Motion d’ajournement (L’environment)

Elizabeth May : Monsieur le Président, permettez-moi d’entamer le débat d’ajournement en revenant sur une question que j’ai déjà posée à maintes reprises. Ce soir, mon intervention porte sur la fois où j’ai posé la question au premier ministre, telle qu’elle se trouve dans le hansard du 2 avril dernier. J’ai aussi posé la question à la ministre de l’Environnement, ce dont je parlerai dans quelques instants.

Je préfère vous avertir, monsieur le Président, vous allez apprendre que, même si mes tentatives d’en apprendre davantage ont échoué à la Chambre, j’ai réussi à obtenir une réponse grâce à un journaliste. J’espère que, dans le cadre du débat d’ajournement de ce soir, nous reprendrons les discussions sur l’objectif du Canada en matière de lutte contre les changements climatiques à la lumière des renseignements supplémentaires que nous a fournis Aaron Wherry, du magazine Maclean’s.

Voici un petit rappel des faits. Le 2 avril, j’ai fait valoir au premier ministre que, malgré le plus récent rapport du GIEC sur la gravité de la crise du climat et le fait que le temps file et que nous atteindrons très prochainement le seuil où le Canada n’aurait plus la capacité de renverser la tendance, il est encore temps d’agir, ce que le GIEC exhorte le Canada et d’autres pays du monde à faire.

Environnement Canada a estimé les progrès qu’aura réalisés le Canada en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020, date fixée pour l’atteinte de la cible à cet égard, qui, je tiens à le rappeler, a été adoptée par le premier ministre lui-même à Copenhague. Selon Environnement Canada, en 2020, nous serons loin, très loin d’avoir atteint cette cible.

J’ai demandé au premier ministre si, compte tenu des renseignements selon lesquels il était impossible que nous atteignions notre cible actuelle, le gouvernement s’engageait encore à respecter l’objectif correspondant à une réduction des émissions de 17 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2020. Le premier ministre a alors parlé des changements climatiques sans toutefois répondre à ma question. Il a déclaré ce qui suit:

[…] comme vous le savez, le gouvernement reste déterminé à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’une façon qui protège les emplois des Canadiens et notre économie.

Toutefois, il n’a rien dit sur la cible de Copenhague et on n’a pas su si le gouvernement ou le premier ministre considéraient qu’ils avaient encore un engagement. Lorsque j’ai posé des questions à la ministre de l’Environnement, j’ai reçu une réponse semblable, n’exprimant aucun engagement ferme d’atteindre la cible adoptée en 2009 par le premier ministre.

Par la suite, c’est le travail d’un journaliste, Aaron Wherry, du magazine Maclean’s qui, intrigué par mes tentatives répétées d’obtenir une réponse, a cherché lui-même à en obtenir une. Il a communiqué avec le bureau de la ministre de l’Environnement pour demander si le gouvernement comptait toujours respecter son engagement. Initialement, il a reçu une réponse évasive, mais, étonnamment, à sa deuxième tentative, il a obtenu une réponse du bureau de la ministre de l’Environnement, disant « Bien sûr que nous comptons remplir notre engagement. » Pour confirmer la réponse, quelques jours plus tard, M. Wherry a communiqué avec le bureau de la ministre de l’Environnement pour demander si le gouvernement avait l’intention de remplir son engagement, en parlant là encore de Copenhague. La réponse a été affirmative.

Maintenant, j’aimerais demander au secrétaire parlementaire quelles mesures sont actuellement prévues, quand elles seront appliquées et quand nous verrons un plan qui permettrait au premier ministre et à son gouvernement de tenir l’engagement qu’ils ont maintenant confirmé publiquement au magazine Maclean’s. Quand verrons-nous un plan pour ramener les émissions à 17 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2020?

Colin Carrie : Monsieur le Président, le gouvernement est déterminé à s’attaquer au problème des changements climatiques et, à cette fin, il prend des mesures concrètes, ici et sur la scène internationale.

Au Canada, le gouvernement applique une approche sectorielle de la réglementation qui a pour point de départ les émissions dans les deux plus grands secteurs émetteurs de l’économie canadienne, soit le transport et l’électricité.

En collaboration avec les États-Unis, le gouvernement a fixé des normes d’émission pour les voitures de tourisme et les camionnettes ainsi que les véhicules lourds. Grâce à ces règlements, on prévoit que, d’ici 2025, les véhicules utilitaires légers produiront 50 % moins d’émissions de gaz à effet de serre que les véhicules de 2008.

Grâce au règlement du gouvernement sur la production d’électricité à partir du charbon, le Canada est devenu le premier grand utilisateur de charbon à interdire la construction de centrales électriques au charbon traditionnelles. Les 21 premières années, le règlement devrait se traduire par une réduction cumulative d’environ 214 mégatonnes des émissions de gaz à effet de serre, ce qui équivaut à retirer 2,6 millions de véhicules par année de la circulation pendant cette période.

De plus, le gouvernement continuera sur sa lancée en collaborant avec les provinces à réduire les émissions des secteurs pétrolier et gazier tout en s’assurant que les entreprises canadiennes demeurent concurrentielles.

Le gouvernement a aussi fait des investissements importants pour faire passer le Canada à une économie axée sur l’énergie propre et nous rapprocher de nos objectifs en matière de changements climatiques.

Depuis 2006, le gouvernement a investi plus de 10 milliards de dollars dans l’infrastructure verte, dans l’efficacité énergétique, dans la mise au point de technologies de production d’énergie propre et dans la production d’énergie et de combustibles moins polluants.

Notre approche donne des résultats.

On estime que, grâce aux efforts conjugués des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, des consommateurs et des entreprises, en 2020, les émissions de gaz à effet de serre seront de 734 mégatonnes, soit environ 130 mégatonnes de moins que ce qui aurait été observé sous les libéraux. Je tiens à apporter cette précision parce que, contrairement aux libéraux, dont la politique sur les changements climatiques consistait à faire de beaux discours à l’étranger et à rester inertes à la maison, nous avons obtenu des résultats tangibles.

Au niveau international, le Canada joue un rôle utile dans les négociations des Nations Unies afin de conclure une nouvelle entente juste et efficace sur les changements climatiques après 2020.

Lors de la plus récente conférence des Nations Unies sur les changements climatiques tenue à Varsovie, le Canada a fait preuve de leadership en aidant à réaliser une percée pour ce qui est d’aider les pays en développement à réduire la déforestation et le dépérissement des forêts, qui représentent près de 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Le Canada assume aussi un rôle de chef de file relativement à plusieurs initiatives internationales menées à l’extérieur du cadre des Nations Unies pour lutter contre les changements climatiques.

Par exemple, le gouvernement prend des mesures concrètes pour lutter contre les polluants de courte durée de vie tels que le carbone noir et le méthane. Il participe activement à la Coalition pour le climat et l’air pur, dont le Canada est un membre fondateur. De plus, le Canada assume la présidence du Conseil de l’Arctique. Compte tenu de la courte durée de vie de ces polluants, leur réduction peut entraîner des avantages plus immédiats pour le climat, en particulier dans le Nord.

Elizabeth May : Monsieur le Président, je ne sais pas s’il faut en rire ou en pleurer. Je pensais que les choses avaient progressé, étant donné les réponses qu’avaient recueillies le journaliste du magazine Maclean’s. Je croyais que nous étions d’accord sur le fait que le gouvernement conservateur s’était engagé à atteindre les cibles de Copenhague.

Le secrétaire parlementaire est un homme charmant et je ne prends rien de tout cela comme une attaque personnelle. Il reste que les notes qu’on lui a remises ne sont que de beaux discours concernant les gaz à effet de serre et n’ont rien à voir avec les cibles de Copenhague.

Le secrétaire parlementaire vient tout juste de confirmer que, d’ici 2020, les émissions du Canada équivaudront à 734 mégatonnes, ce qui est exactement trois mégatonnes sous le niveau enregistré en 2005. Son propre gouvernement et le premier ministre s’étaient engagés à réduire les émissions de 130 mégatonnes sous le niveau des 737 mégatonnes. Autrement dit, trois mégatonnes correspondent à un échec monumental et constituent un reniement pur et simple de tout engagement envers l’atteinte de la cible.

Il nous faut un plan pour atteindre la cible et non des discours creux qui jettent le blâme sur les libéraux.

Colin Carrie : Monsieur le Président, les faits parlent d’eux-mêmes. Les mesures prises par le gouvernement conservateur entraînent une diminution constante de l’intensité des émissions et des émissions par habitant. Ces deux tendances montrent clairement que notre approche sectorielle donne des résultats concrets sur le plan de la réduction des gaz à effet de serre, tout en soutenant la croissance économique.

Nous pouvons comparer cela à l’approche des libéraux. Pour réduire les gaz à effet de serre, les libéraux ont signé l’accord de Kyoto et ils ont baptisé un chien Kyoto. C’est à peu près tout.

Notre approche donne des résultats, et nous continuerons de la favoriser.