La Commission canadienne du blé (C)

M. Don Davies: Madame la Présidente, je veux apporter une dimension personnelle à ce débat. Mon grand-père, Vincent Varyu, qui est décédé en 1981, a quitté la Hongrie en 1926 pour s’établir dans ce pays. Il est venu en raison d’un plan d’immigration qui encourageait des agriculteurs, européens pour la plupart, à venir au Canada. Il est d’abord arrivé à Halifax. Ensuite, il a pris un train jusqu’à la frontière de la Saskatchewan, puis il a marché pendant 26 miles, accompagné de son frère, pour arriver à un quart de section d’une terre située près de Dewberry, en Alberta, à proximité de la frontière qui sépare la Saskatchewan de l’Alberta. La terre était à lui s’il pouvait la défricher en deux ans. Son frère et lui ont défriché cette terre à la main, en ont obtenu les titres de propriété, et l’ont cultivée à partir de 1926 jusqu’à la retraite de mon grand-père, en 1960.

Toute sa vie, mon grand-père fut un conservateur convaincu, mais c’était également un fervent défenseur de la Commission canadienne du blé. Il m’a expliqué que c’était en raison de la protection qu’elle fournissait aux agriculteurs. Il disait qu’en tant qu’agriculteur, il était conscient de la protection offerte par la commission.

C’est bien beau de dire que les conservateurs représentent les circonscriptions rurales de l’Ouest du Canada, mais je répète que les agriculteurs de cette région ont voté conservateur en croyant qu’ils pourraient voter sur toute tentative d’abolir la Commission canadienne du blé, proposition qui figurait au programme électoral des conservateurs. Durant la campagne, les conservateurs ont-ils dit aux agriculteurs qu’ils aboliraient la Commission canadienne du blé sans faire de referendum sur la question? S’ils l’avaient dit, cela aurait pu modifier la perspective et l’opinion de ces agriculteurs. Bon nombre d’entre eux, tout comme mon grand-père, appuyaient les conservateurs mais ne voulaient pas voir disparaître la Commission canadienne du blé.

Mme Elizabeth May: Madame la Présidente, des agriculteurs me font part de leur opinion sur cette question, parce que nous en avons parlé franchement. Certains me disent qu’ils veulent conserver la Commission du blé, et d’autres me disent le contraire. Certains me disent qu’ils ont voté conservateur en croyant qu’il y aurait un plébiscite sur l’élimination de ce système à guichet unique.

Nous savons par ailleurs que les agriculteurs ont désespérément besoin d’un meilleur réseau ferroviaire et de meilleures routes pour le transport de leurs marchandises. Nous devons considérer l’ensemble des besoins des agriculteurs, et je ne crois pas qu’ils aient besoin du projet de loi C-18.