En fin de semaine dernière, le magazine britannique Naturepubliait un article illustrant en détail, pour la première fois, la découverte d’un trou dans la couche d’ozone tout près du pôle Nord. Cette couche de première importance au sein de l’atmosphère terrestre protège la Terre des rayons ultraviolets, et la découverte récente de cet immense trou est extrêmement préoccupante. Bien que les déclins saisonniers des concentrations globales de la couche d’ozone stratosphérique soient un phénomène naturel, il n’en demeure pas moins que c’est la première fois que les scientifiques observent un tel degré d’appauvrissement de la couche d’ozone dans l’Arctique.
Cette découverte aurait été impossible sans les relevés atmosphériques effectués par le programme Ozonesonde d’Environnement Canada, dont le seul et unique gestionnaire a récemment reçu une lettre lui annonçant que son poste pourrait être éliminé, tout comme celui de quelque 800 autres scientifiques du Ministère. Ces coupures sauvages annoncées récemment par le gouvernement Harper amputeront de plein fouet la capacité d’Environnement Canada à surveiller les niveaux de l’ozone dans l’Arctique – des données essentielles dont dépendent les scientifiques du monde entier. Ces compressions récentes s’inscrivent dans la continuité d’une tendance à long terme amorcée en 2007 par le gouvernement Harper, lorsqu’il a décidé de s’en prendre aux scientifiques canadiens en ordonnant à tous les scientifiques fédéraux chargés de recherche de demander la permission du gouvernement avant de s’adresser aux médias.
« Bien que le ministre de l’Environnement insiste pour dire que son gouvernement ne cherche pas à bâillonner ses scientifiques, les 776 “lettres de modification” envoyées au personnel d’Environnement Canada jettent un doute sur leur maintien en poste, en plus des consignes du silence, forment un nuage inquiétant au-dessus de la science publique », a dit la chef du Parti vert du Canada Elizabeth May. « Si le gouvernement a un tant soit peu de respect pour le travail de ses scientifiques, comme l’a affirmé le ministre à maintes reprises aujourd’hui pendant la période des questions, alors il ne menacerait pas d’éliminer leurs postes ou de mettre fin au travail important qu’ils accomplissent. »
Les auteurs du rapport attribuent le trou géant dans la couche d’ozone de l’Arctique à des périodes de refroidissement inhabituellement longues dans la basse stratosphère, un phénomène dont les causes sont encore mal comprises. Pourtant, étant donné les perturbations et l’instabilité climatiques mondiales observées récemment, amplifiées par les interventions anthropiques incessantes sur le système climatique, ce phénomène observé récemment s’inscrit dans cette tendance.
Cette découverte démontre également que les impacts d’un climat changeant ne sont pas encore suffisamment bien compris, et que l’émergence d’un trou géant dans la couche d’ozone de l’Arctique nécessite des études plus poussées. Pourtant, cette découverte de premier plan a été faite précisément au moment où Environnement Canada s’apprête à perdre une part importante de sa capacité à recueillir et à traiter des données sur le climat et l’atmosphère du Canada. Le Parti vert du Canada demande au gouvernement de reconnaître le rôle fondamental des travaux réalisés par les scientifiques d’Environnement Canada et d’annuler immédiatement les 776 lettres de modification envoyées aux membres du personnel.