Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2020-09-28 20:45 [p.218]
Monsieur le Président, c’est un honneur pour moi de prendre la parole pendant le débat d’ajournement afin de revenir sur une question que j’ai posée pas plus tard que la semaine dernière à la ministre des Pêches.
La réponse de la ministre était loin d’être adéquate, mais je ne m’attendais pas à ressentir la rage qui me saisit en ce moment quand je reviens sur le sujet. La question que j’ai posée la semaine dernière à la ministre visait à savoir si celle-ci était disposée à donner suite à la recommandation 19 de la Commission Cohen et à retirer les usines à poissons toxiques près des îles Discovery.
J’ai une impression de déjà vu. Comme d’autres au pays, je me souviens de l’effondrement des stocks de morue. J’ai vécu dans les Maritimes. Je me rappelle lorsque les grandes entreprises exploitant des chalutiers en haute mer ont déclaré le moratoire parce que les stocks de morue avaient été décimés.
En 1998, dans son ouvrage intitulé Lament for an Ocean, Michael Harris a écrit l’horrible histoire et les menus détails de la corruption scientifique au sein du ministère des Pêches et des Océans. J’ai lu le livre et, au dos, on peut lire ma critique, dans laquelle je dis que, après avoir lu ce livre, je ne ferais même pas confiance au ministère des Pêches et des Océans pour s’occuper de mon aquarium.
Je ne savais pas qu’il était possible pour moi de ressentir de nouveau tant de colère. Je pensais que le ministère des Pêches et des Océans avait commencé à comprendre la notion de durabilité. Toutefois, en 2009, le gouvernement précédent, dirigé par Stephen Harper, a mis en place la Commission Cohen, qui a coûté 25 millions de dollars, pour se pencher sur l’effondrement des montaisons quand, à cette époque, seulement un million et demi de saumons avaient remonté le fleuve Fraser, au lieu des cinq millions qu’on prévoyait. Or, cette année, seuls 270 000 saumons ont remonté le fleuve, ce qui est un creux historique.
Les Premières Nations en amont et en aval du fleuve Fraser, et le long de la côte, affirment qu’il y a un effondrement des stocks de saumon du Pacifique. La situation est catastrophique. Le comité des pêches et des océans était en train d’examiner cet enjeu précis quand la prorogation a mis fin à son travail.
Quand j’ai demandé à la ministre si elle était prête à agir d’ici le 30 septembre, c’est-à-dire la date limite, elle a affirmé que plusieurs mesures étaient en cours. Je ne savais pas que ces mesures seraient des inventions du ministère des Pêches et des Océans. Encore une fois, le ministère des Pêches et des Océans maquille ses données scientifiques. Comment? Il a affirmé aujourd’hui que les élevages de poisson en enclos ouverts des îles Discovery présentent un risque minime et qu’il n’est donc pas nécessaire de fermer ces endroits toxiques. La ministre a lancé des consultations avec certaines des Premières Nations concernées, mais pas toutes bien sûr.
Comment est-il possible que le ministère des Pêches et des Océans affirme une chose semblable? En mars dernier, il a pratiquement donné aux piscicultures de saumon la permission de fermer l’œil sur le problème des poux de mer. Par conséquent, selon trois études universitaires, 99 % des jeunes saumons rouges qui empruntent la route migratoire de l’île Discovery en ont été infectés à des degrés qui, nous le savons, réduiront leurs chances de survie.
Comment se fait-il que le ministère des Pêches et Océans affirme maintenant que le risque est faible? Comme l’a dit la biologiste de la vie marine Alexandra Morton, le ministère n’a pas évalué les répercussions de la présence des poux de mer, qui constituent pourtant le danger le plus visible. Si nous effectuons une étude pour voir si une activité nuit au saumon, éliminons la première cause de maladie et le danger qui menace les populations de saumon sauvage: les poux de mer de plus en plus présents. Il y a une raison pour laquelle ces entreprises, ces piscicultures norvégiennes, s’établissent dans nos eaux. C’est parce qu’en Norvège, on est en train de passer à l’élevage en parc clos.
Le gouvernement libéral a promis dans son programme électoral de mettre fin à la pisciculture en enclos ouverts. Quand tiendra-t-il sa promesse?
Terry Beech (Burnaby North—Seymour)
2020-09-28 20:53 [p.219]
Madame la Présidente, quand j’ai été nommé secrétaire parlementaire en 2017, j’ai lu le rapport de la Commission Cohen d’un bout à l’autre. Je suis devenu député pour améliorer les perspectives des générations futures. La question du saumon sauvage m’est tout de suite apparue comme offrant une occasion d’apporter une contribution importante aux yeux de nombreux habitants de la Colombie-Britannique. J’ai passé du temps avec des gardiens de cours d’eau, des Premières Nations, des pêcheurs et des organismes sans but lucratif afin de me familiariser davantage avec les répercussions possibles des fermes piscicoles sur le saumon sauvage.
Je suis heureux d’avoir été le secrétaire parlementaire qui a travaillé à l’adoption par la Chambre des cinq grands projets de loi environnementaux au cours de la législature précédente. Cela comprend les modifications apportées à la Loi sur les pêches pour rétablir des mesures de protection du poisson et de l’habitat du poisson et créer de nouvelles mesures modernes. J’ai défendu le Programme de mise en valeur des salmonidés et plaidé en faveur d’une augmentation des fonds consacrés à la remise en état des écosystèmes dans le cadre de programmes tels que le Plan de protection des océans et, plus récemment, le fonds pour le saumon de la Colombie-Britannique de 142 millions de dollars.
Après avoir brièvement travaillé pour le compte des Transports, j’ai repris mon poste actuel à un moment où le Canada se trouve confronté à une crise du saumon d’ampleur historique. J’ai passé mes premiers jours dans ce dossier sur le territoire des Premières Nations et sur le site du glissement de terrain de Big Bar. Cette catastrophe naturelle dévastatrice a mis le saumon sauvage encore plus en péril et le gouvernement a effectué tous les investissements possibles pour atténuer les effets de celle-ci. Je le mentionne parce que je veux que la députée et tous mes collègues à la Chambre, ainsi que les Britanno-Colombiens qui regardent nos délibérations à la maison, comprennent que le saumon sauvage du Pacifique est une priorité absolue du gouvernement.
Lors de la dernière campagne électorale, nous avons promis d’assurer la transition pour mettre fin à l’aquaculture en cages en filet des poissons à nageoires sur la côte de la Colombie-Britannique, et la ministre est déterminée à remplir cette promesse. Elle a pris des mesures en ce sens, notamment en annonçant aujourd’hui notre engagement à mettre en œuvre une approche de gestion de l’aquaculture par zone, en commençant par les îles Discovery. Je sais que la députée et d’autres Britanno-Colombiens espéraient que l’annonce d’aujourd’hui comprenne le retrait immédiat des cages en filet aux îles Discovery. Bien que cela soit tout à fait du ressort de la ministre, il y a un certain nombre de facteurs importants qui n’ont pas été immédiatement considérés lorsque la recommandation a été présentée par le juge Cohen, le plus important étant l’engagement du gouvernement à l’égard de la réconciliation avec les Premières Nations et de la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.
Les communautés des Premières Nations ont souligné, à juste titre, l’urgence de donner suite aux recommandations du juge Cohen, mais ils ont également dit très clairement qu’ils ne peuvent pas accepter de décisions unilatérales concernant ce qui se passe sur leur territoire. C’est l’occasion de travailler avec l’ensemble des nations autochtones et des intervenants concernés afin de bâtir un avenir meilleur pour tous, et c’est exactement ce que fait le gouvernement.
Dans la recommandation, pour déterminer le risque posé par les fermes piscicoles, le ministère des Pêches et des Océans a créé un cadre d’évaluation scientifique officiel et a mené neuf évaluations des risques révisées par des pairs selon des critères scientifiques sur des agents pathogènes connus pour provoquer des maladies. Je veux être très précis à ce sujet. Nous sommes un gouvernement qui prend la science au sérieux et il est important que les personnes qui écoutent ou lisent mon discours comprennent tout ce que je vais dire. Dans chacune des neuf évaluations des risques, le ministère a constaté que chaque agent pathogène individuel posait un risque minimal pour l’abondance et la diversité du saumon sockeye sauvage du fleuve Fraser. Les évaluations n’incluent pas d’analyse supplémentaire du risque cumulé que présentent les neuf agents pathogènes, que ce soit indépendamment ou en conjonction avec d’autres facteurs de risque cumulatifs pour le saumon sauvage, notamment les poux du poisson, les changements climatiques et la surpêche.
Nous continuons à faire fond sur notre savoir scientifique et sur notre compréhension du milieu marin, y compris notre gestion de l’aquaculture. Bien qu’il n’y ait toujours pas de preuve directe que je peux pointer du doigt aujourd’hui, je peux dire que le gouvernement est déterminé à adopter une approche de précaution et à procéder à une transition responsable de la pisciculture en cages en filet sur la côte Ouest de la Colombie-Britannique.
Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2020-09-28 20:55 [p.219]
Madame la Présidente, le comble serait sans doute d’invoquer la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones pour empêcher la ministre de faire exactement ce que les Premières Nations de la Colombie-Britannique l’exhortent à faire, soit agir.
La chef Judy Wilson, de l’Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique, a déclaré ceci: « Quand un ministère échoue aussi lamentablement que celui des Pêches et des Océans, il est temps que le gouvernement fédéral déclare qu’une réforme est nécessaire, car le système ne fonctionne pas. »
En clair, les neufs agents pathogènes qu’a étudiés le ministère pour déterminer que le risque était minime ne comprenaient pas le pou du poisson. Je trouve regrettable que le secrétaire parlementaire soit prêt à dire qu’il s’agit d’une priorité absolue pour son gouvernement. Je me demande ce qui pourrait être pire. Je présume qu’il faut creuser plus de tombes pour les Canadiens, étant donné que la COVID-19 est notre priorité absolue. Si le saumon du Pacifique est une priorité absolue et que les libéraux continuent à laisser le pou du poisson contaminer les populations de saumons sauvages, alors ils ignorent ce qu’est une priorité.
Terry Beech (Burnaby North—Seymour)
2020-09-28 20:55 [p.220]
Madame la Présidente, la protection et la reconstitution des stocks de saumons sauvages du Pacifique font partie des priorités absolues du gouvernement. C’est pourquoi nous avons agi énergiquement et rapidement afin de faire adopter des lois environnementales, y compris la Loi sur les pêches, et que nous avons proposé de protéger 25 % des habitats marins d’ici 2025. C’est aussi pourquoi le gouvernement a investi des centaines de millions de dollars dans la restauration des habitats et des programmes innovateurs comme le Fonds de restauration et d’innovation pour le saumon de la Colombie-Britannique, qui est doté de 142 millions de dollars. Le gouvernement s’engage également à abandonner progressivement la pisciculture avec parcs en filet en Colombie-Britannique et il progresse de manière responsable dans ce dossier.
Notre approche doit comprendre de véritables consultations avec les Premières Nations et les collectivités locales et, préférablement, être cohérente avec celle du gouvernement de la Colombie-Britannique. À l’avenir, l’aquaculture en parc clos en Colombie-Britannique devra être propre et durable, et accorder la priorité à la santé et l’abondance du saumon sauvage du Pacifique ainsi qu’à la biodiversité de l’écosystème marin.
Je suis impatient de travailler avec les Britanno-Colombiens, y compris les Premières Nations, les collectivités locales, la province, la députée et tous les autres députés afin de déterminer quelle est la voie responsable à suivre. Nos enfants…