La mine de Baffinland s’étend sans permis et sans surveillance

Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2022-05-09 18:57

Madame la Présidente, c’est un honneur de prendre la parole par vidéoconférence à la Chambre pour parler d’enjeux que j’avais initialement abordés dans une question au sujet de la mine de Baffinland, au Nunavut, à laquelle la même secrétaire parlementaire avait répondu.

Je veux commencer par remercier la députée de Nunavut pour son leadership et ses conseils dans ce dossier. Lorsque j’examine les questions relatives à l’Arctique, c’est-à-dire le Nunavut, les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon, je constate à quel point les Canadiens du Sud ont tout faux et combien il est facile d’ignorer le leadership des Inuits sur les questions qui concernent le Nunavut. Les Canadiens en savent probablement plus sur l’Amazonie que nous n’en savons sur l’Arctique, et il est ironique que les populations urbaines concentrées du Brésil, comme à Rio de Janeiro, soient aussi éloignées de l’Amazonie, et aussi peu susceptibles de s’y rendre un jour, que les Canadiens de Toronto le sont de visiter le Nunavut. Dans les deux cas, il s’agit d’une distance de 3 000 kilomètres, mais je pense que les Canadiens n’ont pas conscience de l’importance de l’Arctique pour le système climatique mondial. De la même manière, l’Amazonie et l’Arctique exercent tous deux une influence majeure sur le climat mondial, tout en étant également des victimes majeures de la crise climatique.

Voici le contexte entourant la question que j’avais posée concernant la mine de la société Baffinland. C’est une mine qui achemine par navire du minerai de fer vers l’Europe, à partir du port de Milne Inlet. Si l’on consulte le site Web de l’entreprise, il est indiqué que c’est une entreprise minière canadienne, toutefois, elle est la propriété d’une société européenne, ArcelorMittal, dont le siège est au Luxembourg, et d’une société du Texas, dont le siège est à Houston. Cette société minière veut maintenant doubler sa production pour la faire grimper à 12 millions de tonnes par année et construire une voie ferrée de 110 kilomètres pour transporter le minerai de la mine jusqu’au port. On parle d’une expansion majeure.
Quand elle a répondu à ma question, la secrétaire parlementaire semblait croire que je m’informais d’avance au sujet de la décision de la Commission du Nunavut chargée de l’examen des répercussions. Ce n’était pas le cas. Ma question visait plutôt à souligner que l’imagerie satellite et le témoignage de chasseurs inuits sur le terrain montrent que la société minière a déjà commencé son expansion, et ce, avant même d’avoir reçu un permis l’autorisant à le faire. Cela soulève de graves problèmes, comme c’est malheureusement souvent le cas pour de tels projets d’un bout à l’autre du Canada.

Qui veille à ce que les conditions dont sont assortis les permis sont effectivement respectées? Que font les chasseurs inuits, en particulier, lorsqu’ils pensent qu’une grande société transnationale décide de précipiter les choses et de ne pas attendre de voir si son projet sera effectivement approuvé? CBC News nous a appris qu’en 2017, la mine Baffinland avait déjà signé des contrats avec des entrepreneurs pour participer à la construction du chemin de fer, et ce, sans attendre les autorisations nécessaires.

Cette société minière qui exploite du minerai de fer a déjà perturbé et contaminé des réserves alimentaires, notamment l’omble chevalier et l’ensemble de la chaîne alimentaire. Les préoccupations sont importantes. En fait, c’est ainsi que j’ai appris l’existence de ce projet. Des manifestants courageux ont organisé un barrage au milieu de l’hiver, dans une région où il n’y avait pas de soleil et où les températures étaient particulièrement glaciales. En février 2021, le barrage organisé par des chasseurs inuits de Pond Inlet et d’Arctic Bay m’a fait me demander ce qui pouvait bien se passer pour que des gens soient prêts à occuper et à bloquer la piste d’atterrissage de Mary River pour manifester contre ce à quoi ils assistaient, soit la contamination et l’accroissement du trafic maritime lié à la phase 2 de ce projet, ce qui menacerait les narvals.

Lorsque nous examinons la situation, plus je me pose la question et plus je suis profondément préoccupée par le fait que les dirigeants inuits…