La compagne menée en 2008 dans Saanich-Gulf Islands a-t-elle servi de projet pilote pour la fraude électorale de 2011?

C’est ce que je pense. C’est également l’avis de la candidate libérale défaite Briony Penn. Vous souvenez-vous de cette élection?

Le candidat conservateur était le député sortant Gary Lunn. Briony Penn était la candidate libérale. Andrew Lewis défendait les Verts, et le candidat du NPD, Julian West, a dû se retirer de la course. Lorsque West s’est retiré, il était trop tard pour que le NPD trouve un nouveau candidat. C’est donc le nom de West qui figurait sur les bulletins de vote.

À l’approche du jour des élections, Penn et Lunn semblaient à égalité. En fait, la plupart des sondages mettaient Briony Penn légèrement en tête. Le NPD ne proposant aucun candidat, seulement 1 % des électeurs avaient indiqué à quelques jours des élections qu’ils comptaient voter pour notre parti.

Puis, la veille des élections, une situation sans précédent s’est produite. Les électeurs qui appuyaient normalement le NPD ont reçu en grand nombre des appels soi-disant du NPD. En fait, le numéro qui s’affichait était le numéro de fax du domicile d’un membre de l’exécutif local du NPD. L’appel ressemblait à un message de propagande pour le parti. ALlez voter! (Il est possible d’entendre un enregistrement de cet appel sur mon site de députée, elizabethmaymp.ca/fr.)

Les appuis pour le NPD sont passés du 1 % prévu dans les premiers sondages à près de 6 %, soit 3,667 votes. Bilan : Gary Lunn a été réélu avec 2 625 voix et Penn a été défaite.

Une enquête a été immédiatement lancée. Le Parti NPD local a nié avoir connaissance de ces appels. En fait, le bénévole local dont le numéro de téléphone s’affichait sur les téléphones se croyait victime d’un vol d’identité. Le NPD, les libéraux et un groupe non partisan, Conservation Voters of B.C., ont tous déposé des plaintes détaillées auprès d’Élections Canada et de la GRC. Dans son article sur la question, le journaliste du Globe and Mail, Lawrence Martin, a interviewé Will Porter de Conservation Voters of B.C. :

« M. Horter, qui a organisé des appels automatisés sur des dossiers écologiques, connaît bien la chose. C’est un procédé onéreux qui suppose une liste cible, une liste d’identifiants des électeurs, un centre d’appel et beaucoup de connaissances. Selon lui, les conservateurs disposent de l’appareil d’identification des électeurs le plus sophistiqué au pays.

M. Giraud, directeur de campagne de Lunn, a été catégorique : « Personne ne m’a demandé de faire de la fraude ». Mais il est concevable que cet appel ait été fait à son insu. Le parti disposait d’une équipe distincte, atil dit, qui se consacrait aux circonscriptions hésitantes. Il est également possible que les conservateurs n’aient pas été la source de ces manipulations. » (Lawrence Martin, « The curious case of Saanich-Gulf Islands », Globe and Mail, 1er mars 2012)

La GRC a dit aux plaignants qu’elle ne pouvait trouver la source des appels automatisés, car ils provenaient des États-Unis. J’estime que les autorités ont laissé tomber. Si elles s’étaient attaquées au problème et avaient découvert l’auteur des appels, la fraude sur grande échelle survenue en 2011 aurait pu être évitée.

Je tiens à dire que je ne crois pas une minute que Gary Lunn ait été impliqué dans cette affaire. J’estime que la personne qui se trouve derrière les appels frauduleux passés en 2008 à Saanich-Gulf Islands cherchait à faire avancer le Parti conservateur et était probablement un participant ou une tête dans la fraude électorale de 2011.

Dans le présent numéro…