Elizabeth May : Monsieur le Président, je pense vraiment qu’il y a une autre raison au-delà du financement du Parti conservateur et c’est que, sous le gouvernement actuel, nous observons une tendance: plus une mesure législative est courte, plus la campagne de relations publiques qui l’accompagne est de grande envergure. Des projets de loi monstre, comme les projets de loi de 440 pages modifiant 70 lois, sont glissés sous le radar, sans être annoncés dans un communiqué.
Celui-ci, qui se veut une mesure législative concernant l’éradication des drogues dans les prisons, comme elle dit, mettrait en relief une pratique normale et porte un titre ronflant. Je dirais que c’est à la fois pour attirer les dons et se faire du capital politique en vue des futures élections. Un projet de loi très court qui apportait une modification à un paragraphe du Code criminel a été intitulé « Loi sur la protection des personnes âgées du Canada ». Il n’a rien fait de tel.
Si nous voulons éradiquer les drogues dans les prisons, ce n’est pas avec cette mesure législative que nous y parviendrons. Je demande donc à ma collègue ce que nous devrions faire si nous voulons vraiment éradiquer les drogues dans les prisons.
Megan Leslie : Monsieur le Président, je suis d’accord avec la totalité du préambule de la députée. Nous sommes saisis d’un projet de loi sur la cyberintimidation qui parle de regroupement des services de câble. Pour une raison ou pour une autre, je ne pense pas que Rogers fasse partie du milieu de la revanche du porno.
Quelle est la véritable solution, selon moi?
J’aurais voulu parler du Réseau pour une justice éclairée au Canada, mais il ne me restait malheureusement plus de temps. Le réseau s’inscrit dans un mouvement qui préconise une nouvelle manière d’aborder les questions de justice pénale, dans le but de résoudre les problèmes de criminalité au lieu de punir tout simplement les criminels. Il tente de tenir compte des liens étroits qui existent entre la criminalité et la santé mentale, la toxicomanie, l’emploi, l’éducation, le logement et l’inclusion sociale. Les partisans de la justice éclairée soulignent que réorienter la lutte contre la criminalité en donnant une place importante au traitement, à la formation et au soutien à la réinsertion réduirait le risque de récidive, sans interventions coûteuses ou néfastes.
Le Réseau pour une justice éclairée prend de l’ampleur. Il a des représentants à Ottawa, à Halifax — que j’ai d’ailleurs rencontrés — et à Vancouver. Il commence à prendre de l’expansion et à diffuser son message au Canada. Il collabore avec des experts du domaine qui travaillent dans le système de justice pénale depuis des décennies. Le réseau commence à parler du besoin de se détourner complètement du modèle actuel de crime et de châtiment pour adopter un système qui, à long terme, réduirait la criminalité. À ma connaissance, c’est le seul moyen d’y arriver.