Le Canada devrait rester dans l’OTAN afin de militer pour le désarmement nucléaire

Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2022-06-01 21:45

Madame la Présidente, nous débattons ce soir d’un sujet pour lequel j’ose espérer que nous parviendrons à un consensus. J’admets qu’il est très délicat pour les députés du Parti vert de parler de l’OTAN.

Pour nous, les questions de l’OTAN sont difficiles et compliquées à cause de notre engagement profond pour la paix et les principes de non-violence.

Je suis membre d’un parti mondial. Peu de gens peuvent dire être à la fois député au Parlement du Canada et membre de la famille des Verts mondiaux. Pekka Haavisto, ministre des Affaires étrangères de la Finlande, fait partie des Verts mondiaux et a beaucoup à voir avec le débat de ce soir. Jusqu’en décembre dernier, un de mes amis, Per Bolund, co-dirigeant du Parti vert de la Suède, était vice-premier ministre de ce pays, mais le Parti vert a quitté la coalition gouvernementale pour des motifs dont je n’ai pas besoin de parler ici ce soir.

Nous, les Verts, croyons profondément en la paix et la non-violence, ce qui signifie que je ne suis pas une grande partisane de l’OTAN. Je ne peux pas être plus claire. Les Verts sont généralement contre l’OTAN, car il s’agit d’une organisation militaire. C’est une alliance défensive, mais qui nous pose malgré tout problème à nous, partisans de la non-violence. Il a été important pour nous de savoir que Vladimir Poutine est absolument et sans contredit le seul responsable de l’attaque de la Russie contre l’Ukraine. Nous appuyons l’Ukraine et les Ukrainiens. Nous appuyons toutes les mesures prises par notre gouvernement, mais nous avons malgré tout des réserves.

Que pensent les verts du fait que le Canada est membre de l’OTAN? Dans un monde idéal, à la fin du Pacte de Varsovie, l’OTAN aurait dû également être dissoute. C’est notre opinion. L’implication continue de l’OTAN dans le monde crée des tensions qui auraient probablement été inutiles si, et j’insiste sur ce « si », l’ancienne Union soviétique et les États‑Unis avaient procédé à leur désarmement nucléaire. C’est l’un des principaux thèmes que je veux aborder ce soir. Lorsque Mikhaïl Gorbatchev se faisait le champion de la perestroïka et de la glasnost, il a également décroché son téléphone et appelé l’ancien président des États‑Unis, Ronald Reagan. Il lui a demandé: « Voulez-vous mettre fin aux armes nucléaires? Parce que moi, c’est ce que je veux. » Ronald Reagan a répondu: « Je le veux, moi aussi. » Soit dit en passant, la raison pour laquelle je sais cela, c’est que Mikhaïl Gorbatchev a raconté cette histoire à un petit groupe de gens dans une salle, à Rio de Janeiro, lors du Sommet planète Terre +5. J’y étais parce que je faisais partie d’un comité coprésidé par Mikhaïl Gorbatchev.
Toutefois, dans les années qui ont suivi, les efforts de désarmement nucléaire ont périclité. Je crois que Donald Trump était la marionnette de Vladimir Poutine et que les deux ont décidé, ou du moins que Poutine a décidé: « Ne nous débarrassons pas des armes nucléaires. Ralentissons les pourparlers. Cessons les discussions sur la non-prolifération des armes nucléaires. Cessons de discuter de désarmement nucléaire. » Ainsi, le monde est devenu un endroit moins sûr.

Nous avons affaire à Vladimir Poutine et la guerre tout à fait illégale lancée par la Russie. Je veux dire que les guerres, en général, sont illégales. Il est difficile de savoir quand une guerre est légale à proprement parler, car beaucoup d’entre elles sont fondées sur des mensonges, comme la guerre du Vietnam et la guerre en Irak. On peut inventer des histoires pour légitimer une attaque contre un pays, mais il y a des guerres dont nous savons qu’elles étaient moralement justifiées, comme lorsque les forces alliées ont affronté le fascisme au cours de la Seconde Guerre mondiale. Bon nombre de nos parents, mes parents et ceux de nombreux autres députés ont pris part à cette guerre. Comme vient de le dire le député de Scarborough—Guildwood, ce sont les jeunes qui paient le prix fort de la guerre. Ce sont eux qui meurent. Dans certaines guerres, il est possible de trouver une justification morale. Dans le cas qui nous occupe, il importe vraiment de soutenir l’Ukraine.

Cependant, je m’interroge sur le rôle que le Canada devrait jouer au sein de l’OTAN. C’est une question dont je souhaite faire part à tous mes collègues avant de conclure mon intervention. Je tiens à signaler que j’appuierai la motion qui vise à appuyer les démarches d’adhésion à l’OTAN de la Finlande et de la Suède, car c’est ce qu’elles demandent en ce moment. Comme je l’ai dit, c’est aussi ce que réclament mes collègues du parti vert mondial, les parlementaires verts du monde entier. Nous respectons les décisions que prennent nos collègues des partis verts d’autres pays. Il ne fait aucun doute pour les verts que nous appuyons l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN.