. Elle a récolté des milliers de signatures dans une pétition pour mettre un terme à l’enlèvement des ailerons de requins. « Je trouve merveilleux de voir nos initiatives se concrétiser et servir de tremplin pour un projet de loi. Nous remercions Elizabeth et le Parti vert d’avoir écouté les préoccupations de la population locale et de prendre la défense des requins. »

En dépit du fait que près du tiers des espèces de requins dans l’océan sont menacés d’extinction, plus de 73 millions de requins sont victimes de braconnage pour leurs ailerons chaque année. Le requin est une espèce indispensable à la chaîne alimentaire et, avec la naissance de seulement un ou deux rejetons par année, elle pourrait avoir du mal à se rétablir d’un déclin de population. Les scientifiques sonnent l’alarme depuis plusieurs années sur le statut précaire des populations de requins, dont certaines ont connu un déclin de 99 %.

L’enlèvement des ailerons de requins est une pratique cruelle et préjudiciable. Les requins affolés se débattent avant de se faire brutalement trancher leurs ailerons puis rejeter à l’eau où, incapables de nager, ils se noient ou meurent de faim. Le commerce des ailerons est très lucratif; ils entrent le plus souvent dans la fabrication de soupes ou d’autres aliments.

« Les ailerons de requins contiennent également des niveaux dangereux de mercure et d’autres métaux lourds. L’interdiction protégerait non seulement les requins, mais également les gens », a dit May.

Le projet de loi C‑417 modifie la Loi sur l’inspection du poisson afin d’exiger que, lorsqu’une personne importe du requin ou des produits de requin, le pays de capture et le nom commun du requin soient communiqués par écrit à l’inspecteur. Il modifie également la Loi sur l’emballage et l’étiquetage des produits de consommation afin d’interdire la vente et l’importation de requin ou de produits de requin, sauf s’ils sont préemballés et étiquetés de manière à indiquer certains renseignements, notamment une déclaration signalant qu’ils peuvent être impropres à la consommation humaine en raison de la contamination par le mercure.