Elizabeth May réagit aux excuses aux Italo-Canadiens internés pendant la 2ème guerre mondiale

Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2021-05-27 10:40 [p.7462]

Monsieur le Président, je remercie tous mes collègues de me donner l’honneur de partager les sentiments des chefs des autres partis en présentant ces importantes excuses historiques aux Italiens qui ont été internés et à toute la communauté italo-canadienne qui a été touchée par cette injustice.

Évidemment, il n’est jamais trop tard pour présenter des excuses. Je remercie mes collègues, le premier ministre, le chef de l’opposition et le chef du Nouveau Parti démocratique.

J’ai été particulièrement touchée par ce que notre collègue de Laurentides—Labelle a dit dans son discours. Elle soulignait à quel point la situation a bouleversé la vie des mères et des enfants laissés derrière, en plus de parler des enfants canadiens qui sont morts de malnutrition pendant que leur père était emprisonné injustement pendant des années. Tout cela pendant une guerre à laquelle le père n’a pas pris part, et qui ne représentait donc aucune menace pour le Canada.

Ces excuses ont tardé à venir pour les nombreuses personnes directement touchées, mais qui ne sont plus parmi nous. Leurs enfants et leurs petits-enfants attendent depuis longtemps ces excuses.

Le chef de l’opposition officielle a souligné qu’en 1990, l’ancien premier ministre, Brian Mulroney, avait offert des excuses complètes. Cependant, comme on l’a mentionné, elles ne suffisaient pas, n’ayant pas été présentées à la Chambre des communes. Il s’agissait sans aucun doute d’excuses complètes, mais elles n’avaient pas le caractère officiel des excuses d’aujourd’hui.

Un autre ancien premier ministre avait tenté de corriger le tir. En 2005, l’ancien premier ministre Paul Martin avait présenté un plan pour offrir des excuses. Des fonds avaient été réservés pour réparer les torts causés aux Canadiens d’origine italienne et souligner leurs contributions. Cependant, des élections ont été déclenchées. Ces excuses particulières et les fonds n’ont jamais été offerts aux personnes concernées, c’est-à-dire la communauté italienne au Canada, qui a été maltraitée injustement au cours de la Deuxième Guerre mondiale.

Enfin, Massimo Pacetti, ancien député de Saint-Léonard–Saint-Michel, avait présenté un projet de loi d’initiative parlementaire, en 2009, afin que des excuses soient enfin présentées dans cette enceinte.

Aujourd’hui, le premier ministre a présenté des excuses en bonne et due forme à l’intention des Canadiens d’origine italienne, tout particulièrement les personnes qui ont été emprisonnées, leurs enfants et leurs petits-enfants. Je l’en remercie. Il s’agit d’excuses appropriées à l’intention de toutes les personnes victimes de ce grave préjudice.

On supposait que les Italo-Canadiens étaient des fascistes. Il ne fait aucun doute que ce n’était pas le cas. Des gens ont été arrêtés, enlevés à leur famille, qui ne les a pas revus pendant des années.

Dans la presse quotidienne, certains historiens se demandent maintenant si nous devrions faire attention de ne pas trop nous excuser. Je rejette cette suggestion parce que, si les gens ont défendu des idées, si le gouvernement était convaincu à un moment donné qu’une ou deux personnes faisaient peut-être partie d’organisations fascistes, alors ces personnes n’ont pas eu droit à l’application régulière de la loi. Elles ont été jetées en prison, sans même avoir le droit de voir leur famille. C’était une erreur.

La plupart des personnes arrêtées, d’après les dossiers historiques que j’ai trouvés, n’avaient absolument rien à voir avec un quelconque mouvement politique. Il s’agissait de loyaux Canadiens, et nos excuses doivent donc être complètes. Qu’il soit bien clair que les gens de l’époque, les Canadiens et le premier ministre qui a pris cette décision, ont fait une erreur, tout comme nous avons fait une erreur lorsque nous avons décidé d’interner des milliers de Canadiens d’origine japonaise et lorsque nous avons décidé que les Canadiens de la communauté LGBTQ ne pouvaient pas occuper un emploi au gouvernement. De nombreuses excuses ont été présentées à la Chambre.

Beaucoup d’excuses ont été présentées dans cette enceinte, mais cela n’enlève rien à l’importance de celles qui ont été présentées aux familles de Salvatore Vistarchi et de Nicola Doganieri, dont le petit-fils a gravi les échelons dans la GRC sans savoir que son grand-père avait déjà été interné.

Il y a aussi l’histoire très touchante de Guido Nincheri, l’un des plus grands artistes du Canada. Si nous fouillons dans les archives de sa vie au moyen de notre source d’information universelle de nos jours, à savoir Wikipédia, son internement n’est pas mentionné parce que ses réalisations en tant qu’artiste étaient extraordinaires. Peu de gens savent que sa famille a dû se battre pour le faire sortir de prison à cause des suppositions erronées faites au sujet de ses convictions politiques.

Ce que nous avons en tête, ce que nous pensons et ce qui nous tient à cœur ne nous criminalise pas, du moins pas depuis la Charte des droits et libertés.
Je souligne avec gratitude que notre Président est le premier Italo-Canadien à occuper ce poste. Je signale aussi que le ministre de la Justice, que je ne nommerai pas, est un autre fier Italo-Canadien.

Je remercie tous les députés qui ont permis que ces excuses soient des excuses complètes. Je remercie le chef de l’opposition, le chef du Nouveau Parti démocratique et le Bloc québécois d’avoir dit très clairement que nous apprécions tous ce que la communauté italo-canadienne fait pour notre pays au quotidien et que nous nous excusons du fond du cœur, autant que faire se peut en 2021, pour les torts causés en 1940.