Elizabeth May, la chef du Parti vert du Canada et députée de Saanich‑Gulf Islands, s’envolera pour Durban, Afrique du Sud, dans l’espoir de faire une différence dans la position du Canada sur le Protocole de Kyoto ou, à tout le moins, de limiter les dommages. « D’autres pays ont déjà pris des annonces pleine page dans des quotidiens décriant notre position sur Kyoto. C’est terriblement gênant pour le Canada sur la scène internationale et à défaut de renverser la vapeur, nous serons jugés très sévèrement à l’avenir », a dénoncé May.
Le président de la Chambre a rejeté la motion de May pour la tenue d’un débat urgent sur la position de négociation du Canada à la Conférence de Durban. Une fuite dans les médias venait de révéler que malgré sa participation aux négociations, le gouvernement Harper prévoyait se retirer de Kyoto quelques jours avant Noël.
« Le Parlement n’a jamais eu l’occasion de discuter de la position de négociation du Canada. Les députés de l’opposition ne seront pas invités à se joindre à la délégation canadienne officielle pour la CdP 17. Personnellement, j’y vais en qualité de membre de la délégation des Verts mondiaux, à mes propres frais. Je suis triste de ne pas représenter officiellement mon pays, mais je suis déterminée à faire de mon mieux », a dit May.
Les scientifiques ont prévenu qu’il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre pour contrecarrer une hausse de la température moyenne mondiale de plus de 2 °C si nous voulons éviter que la planète subisse les pires impacts d’un climat changeant. Le Protocole de Kyoto, signé par 191 nations, devait être la première étape de ce processus. La majorité des pays industrialisés ont atteint ou excédé la cible fixée aux termes de Kyoto. L’Union européenne fut la première à surpasser sa cible. Le Japon a réduit ses émissions en dessous des niveaux de 1990, même s’il n’a pas atteint sa cible. Le Canada est le seul pays ayant ratifié Kyoto à avoir répudié ses engagements juridiquement contraignants. Le Protocole de Kyoto n’est pas seulement un ensemble de cibles à atteindre; il comprend une série d’accords très précis pour couvrir la surveillance, la reddition de comptes, les crédits, l’adaptation et d’autres mécanismes qui sont le fruit de plusieurs années de négociations.
« Kyoto est notre meilleure chance de réduire les émissions de gaz à effet de serre partout à l’échelle planétaire. Nous n’avons pas le temps d’élaborer un nouveau mécanisme avec autant de détail et de rigueur que le cadre de Kyoto. Nous risquons de courir pour tenter de rattraper le coup, pour adhérer de nouveau à un accord qui risque de désavantager notre économie parce que nous aurons été absents lors de la négociation de l’accord », a prévenu May.
Le président du Parti vert, John Streiker, accompagnera May à Durban. « Il est essentiel de faire les bons choix dès aujourd’hui pour assurer notre avenir à long terme, afin de transposer notre économie sur des bases énergétiques durables. En tant que résidant du nord du pays, je suis à même de constater directement les impacts des changements climatiques, mais je sais qu’il n’est pas trop tard pour renverser la vapeur et je suis convaincu que les nations sauront se serrer les coudes pour réaliser les réductions de gaz à effet de serre qui s’imposent. Il reste à savoir si le Canada fera partie du problème ou de la solution », a dit Streiker.
May et Streiker assisteront à la 17e Conférence des Parties (CdP 17) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et à la 7e Réunion des Parties (RdP 7) au Protocole de Kyoto à titre d’observateurs du dimanche 4 décembre jusqu’à la conclusion de la Conférence, soit le vendredi 9 décembre.