Motion d Adjournrment– L`environment

Elizabeth May : Monsieur le Président, j’interviens dans le cadre de ce débat d’ajournement pour revenir sur la question que j’ai posée à la ministre de l’Environnement le 12 mai. Il s’agit d’une des nombreuses questions que j’ai posées à la ministre et au premier ministre dans l’espoir d’obtenir une réponse claire concernant l’engagement du gouvernement conservateur envers la cible fixée dans l’accord de Copenhague, que le premier ministre a lui-même choisie pendant sa participation à la conférence des Nations Unies, en 2009. Il a été présent brièvement vers la fin de la rencontre. Comme le savent tous ceux qui suivent de près les débats sur les changements climatiques, il s’est déroulé, en marge de la rencontre de l’ONU, une rencontre en coulisses regroupant plusieurs dirigeants dont le président des États-Unis, Barack Obama, et le gouvernement chinois. Le Canada n’y était pas, mais quand ces dirigeants sont arrivés à une entente politique non exécutoire, le Canada l’a signée. Le premier ministre a alors choisi d’adopter la cible annoncée par le président Obama. Les pays faisant partie de cette entente purement politique, qui n’est nullement exécutoire, ont tous fixé des cibles différentes. Le Canada a décidé d’adopter la cible fixée par les États-Unis, c’est-à-dire de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 17 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2020.

Il s’agit là de la deuxième réduction des objectifs depuis que le premier ministre actuel est entré en fonction en 2006. La première réduction s’est produite lorsqu’il a annoncé que le Canada ne s’estimait pas tenu de respecter l’objectif établi dans le Protocole de Kyoto, une entente comportant des obligations juridiques. Il a alors choisi un objectif plus modeste, c’est-à-dire une réduction de 20 %, d’ici 2020, par rapport au niveaux de 2006, puis il l’a changé en 2009 pour un autre objectif encore plus modeste, parce qu’il y a eu paradoxalement plus d’émissions de gaz à effet de serre en 2005 qu’en 2006. Il était donc commode d’adopter l’objectif défini par les États-Unis. Notre objectif s’est encore une fois affaibli.

J’essaie de savoir si nous avons à coeur d’atteindre ce modeste objectif parce que, selon Environnement Canada — d’après toutes les mesures prises au Canada par le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux —, tous ces objectifs combinés représentent une réduction de 3 mégatonnes par rapport aux niveaux de 2005 alors que nous avions promis une réduction de 130 mégatonnes par rapport à ces mêmes niveaux.

Je considère qu’il est à la fois pertinent et important de savoir si le gouvernement au pouvoir entend respecter la cible qu’il a lui-même fixée. Je crois qu’elle est encore atteignable. Nous pourrions y arriver, si seulement nous disposions d’un plan. D’un plan économique global. Il faudrait notamment trouver une façon d’établir le prix du carbone. Il faudrait éliminer les subventions aux combustibles fossiles. Bref, il faudrait faire de gros efforts ne serait-ce que pour atteindre une cible pourtant peu élevée, car si rien ne change, on prévoit une réduction de 3 mégatonnes en 2020, puisque les prévisions sont de 734 mégatonnes pour 2020, alors qu’en 2005, elles étaient de 737 mégatonnes. Pourtant, nous sommes censés réduire les émissions de 613 mégatonnes, si on se fie aux chiffres d’Environnement Canada. Personne, d’ailleurs, ne les conteste. Une seule question demeure: où est le plan dont nous avons besoin?

Le gouvernement entend-il toujours respecter la cible qui n’a pas été adoptée par la ministre de l’Environnement ni même par les anciens premiers ministres libéraux, Jean Chrétien ou Paul Martin, mais bien par le premier ministre lui-même, en personne. Le premier ministre a adopté cette cible lors d’une conférence mondiale, et il continue d’agir comme si nous avions fait des progrès, alors qu’en réalité, nous faisons du surplace. J’espère que la réponse qu’on me donnera ce soir sera plus convaincante.

Lois Brown : Monsieur le Président, nous sommes ici, mercredi soir, il est passé nuit, et nous avons une impression de déjà-vu, car nous devons nous répéter, encore.

Le gouvernement tient à atteindre les objectifs du Canada, et notre bilan est éloquent. Nous continuerons à agir selon l’approche sectorielle qui a donné des résultats concrets tout en favorisant la croissance économique. Jusqu’ici, le gouvernement a contribué à réduire les émissions du Canada grâce à une réglementation stricte visant les secteurs du transport et de l’électricité, deux des principales sources d’émissions au Canada.

Je vais prendre un instant pour souligner quelques-unes de nos belles réalisations. Premièrement, le Canada a renforcé sa position de chef de file mondial en matière de production d’énergie propre en devenant le premier grand consommateur de charbon à interdire la construction de centrales thermiques traditionnelles alimentées au charbon. Deuxièmement, les voitures de tourisme et les camions légers de 2025 émettront environ deux fois moins de gaz à effet de serre que les véhicules de 2008. Troisièmement, les véhicules lourds de l’année modèle 2018 émettront moins de gaz à effet de serre que les véhicules actuels dans une proportion pouvant atteindre 23 %.

Je répète: l’ensemble des mesures du gouvernement portent fruit, et grâce à ces mesures, les émissions de carbone diminueront de près de 130 mégatonnes comparativement à ce qu’elles auraient été sous les libéraux. C’est une réduction qui équivaut à l’élimination de 37 centrales électriques alimentées au charbon. Nous atteignons cet objectif sans la taxe sur le carbone du NPD qui ferait grimper tous les prix à la consommation.

Entre 2005 et 2011, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 4,8 %, tandis que l’économie, elle, progressait de 8,4 %. Les émissions par habitant n’ont jamais été aussi basses. En plus de faire notre part avec les Nations Unies, nous participons activement à des forums comme le Conseil de l’Arctique, le Protocole de Montréal et la Coalition pour le climat et l’air pur afin d’élaborer des initiatives pratiques et communes visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre et des polluants de courte durée.

Le Canada a pris de robustes engagements internationaux venant appuyer les efforts d’atténuation et d’adaptation des pays en développement. Le gouvernement conservateur, en partenariat avec d’autres pays développés, a entièrement tenu sa promesse de financement accéléré. Ainsi, 30 milliards de dollars ont été accordés sur une période de trois ans, de 2010 à 2012. En fait, nous avons alloué 33 milliards de dollars, allant ainsi au-delà de ce que nous avions promis. Comme on peut le constater, les chiffres sont éloquents. Le gouvernement s’est engagé à faire la contribution la plus importante de notre histoire aux efforts internationaux de lutte contre les changements climatiques, contribution qui vient appuyer les efforts d’atténuation et d’adaptation dans plus de 60 pays en développement.

Nous demeurons déterminés à travailler avec d’autres pays pour lutter contre les changements climatiques.

Elizabeth May : Monsieur le Président, je suis désolée que ma bonne amie la secrétaire parlementaire doive débattre de cette question après minuit alors que nous avons commencé la journée ensemble à 7 heures du matin.

Bien que tout ce qu’elle a dit est vrai, tout cela ne constitue pas un plan pour atteindre les objectifs de Copenhague. Le règlement sur le charbon entrera seulement en vigueur en 2015 et Environnement Canada en a entièrement tenu compte lorsqu’il a déterminé que nous aurons réduit nos émissions de trois mégatonnes d’ici 2020.

Les chiffres qu’elle a cités sur les niveaux d’émissions de 2005 à 2011 sont eux aussi exacts. Cependant, elle a omis de tenir compte du fait que, selon Environnement Canada, les émissions continueront de croître de 2011 à 2020. Elles vont continuer d’augmenter et non chuter, et atteindront 734 mégatonnes en 2020.

Ce n’est pas de sa faute; tous ces chiffres sont répétés ad nauseam. Il est insensé d’affirmer que les émissions auront diminué de 130 mégatonnes comparativement à ce qu’elles auraient été sous les libéraux; c’est leur façon de justifier le maintien du statu quo en évoquant un futur hypothétique sans tenir compte de ce qui se passe ailleurs, et sans compter les réductions réalisées en Ontario et en Colombie-Britannique. Autrement dit, le statu quo n’a rien à voir avec les cibles de Copenhague, soit une réduction absolue de 17 %. Il nous faut un plan.

Lois Brown : Monsieur le Président, le gouvernement reconnaît que les changements climatiques constituent un défi commun qui requiert la collaboration des provinces et des territoires, des entreprises et de tous les Canadiens. Les gouvernements provinciaux et territoriaux et les autres instances prennent des mesures pour lutter contre les changements climatiques selon leur situation propre. Le gouvernement fédéral appuie les efforts des provinces et des territoires, des entreprises et des consommateurs pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, et toutes les mesures prises aideront le Canada à atteindre ses objectifs en matière de changements climatiques.

Si je puis me le permettre, je dirai que, selon moi, il appartient à chacun de nous, en tant que consommateurs, de commencer à faire des choix différents. Nous réduirons les émissions de gaz à effet de serre à long terme quand nous assumerons la responsabilité de ce que nous utilisons, de ce que nous achetons et de ce que nous consommons. C’est à nous d’agir.