Elizabeth May : Monsieur le Président, j’aimerais commencer le débat d’ajournement de ce soir un peu différemment. Je jette un coup d’oeil de l’autre côté de la salle et je constate que, lorsque mes quatre minutes seront écoulées — je reviendrai sur la question que j’ai posée lundi à propos des négociations entourant les changements climatiques qui auront lieu bientôt à Varsovie —, ce sera le député d’Oshawa qui interviendra. Je souhaite le féliciter de sa récente nomination à titre de secrétaire parlementaire de la ministre de l’Environnement. J’ai eu énormément de plaisir à travailler avec lui lorsqu’il était secrétaire parlementaire de la ministre de la Santé.
La question qui nous occupe est de la plus haute importance. Il ne sert à rien de la minimiser. Ce soir, nous parlons de la plus grande menace à notre avenir et à un monde vivable pour nos enfants.
Le lundi 11 novembre, à Varsovie, en Pologne, les parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques se rencontreront pour la 19e fois dans le but de faire progresser le dossier. Personne ne peut prétendre à ce stade-ci que nous avons ne serait-ce qu’effleuré la gravité de la crise, qui prend de l’ampleur d’année en année.
Le Canada a déjà été l’une des nations de la communauté internationale qui participait à l’avancement des travaux dans ce genre de négociations. Notre contribution était très importante à la fin des années 1980 et au début des années 1990. En 1992, le Canada a été le premier pays industrialisé, le premier pays du monde en fait, à signer et à ratifier la convention qui continue de rassembler nombre de pays du monde, comme nous le verrons la semaine prochaine à Varsovie.
Les conseils de la communauté scientifique ont été largement ignorés partout dans le monde. Pourtant, les pays qui se sont efforcés d’atteindre leurs cibles les ont atteintes pour la plus large part. Je pense à l’Union européenne, qui a atteint en grande partie ses objectifs de Kyoto.
D’après les scientifiques, nous sommes dangereusement près de ce que l’on ne peut que qualifier de « point de non-retour ». Il s’agit du point où les gaz à effet de serre s’accumulent à un niveau tel dans l’atmosphère que les êtres humains et la civilisation seront incapables d’empêcher ce que les scientifiques nomment le « réchauffement planétaire effréné », une situation où la planète créera d’elle-même de nouvelles sources de chaleur, entraînant ainsi une réaction en boucle.
J’informe la ministre de l’Environnement que, lundi, j’assisterai aux négociations de la CdP-19 en Pologne. À ma connaissance, je suis la seule députée qui sera présente là-bas, à l’exception de la ministre de l’Environnement. Le Canada n’a certainement plus l’habitude d’inviter les députés de l’opposition à faire partie des délégations gouvernementales. Toutefois, c’est un petit problème par rapport à la menace qui plane sur nous.
Le premier ministre canadien a participé à la 15e session de la Conférence des Parties, qui a eu lieu à Copenhague, en 2009, et il a adopté des cibles extrêmement faibles. Je pense qu’il faut souligner que, dans leur ensemble, les cibles adoptées dans le cadre de l’accord de Copenhague ne sont pas suffisantes pour éviter un réchauffement planétaire de deux degrés par rapport aux températures qui existaient avant la révolution industrielle, un objectif pourtant prévu dans l’accord.
Cela signifie que le Canada doit réduire ses émissions à 607 mégatonnes d’ici 2020. D’après le rapport le plus récent d’Environnement Canada, nous sommes plus éloignés de cette cible en 2013 que nous l’étions en 2012 et, au lieu de 607 mégatonnes, nos émissions seront de 734 mégatonnes. Cela représente un échec lamentable sur le plan du leadership et des programmes et montre que la soi-disant approche sectorielle préconisée par le gouvernement ne fonctionne pas du tout.
À Copenhague, le premier ministre s’était également engagé à contribuer au financement d’un fonds de 100 milliards de dollars par année visant à fournir de l’aide en matière de changements climatiques aux pays en développement pour qu’ils puissent réduire leurs émissions et s’adapter.
Tout comme moi, la planète n’a plus beaucoup de temps. Est-ce que le gouvernement et le premier ministre respecteront leur promesse de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’aider les pays en développement?
Colin Carrie : Monsieur le Président, je remercie la chef du Parti vert de ses paroles aimables. Je me réjouis à l’idée de travailler avec elle.
Je veux qu’elle sache que le gouvernement tient à atteindre les objectifs du Canada et que notre bilan est éloquent. Nous continuerons à agir selon l’approche sectorielle qui a donné des résultats concrets tout en favorisant la croissance économique.
Nous avons entrepris de nous attaquer systématiquement aux principales sources d’émissions de gaz à effet de serre. Jusqu’ici, le gouvernement a contribué à réduire les émissions du Canada grâce à une réglementation stricte visant les secteurs du transport et de l’électricité, deux des principales sources d’émissions au Canada.
Je vais prendre un instant pour souligner quelques-unes de nos belles réalisations.
Premièrement, le Canada a renforcé sa position de chef de file mondial en matière de production d’énergie propre en devenant le premier grand consommateur de charbon à interdire la construction de centrales thermiques traditionnelles alimentées au charbon.
Deuxièmement, je viens d’Oshawa et je suis fier de signaler que les voitures de tourisme et les camions légers de 2025 émettront environ deux fois moins de gaz à effet de serre que les véhicules de 2008.
Troisièmement, les véhicules lourds de 2018 émettront moins de gaz à effet de serre que ceux de maintenant, dans une proportion de l’ordre de 23 %.
Je répète: l’ensemble des mesures du gouvernement portent fruit, et grâce à ces mesures, les émissions de carbone diminueront de près de 130 mégatonnes comparativement à ce qu’elles étaient sous les libéraux.
C’est une réduction qui équivaut à l’élimination de 37 centrales électriques alimentées au charbon. Nous atteignons cet objectif sans la taxe sur le carbone du NPD qui, comme le savent les députés, ferait grimper tous les prix à la consommation.
De 2005 à 2011, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 4,8 %. C’est considérable: les émissions ont diminué de 4,8 % alors que l’économie a crû de 8,4 %, et le taux d’émissions par habitant n’a jamais été aussi bas.
En plus de faire notre part avec les Nations Unies, nous participons activement à des forums comme le Conseil de l’Arctique, le Protocole de Montréal et la Coalition pour le climat et l’air pur afin d’élaborer des initiatives pratiques et communes visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre et des polluants de courte durée.
En réponse à la deuxième partie de la question de la députée, je lui fais remarquer que le Canada a pris de robustes engagements internationaux venant appuyer les efforts d’atténuation et d’adaptation des pays en développement. Le gouvernement conservateur, en partenariat avec d’autres pays développés, a entièrement tenu sa première promesse de financement accéléré, dans le cadre duquel 30 milliards de dollars ont été accordés sur une période de trois ans, de 2010 à 2012. En fait, nous avons contribué 33 milliards de dollars, allant au-delà de ce que nous avions promis.
Comme vous pouvez le constater, les chiffres sont éloquents. Le gouvernement a fait la promesse la plus ambitieuse de contribuer aux efforts internationaux de lutte contre les changements climatiques, contribution qui vient appuyer les efforts d’atténuation et d’adaptation dans plus de 60 pays en développement.
Nous demeurons déterminés à travailler avec d’autres pays dans la lutte contre les changements climatiques.