Elizabeth May répond au discours du président Zelesnkyy au Parlement canadien

Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2022-03-21 20:06

Merci, monsieur le président Zelenski. C’est tout un honneur pour moi de prendre la parole en ce moment extraordinaire et historique. Je veux aussi dire à tous mes chers collègues ici que nous sommes unis.

Le Parti vert du Canada fait partie d’une grande famille verte éparpillée partout dans le monde, dans 80 pays. Il y a quelques jours, j’ai reçu cette lettre envoyée par le président du parti vert de l’ Ukraine, Vitali Kononov:

Il écrit: « Chers amis verts! Nous vous écrivons depuis un abri anti-bombes, chez nous, en Ukraine, qui fait l’objet d’une attaque sans merci et de bombardements de la part des forces russes depuis le jour fatidique du 24 février 2022. Des frappes aveugles sont lancées contre les Ukrainiens. Des villes entièrement ravagées font partie des dommages collatéraux. De nombreuses infrastructures civiles et sociales qui ne revêtent aucune importance sur le plan militaire sont détruites, et des milliers de civils ont été tués ou blessés. Des millions de personnes s’enfuient de chez elles. L’armée ukrainienne et des volontaires de la défense civile ont pris les armes et se battent pour la survie de l’ Ukraine et, dans une large mesure, ils réussissent.

Cependant, les missiles et les bombardements aériens causent les pires dommages. Nous sommes désemparés. Nous ne sommes pas armés pour contrer les attaques aériennes. Nous vous appelons à l’aide. S’il vous plaît, exhortez vos gouvernements à protéger notre espace aérien en établissant une zone d’exclusion aérienne. Dans l’intérêt de la paix et de la sécurité mondiales, de la démocratie et de la résolution pacifique des conflits, et pour un ordre mondial fondé sur des règles, veuillez aider l’ Ukraine! »

C’est avec le cœur lourd que j’ai écrit à notre estimé collègue en Ukraine que tous les verts du monde entier sont arrivés à la même conclusion, soit que l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne risquerait de mener à une guerre plus étendue, voire à une guerre nucléaire. Nous savons que, à défaut d’être satisfaisants, ces arguments sont convaincants. Nous devons utiliser tous les moyens à notre disposition, mais je crains que ceux dont nous disposons ne conviennent pas à la tâche. Monsieur le président Zelenski, nous ne voulons pas vous laisser tomber. Nous craignons de vous décevoir inévitablement, mais nous chercherons tous les moyens que nous pourrons trouver, et si aucun n’est adéquat, grand Dieu, nous en inventerons.

En 1956, pendant la crise du canal de Suez, un Canadien, Lester B. Pearson, qui n’était pas encore premier ministre à l’époque, a inventé les soldats de la paix des Nations unies. Le Canada n’a peut-être pas beaucoup de poids comparativement aux superpuissances qu’il côtoie sur le vaste échiquier géopolitique, mais les Canadiens sont des gens fiers qui ont parfois de bonnes idées. Nous devons maintenant inventer un moyen efficace de mettre fin à la guerre, d’arrêter le président Poutine et de sauver l’ Ukraine. Nous devons mettre à contribution toutes les idées et tous nos efforts. Nous ne devons pas baisser les bras une seule seconde.

Nous avons déjà connu des guerres illégales. J’ai vécu assez longtemps pour connaître de nombreuses guerres illégales basées sur des mensonges, comme au Vietnam, en Afghanistan et en Irak, où trop de vies innocentes ont été perdues, mais, plus jamais, pas un enfant ukrainien de plus. Mon Dieu, faites cesser les bombardements. Faites qu’un cessez-le-feu intervienne. Faites que Vladimir Poutine accepte de négocier pour retrouver la paix.

Comment mettre fin aux mensonges? En préconisant la vérité, et cette vérité se trouve dans le courage du peuple ukrainien. La vérité se trouve dans le courage et dans la réalité inattendue que vous représentez, monsieur le président. Vous êtes un démocrate intègre, un être humain, un mensch, un homme dont le courage moral inspire le monde entier.

Nous ne devons pas vous abandonner parce que Dieu sait que vous ne nous abandonnerez pas. Nous devons en faire davantage. Nous le savons. Vous êtes, comme notre premier ministre vient de le dire, un champion de la démocratie. Puissions-nous être dignes de nous tenir à vos côtés. Puissions-nous trouver des moyens concrets de vous épauler.

Mon Dieu, que personne d’autre ne trouve la mort. Que plus aucune mère russe ne pleure la perte de son fils au profit d’une guerre immorale et illégale. Je félicite ces braves Russes qui ont risqué la prison simplement pour être descendus dans la rue pour dire: « Cessez les bombardements. À bas la guerre. »

Je terminerai en disant ceci: monsieur le président Zelenski, ce que je souhaite et ce pour quoi je prie — et je prie sans cesse pour vous et pour l’ Ukraine — c’est que vous puissiez venir ici en personne, que nous vous invitions et que vous vous teniez parmi nous en tant que président d’un pays en paix, une Ukraine libre, démocratique et victorieuse.

Je souhaite vous voir venir ici en espérant qu’à vos yeux, nous resterons dignes d’être considérés comme vos amis.