Le député conservateur a insisté à maintes reprises sur le fait que le budget de l’Agence canadienne d’inspection des aliments avait augmenté.
Ce n’est pas le cas :
Elizabeth May : Monsieur le Président, le secrétaire parlementaire nous avait dit que le budget prévoirait de nouvelles sommes pour l’Agence canadienne d’inspection des aliments. Je pense qu’on tente de nous leurrer.
Si nous allons à la page 191 du budget, nous constatons qu’une somme de 51,2 millions de dollars en nouvelles ressources est prévue sous la rubrique « Accroître la salubrité des aliments ». C’est écrit en grosses lettres. Cette somme sera fournie au cours des deux prochaines années et sera partagée entre trois organismes différents: l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Santé Canada et l’Agence de la santé publique du Canada. Selon mes calculs, si ces sommes sont réparties également, chaque organisme recevra approximativement 8 millions de dollars par année.
Toutefois, si nous lisons les petits caractères à la page 296, nous constatons que les sommes versées à l’ACIA diminuent : de 2 millions de dollars cette année, de 10 millions de dollars l’année prochaine et de 56 millions de dollars au cours des exercices suivants.
Le secrétaire parlementaire a laissé entendre, lorsqu’il a pris la pris la parole, que l’Agence canadienne d’inspection des aliments allait disposer de 100 millions de dollars d’argent frais, mais elle faisait référence au budget de 2011.
Je dispose du budget 2012 qui montre clairement que le financement de l’Agence recule d’une année sur l’autre jusqu’à atteindre 56 millions de dollars de recul en 2014.
Après l’éclosion de listériose en 2008, qui a causé 22 morts dus à la contamination de produits de viande servis à des personnes âgées en résidence, le ministre de l’Agriculture Gerry Ritz a établi une enquête publique chapeautée par Sheila Weatherill, ancienne dirigeante du Centre de santé d’Edmonton. Le rapport que cette dernière a produit a décrit une complaisance généralisée et formulé plus de 40 recommandations. Lors du débat d’urgence du 3 octobre 2012, le gouvernement a prétendu que toutes les recommandations avaient été mises en œuvre. Il est clair que cela n’a pas été fait. Il est également clair que les enseignements n’ont pas été tirés.
Elizabeth May : On nage en pleine confusion ce soir, car les divers partis appuient leurs interventions sur toutes sortes de faits. J’ai lu le budget de 2012 d’un bout à l’autre afin d’essayer de mettre un peu d’ordre dans tout ça.
Voici ce que je veux demander à mon ami.
Le rapport Weatherill semble avoir fait quelques observations qui sont restées lettre morte. L’une d’entre elles, à la page v — il est question de la listériose —, signale « l’absence d’un sentiment d’urgence au début de l’éclosion ».
Je pense que l’histoire est en train de se répéter. La désinformation et les retards sont flagrants. Ce que révèle la crise actuelle, c’est que nous n’avons apparemment rien appris de la précédente.
Le rapport Weatherill partait du principe que la concentration de la production de viande dans une poignée d’usines géantes nuisait à la sécurité inhérente au système. Mais ni Weatherill ni quiconque d’autre à la Chambre des communes ne semblent penser que c’est le modèle qui est à l’origine du problème.
Elizabeth May : Monsieur le Président, je veux amener ce débat plus loin. Je veux citer le rapport Weatherill. Outre le fait que nous ayons perdu des inspecteurs des aliments et que nous soyons inquiets au sujet de la salubrité des aliments, on risque de ne pas s’attaquer à la source du problème. Je cite le rapport Weatherill :
« Les risques de maladie d’origine alimentaire sont aussi plus élevés qu’auparavant. L’agriculture et la transformation alimentaire à grande échelle […] ainsi que les répercussions de la mondialisation, qui donnent […] accès à des aliments provenant de partout dans le monde, augmentent les risques de contamination. En outre, il est aujourd’hui plus difficile de retracer la source . »
Quand je songe à cette usine qui transforme entre 2 000 et 5 000 bovins par jour, soit jusqu’à 40 % de tout le bœuf au Canada, je me demande si les sociétés alimentaires, dont le modèle de production est axé sur la concentration et l’industrialisation, s’intéresse moins aux aliments qu’à leurs profits, et si nous ne devrions pas plutôt appuyer les agriculteurs, les abattoirs et les transformateurs locaux.