Déclaration d’engagement

L’objectif des Premières Nations : Un changement fondamental

Au nom de nos frères et sœurs des Premières Nations du Canada et dans un véritable esprit d’engagement en vue d’amorcer le dialogue au sujet des questions autochtones, que lesdites questions soient liées aux traités ou non, la Chef Theresa Spence de la Première Nation d’Attawapiskat et M. Raymond Robinson de Cross Lake (Manitoba) poursuivront leur grève de la faim, en attendant les résultats de la présente déclaration écrite. Nous souhaitons aussi exprimer notre reconnaissance à M. Jean Sock d’Elsipogtog (Nouveau-Brunswick) et à tous les autres jeûneurs pour le profond dévouement et le courage dont elles et ils ont fait preuve afin de protéger et respecter les obligations découlant ou non de traités telles que formulées par écrit, conclues ou interprétées par tous les peuples, avec le gouvernement du Canada, y compris chaque signataire provincial ou territorial.

De plus, nous saluons le sacrifice personnel et le courage spirituel de la Chef Theresa Spence, ainsi que de l’aîné Raymond Robinson et de tous les autres jeûneurs, qui ont clairement illustré le besoin d’un changement fondamental dans la relation entre les Premières Nations et la Couronne. Nous nous engageons sans réserve à entreprendre l’action urgente et coordonnée nécessaire jusqu’à ce que des résultats concrets et tangibles soient obtenus afin de permettre aux Premières Nations de forger leur propre destin.

Par conséquent, nous nous engageons solennellement à déployer tous les efforts politiques, spirituels et autres en vue de l’instauration d’une relation renouvelée entre les Premières Nations et la Couronne, dans le cadre de laquelle nos droits inhérents, issus ou non de traités, seront reconnus, respectés et pleinement mis en œuvre comme ils doivent l’être, et ce dans les cinq prochaines années.

La présente Déclaration a pour objectif, mais sans s’y limiter, de veiller à ce que les engagements pris par le premier ministre du Canada le 11 janvier 2013 soient suivis d’effet et mis en œuvre dès que possible, sous l’impulsion des Premières Nations en tant que priorité de haut rang et dans un climat empreint de transparence et de confiance. En outre, des mesures sont prises immédiatement en vue d’une collaboration réciproque pour répondre aux priorités énumérées ci-dessous :

  1. Une rencontre immédiate entre la Couronne, le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et l’ensemble des Premières Nations afin de discuter de questions en suspens découlant de la relation issue de traités ainsi que des relations qui prévalent dans des domaines non régis par des traités.
  2. Des plans de travail précis comprenant des volets concrets et des échéanciers pour encadrer le respect des engagements, notamment des mesures immédiates en ce qui concerne les objectifs à court, moyen et long terme. Résoudre la crise qui sévit en matière de logement dans nos communautés des Premières Nations est réputé constituer une priorité immédiate à court terme.
  3. Des cadres de travail et des mandats visant la mise en œuvre et l’application des traités entre les parties aux traités dans le cadre d’une relation de nation à nation.
  4. Une réforme et des modifications à la politique sur les revendications globales, fondées sur les droits inhérents des Premières Nations.
  5. Un engagement envers le partage des recettes provenant de l’exploitation des ressources, nécessitant la participation et la coopération des provinces et des territoires qui bénéficient actuellement du développement des ressources sur nos terres traditionnelles.
  6. Un engagement envers une supervision et des mesures collectives accrues afin de garantir la durabilité des terres par l’entremise d’un contrôle soutenu de l’environnement.
  7. Un examen exhaustif et une consultation véritable au sujet des projets de loi C-38 et C-45 afin de garantir leur conformité avec l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982.
  8. Toute loi fédérale ayant une incidence ou des répercussions sur les droits inhérents et issus de traités doit faire l’objet d’un consentement préalable, libre et éclairé des Premières Nations.
  9. Une relation financière redéfinie entre les Premières Nations et le Canada qui soit équitable et durable, et comprenne une indexation ainsi que la suppression des plafonds arbitraires de financement.
  10. Une commission nationale publique d’enquête sur la violence à l’encontre des femmes autochtones de tous âges.
  11. L’équité dans la construction d’écoles des Premières Nations, notamment la parité avec les formules de financement provinciales, ainsi que des fonds additionnels de soutien aux langues des Premières Nations.
  12. Un changement dans le fonctionnement du gouvernement afin d’inclure une supervision directe ainsi qu’un comité spécial du Cabinet et un secrétariat relevant du Bureau du Conseil privé à qui incomberont notamment la mise en œuvre de la relation entre les Premières Nations et la Couronne.
  13. La mise en œuvre intégrale de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones – DNUDPA.

 

Tel qu’exprimé au fil des jours par la Chef Theresa Spence, « nos droits issus de traités continuent d’être violés et ignorés ». L’aîné Raymond Robinson soutient quant à lui que « les traités ont été conclus de nation à nation et nous devons nous efforcer de rétablir l’équilibre qui nous permet de cheminer et de travailler ensemble, conformément au but original des traités ». Pendant trop longtemps, un statut équitable au sein de la société canadienne nous a été refusé. Notre heure est venue et plus jamais nous ne serons réduits au silence et à la passivité. Nous continuerons d’exprimer notre soif de vérité, de justice et d’équité pour tous nos frères et sœurs des Premières Nations.