Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2020-09-30 1:29 [p.326]
Madame la Présidente, peu importe l’heure, c’est un honneur de prendre la parole à la Chambre pour régler les problèmes importants auxquels les Canadiens sont confrontés pendant la pandémie.
Pour commencer, je voudrais reconnaître que nous sommes sur le territoire de la nation algonquine.
Je tiens à exprimer ma gratitude envers la Nation algonquine pour la générosité et l’hospitalité extraordinaires dont elle fait preuve. Meegwetch.
Ce soir, j’ai vécu une expérience intéressante, car nous devions bien sûr pratiquer la distanciation sociale, et chaque parti devait réduire le nombre de députés qui pouvaient le représenter à la Chambre. J’ai participé au débat avec ma collègue de Fredericton et mon collègue de Nanaimo—Ladysmith. Nous nous sommes présentés à tour de rôle, alors, pendant la dernière série de votes, j’ai voté par l’entremise de Zoom. J’imagine qu’un certain nombre des députés ont aussi procédé ainsi. Il y a eu un moment sinistre où, alors que nous étions en plein vote, on pouvait entendre la voix de Donald Trump. Un des députés qui participait par conférence Zoom écoutait sans doute le débat présidentiel des États-Unis.
Si j’en parle, c’est seulement parce que je suis extrêmement heureuse d’être canadienne. Je suis très reconnaissante de pouvoir être ici ce soir avec tous les députés ainsi qu’avec tous ceux qui sont encore connectés par Zoom. Je me réjouis grandement de voir que, même lors de nos débats partisans qui peuvent parfois sembler très toxiques aux Canadiens qui nous écoutent, nous nous entendons et, dans l’ensemble, nous nous parlons respectueusement. Notre chef ne crie pas et il ne refuse pas de condamner le suprémacisme blanc. S’il le faisait, ce serait désolant, et c’est le moins que je puisse dire.
À ce sujet, je tiens à souligner ce qui fait de nous des Canadiens. Je suis heureuse que le gouvernement soit minoritaire. Je n’aime pas beaucoup les fausses majorités, où une minorité d’électeurs accorde la totalité du pouvoir au parti qui récolte le plus de sièges. Comme le député de Barrie—Innisfil l’a mentionné tout à l’heure, je me félicite de voir à quel point le Parlement, qui doit gérer la pandémie de COVID-19, a collaboré étroitement avec le ministre des Affaires étrangères, le secrétaire parlementaire et beaucoup d’autres pour ramener nos concitoyens chez eux. Tout au long de cette pandémie, la plupart d’entre nous ont trouvé une façon de collaborer.
Je sais gré au Nouveau Parti démocratique d’avoir collaboré avec les libéraux pour améliorer considérablement la mesure législative dont nous sommes saisis. Toutefois, force est de constater qu’elle ne règle pas tous les problèmes, et l’essentiel de mon intervention portera sur ce point.
Plus tôt dans la soirée, une députée a déclaré que le Canada était en train d’échouer, et je tiens à en parler maintenant. Nous traversons une période difficile. Tous les membres de la famille humaine sont dans la même situation, peu importe où se trouvent les gouvernements et les sociétés, même s’ils sont soudés dans des démocraties saines et prospères comme la nôtre ou dans des pays qui étaient au bord de l’effondrement avant l’arrivée de la COVID-19. Chaque pays connaît ses difficultés, à un degré ou à un autre.
Je remercie Dieu de ne pas être au Brésil, où le président Bolsonaro vient de lever toutes les restrictions visant l’exploitation forestière dans les forêts de palétuviers alors que l’Amazonie est tellement sèche que la zone humide du Pantanal, qui regorge de biodiversité, est ravagée par le feu.
C’est le patrimoine de toute notre planète, et notre planète est maintenant en feu. En Colombie-Britannique, nous avons respiré la fumée de la Californie, de l’Oregon et de Washington. Nous sommes dans l’urgence de la pandémie en même temps que nous vivons l’urgence des changements climatiques.
Lorsque je regarde ailleurs dans le monde et que je vois les pays où il aurait pu m’être donné de vivre et de devenir une autre personne, je constate que le Canada n’est pas en train d’échouer; nous traversons une période difficile. Heureusement, nous travaillons ensemble, et tant que nous garderons un esprit de collaboration, nous nous en sortirons bien et nous rebâtirons en mieux.
Nous serons capables de repenser notre avenir. Nous tiendrons nos promesses. Nous ne nous faisons peut-être pas tellement confiance parce que nous appartenons à des partis politiques différents, mais lorsque nous passons par-dessus nos différences politiques, nous nous faisons confiance. Si j’étais en difficulté, je pourrais appeler n’importe quelle personne ici et je sais qu’on m’aiderait. Nous sommes une famille, nous sommes tous canadiens.
Dans ce contexte, j’accueille favorablement cette mesure législative. J’espère qu’elle apaisera les inquiétudes de la plupart des Canadiens. Cela dit, elle n’englobe pas tout le monde. Il reste encore beaucoup à faire.
Les personnes handicapées sont un groupe qu’on a vraiment laissé tomber pendant cette crise. Il y a encore beaucoup de travail à faire de ce côté, de même que pour les entreprises. Comme l’a mentionné mon collègue de Courtenay—Alberni plus tôt, il y a tant d’entreprises qui sont en grande difficulté.
Je suis très inquiète pour le secteur du tourisme. Les Jardins Butchart sont une attraction touristique emblématique de ma circonscription. Mes collègues de l’île de Vancouver, et d’autres d’ailleurs au pays, connaissent les Jardins Butchart. Les dirigeants me disent qu’ils craignent fort de ne pas pouvoir survivre jusqu’à l’année prochaine.
Leurs activités ont connu une baisse de 90 %. Ils ont dû mettre à pied 450 personnes. Ils n’ont pas d’aide. Le secteur du tourisme a donc particulièrement besoin d’une aide financière. Il faut trouver un moyen de lui donner cette aide.
Les petites entreprises, les restaurants et les compagnies de tourisme indépendants — en fait, toutes les compagnies, petites et grandes, sont encore en difficulté et nous ignorons quand la pandémie prendra fin. Je me souviens plus ou moins du début de la pandémie. Je siégeais ici, le 13 mars, et j’avais peine à croire que nous ne reviendrions pas avant le 20 avril. Cela me semblait être une période passablement longue.
Les députés se souviennent-ils de ce qu’ils ont ressenti? Nous n’avions aucune idée à ce moment-là et nous sommes toujours dans l’incertitude. Il est donc très important pour le Canada que nous restions unis.
Je veux parler de quelque chose avant de revenir au projet de loi. Thomas Homer-Dixon, l’un des plus brillants universitaires du Canada, vient de publier un ouvrage intitulé Commanding Hope, qui parle de l’importance de l’espoir pour aider les gens à tenir bon et à traverser des périodes difficiles. La sortie de cet ouvrage ne pourrait pas tomber plus à point, étant donné la double menace de la crise climatique et de la pandémie. L’auteur m’a dit que, selon des sondages de partout dans le monde, la plupart des pays favorisent une cohésion sociale plus grande qu’avant la pandémie, ce qui est encourageant.
Ce n’est pas le cas des États-Unis ou du Brésil, mais la plupart des nations ressentent ce sentiment de solidarité dont mon père avait l’habitude de me parler. Il a grandi à Londres sous le Blitz.
Lors de l’une de nos nombreuses luttes contre le gouvernement de la Nouvelle-Écosse sur des questions d’environnement, mon père m’a déclaré que l’époque de la Seconde Guerre mondiale lui manquait. Je lui ai demandé comment cette période où il avait risqué à tout moment d’être victime d’une explosion pouvait bien lui manquer, et il m’a répondu que c’était parce qu’à l’époque, les gens avaient réellement l’impression que le gouvernement était de leur côté. Je crois que c’est ce qu’ils ressentent maintenant.
Depuis plusieurs générations, nous savons que nous ne pouvons pas compter sur les milliardaires pour aider les gens qui font face à de graves difficultés, parce que les milliardaires sont trop occupés à se remplir les poches. Ils ne sont pas en train de se demander comment ils pourraient recueillir de l’argent pour le reste d’entre nous.
Pour revenir au projet de loi, je suis ravie de voir les modifications apportées pour garantir que le montant des prestations s’élève à 500 $ par semaine, et non à 400 $ par semaine. Je suis extrêmement heureuse de savoir que nous tentons de déterminer comment instaurer la Prestation canadienne de relance économique, la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique et la Prestation canadienne de relance économique pour les proches aidants. En lisant attentivement le projet de loi, je constate à quel point il est difficile de cibler des groupes précis dans des projets de loi en espérant n’oublier personne.
J’aimerais donner un exemple. Évidemment, tous mes collègues ici présents en ont pris connaissance, mais je m’adresse aux insomniaques qui nous écoutent. Une personne est admissible à la prestation si elle s’occupait normalement d’un enfant de moins de 12 ans le premier jour de la semaine visée et que l’école que fréquentait l’enfant était fermée pour des raisons liées à la COVID-19; ou l’école était ouverte seulement durant certaines périodes de la journée; ou l’enfant ne pouvait pas fréquenter l’école parce qu’il avait contracté ou pouvait avoir contracté la COVID-19; ou l’enfant était en isolement sur l’avis d’un médecin, ou risquait de développer de graves complications; ou la personne qui s’occupait normalement de l’enfant n’était pas disponible pour des raisons liées à la COVID-19; ou elle s’occupait d’un membre de la famille qui nécessite des soins supervisés parce que l’installation que le membre de la famille fréquentait ou le programme de jour qu’il suivait normalement était fermé ou suspendu.
Je pourrais continuer pendant des heures. Lorsqu’on s’attarde trop aux détails pour essayer d’accommoder tout le monde, on finit inévitablement par oublier quelque chose. Ce n’est pas la première fois que je vais soulever à la Chambre l’importance de nous pencher sur un filet de sécurité plus universel. Notre système de santé fonctionne parce qu’il est universel. Si, à l’époque, Tommy Douglas avait proposé aux gens de la Saskatchewan d’établir un système de santé qui permet d’aider seulement les gens qui y sont admissibles, je ne pense pas que cela aurait été bien reçu. Si les gens sont très malades, mais qu’ils ont uniquement un montant x dans leur compte de banque, ou s’ils sont juste un peu malades, cela ne fonctionnerait pas. Un filet de sécurité sociale efficace en est un qui repose sur l’universalité.
Il est grand temps que nous abordions la question du revenu minimum garanti et que nous prenions des mesures pour le concrétiser.
Nous savons que le directeur parlementaire du budget a réalisé une étude préliminaire et a conclu qu’un revenu de base garanti coûterait moins cher que la Prestation canadienne d’urgence. Un revenu de base universel représenterait une dépense énorme, mais au bout du compte, il ferait économiser de l’argent à notre société. Il la ferait économiser au chapitre des soins de santé, car la pauvreté est le plus important déterminant social de la santé. Il la ferait économiser au chapitre des services correctionnels, car il coûte beaucoup moins cher de s’assurer que les gens vont à l’école, partent du bon pied dans la vie et font des études universitaires que de les garder tous en prison. Un prisonnier coûte plus de 100 000 $ par année. Comme le montre l’ancien sénateur progressiste-conservateur Hugh Segal dans son livre intitulé Bootstraps Need Boots, il existe de multiples raisons valables et solides de passer à un revenu minimum garanti.
J’ai soulevé la question auprès de la ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et de l’Inclusion des personnes handicapées plus tôt aujourd’hui et j’ai été bien satisfaite de sa réponse, que je vais résumer. Elle a dit que, en ce moment, on s’emploie à offrir une prestation pour remplacer la Prestation canadienne d’urgence et que la Prestation canadienne d’urgence se transformera en prestations d’assurance-emploi. À cela s’ajouteront d’autres mesures d’aide, notamment en cas de maladie, et je suis tout à fait d’accord avec les néo-démocrates que tous les Canadiens doivent pouvoir prendre un congé de maladie en cas de besoin.
Quoi qu’il en soit, la ministre a dit que, même si l’on prend ces mesures, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’autres dialogues qui s’imposent. Prenons-la au mot et collaborons véritablement avec Finances Canada, le directeur parlementaire du budget, les gouvernements provinciaux et les administrations municipales pour déterminer combien d’argent nous pourrions économiser si nous cessions d’adopter des programmes fondés sur la honte qui ne règlent pas le problème de la pauvreté, tels que les programmes d’aide sociale qui punissent la mère monoparentale qui retourne au travail en retranchant l’argent qu’elle gagne de ses prestations d’aide sociale ou en punissant la mère monoparentale qui cohabite avec son petit-ami en lui retirant complètement ses prestations. Ce genre de programme n’élimine pas la pauvreté; il la perpétue.
C’est dans l’intérêt de l’ensemble du pays. Il en va de la santé de notre société, de sa résilience et de sa capacité de gérer la prochaine pandémie. Nous ne pourrons pas du tout gérer la crise climatique si nous n’agissons pas rapidement. En toute franchise, le discours du Trône est plutôt inadéquat à cet égard, mais le débat de ce soir ne porte pas sur le discours du Trône, alors je vais m’en tenir à la Prestation canadienne de relance économique et aux autres dispositions du projet de loi.
Cela nous donne une idée de ce qui doit être fait, mais c’est encore insuffisant. Je suis encouragée par la réponse qu’a donnée la ministre il y a environ 13 heures. Dans la réponse qu’elle a donnée plus tôt aujourd’hui, elle a dit qu’il faut discuter de la mise en place d’un revenu minimum garanti dans ce pays. C’est tout un progrès. Lors de la campagne électorale de 2019, les verts étaient les seuls à parler du revenu minimum garanti. Certains néo-démocrates en parlaient aussi, mais ce n’était pas dans leur programme.
Nous devons saisir cette occasion. Dans quelle mesure pouvons-nous proposer des mesures novatrices en ce moment? Cette pandémie ne touche pas seulement le Canada. Elle est mondiale. Toutes les démocraties modernes et tous les pays du G20 doivent assumer une dette et des déficits.
Nous devons voir grand. Nous devons revoir les règles. J’ai été heureuse d’entendre le premier ministre dire aux Nations unies que nous devrions songer à quelque chose d’aussi important qu’une nouvelle version de la conférence de Bretton Woods. Penchons-nous de près sur ce qui peut être fait, car nous nous trouvons à un moment charnière de l’histoire.
Ce projet de loi est utile. Il ne sera pas suffisant, mais adoptons-le rapidement.
Alexis Brunelle-Duceppe (Lac-Saint-Jean)
2020-09-30 1:45 [p.328]
Madame la Présidente, j’ai un immense respect pour la députée qui vient de faire ce discours. Franchement, je la suis depuis ses débuts et je dois admettre que je l’adore. On se fait des confidences ce soir.
Ma mère m’a dit une chose que je vais toujours me rappeler: il ne faut jamais se comparer aux pires, parce que c’est sûr qu’on sera le meilleur. Ce soir, on a entendu MM. Bolsonaro et Trump. C’est bien évident qu’on est meilleur lorsqu’on se compare à eux.
Si nous sommes ici ce soir, c’est parce qu’on nous a imposé un bâillon et que le gouvernement a prorogé le Parlement il y a six semaines. Je ne pense pas que ce soit cela, être les meilleurs.
J’aimerais que la députée, pour laquelle j’ai un immense respect, m’explique pourquoi, selon elle, le gouvernement a prorogé le Parlement. Est-ce vraiment pour faire un discours du Trône et réorienter sa vision des choses en ce qui concerne la COVID-19 ou est-ce plutôt pour cacher des scandales comme celui du mouvement UNIS?
Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2020-09-30 1:46 [p.328]
Madame la Présidente, je remercie mon collègue. Je suis vraiment ravie de savoir qu’il m’adore. C’est tellement difficile de parler des autres choses maintenant. Qu’on me pardonne, il se fait tard et il est difficile pour moi de parler en français.
Il ne fait selon moi aucun doute qu’il n’y aurait pas eu de prorogation si Bill Morneau et le premier ministre n’avaient pas été mêlés au scandale concernant l’organisme UNIS. Cela ne fait aucun doute à mon avis.
Je suis beaucoup plus indulgente que la plupart des gens, puisque je reconnais qu’il y a une immense différence entre la prorogation de 2020 et celle de 2008, qui était terriblement inconstitutionnelle. En 2008, le premier ministre de l’époque s’est servi de la prorogation pour éviter un vote qu’il était certain de perdre; comme une coalition était prête à intervenir, il aurait pu se retrouver dans l’impossibilité de former un gouvernement.
La situation était donc très différente. Mis à part le Canada, un seul autre pays du Commonwealth dont la démocratie parlementaire est fondée sur le modèle de Westminster, ce système archaïque et fascinant, a vu l’un de ses premiers ministres demander au gouverneur général de proroger le Parlement afin d’éviter un vote qu’il était certain de perdre. L’exemple précédent venait lui aussi du Canada: c’était celui de sir John A. Macdonald. Quant à l’autre pays que j’ai mentionné, il s’agissait du Sri Lanka, et le gouverneur général avait alors refusé la demande du premier ministre.
Certaines prorogations sont toxiques et inconstitutionnelles, d’autres sont commodes, mais indignes sur le plan politique. Celle-ci appartenait à la deuxième catégorie.
Alistair MacGregor (Cowichan—Malahat—Langford)
2020-09-30 1:48 [p.328]
Madame la Présidente, je remercie ma collègue et voisine de son intervention. Je peux voir le magnifique mont Maxwell, sur l’île Salt Spring, depuis ma maison. Il fait partie de la circonscription de Saanich—Gulf Islands.
Je tiens à remercier la députée d’avoir élargi la discussion de ce soir au sujet du projet de loi C-4 et d’avoir précisé qu’il s’agit en fait d’une première étape. Je crois que beaucoup de Canadiens considèrent ce moment comme une occasion de repenser le plein potentiel du Canada.
Nous avons beaucoup discuté aujourd’hui. Une partie des débats portait sur les coûts, et je conviens que les coûts sont importants, mais je suis vraiment heureux qu’au cours du débat, la députée ait aussi parlé du coût de la pauvreté institutionnalisée et des coûts énormes qu’elle engendre pour beaucoup de collectivités, partout dans ce grand pays. Je songe à la crise des opioïdes qui sévit au centre-ville de Duncan en ce moment, dans la vallée Cowichan; elle est attribuable à la pauvreté institutionnalisée, car les personnes qui en souffrent vivent de multiples traumatismes.
Que l’on parle de problèmes de santé mentale, de mauvais traitements physiques ou de traumatismes associés à la pauvreté au quotidien, tous ces enjeux ont des coûts réels pour la société. Comme la députée l’a mentionné, ils s’observent dans les taux d’incarcération et les demandes en services de santé.
J’aimerais l’inviter encore une fois à se prononcer sur ce sujet. Comment le fait d’investir dans des mesures comme un revenu minimum garanti peut, à long terme, faire du Canada un meilleur endroit où vivre, non seulement sur le plan social et sur celui de la santé, mais aussi sur le plan économique, en nous engageant sur la voie d’un avenir meilleur?
Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2020-09-30 1:50 [p.329]
Madame la Présidente, je sais que mon cher collègue de Cowichan—Malahat—Langford ne pouvait pas voir le mont Maxwell dernièrement à cause de toute la fumée qui l’entourait. C’était très pénible: nous ne pouvions visiter nos amis qu’à l’extérieur et en respectant une distance, mais nous devions rester à l’intérieur à cause de la fumée. Nos amis ne pouvaient pas nous accompagner parce qu’ils ne faisaient pas partie de notre bulle. Nous traversons une période bien difficile.
Le Canada ne devrait jamais accepter la pauvreté institutionnalisée comme étant normale. Je ne sais pas si nous sommes plusieurs à avoir vécu la même expérience en Europe, mais je n’y ai vu aucun sans-abri dans la rue, qui quêtait à l’aide d’un chapeau en espérant pouvoir payer son prochain repas. Cela ne fait pas partie de la réalité là-bas. Je parle de Jim avec mon ami de New Westminster—Burnaby. Je n’ai pas vu Jim dernièrement, mais je ne me suis pas promenée dans la rue. Jim est un ami, un ancien combattant, qui doit quêter pour payer ses médicaments, tout près du Château Laurier.
Un pays comme le Canada n’a aucune excuse pour tolérer la pauvreté. Il y a de nombreuses années, Martin Luther King a affirmé qu’il ne connaissait qu’une seule solution pour éliminer la pauvreté: un revenu garanti.
Irek Kusmierczyk (Windsor—Tecumseh)
2020-09-30 1:52 [p.329]
Madame la Présidente, je voudrais d’abord souligner que, même à 1 h 50 le matin, la députée de Saanich—Gulf Islands ne perd rien de son style, de son éloquence ou de sa passion.
J’ai vraiment aimé les commentaires que la députée a formulés au début de son discours, lorsqu’elle souligné le véritable esprit de collaboration animant l’approche « Équipe Canada » qui représente bien le projet de loi et la façon dont il a été conçu. C’est un élément qui est revenu souvent et qu’ont aussi mentionné la députée d’Edmonton Strathcona et la députée de Vancouver-Est. Elles ont reconnu que ce projet de loi était le fruit de la collaboration entre le gouvernement et l’opposition, de l’écoute mutuelle dont ils ont fait preuve. Je crois que c’est la force du projet de loi C-4: il repose sur l’écoute exemplaire qu’on a pu observer.
Nous avons écouté ce que les députés des autres partis avaient à dire, mais nous avons aussi écouté la population. Nous avons écouté les travailleurs, les Canadiens et leur famille, les syndicats et les entreprises. Collaborer, écouter et travailler ensemble, voilà ce qui fait vraiment la force du projet de loi C-4.
Comme l’a souligné la députée, dans le futur, la législation évoluera. Le projet de loi présenté aujourd’hui n’empêchera pas d’autres ajustements. Au contraire, l’adaptation est le trait distinctif de notre réponse à la pandémie de COVID-19, tout comme le caractère évolutif de cette réponse.
J’aimerais que la députée parle de ce sentiment de collaboration et de travail d’équipe qui était de tous les efforts de conception et de développement du projet de loi C-4.
Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2020-09-30 1:53 [p.329]
Monsieur le Président, nous avons organisé des rencontres communautaires — comme bon nombre de mes collègues, sans doute —, mais le centre communautaire où elles avaient l’habitude de se tenir a été remplacé par le dernier gadget à nous embellir et à nous empoisonner la vie, Zoom. Je rencontre souvent les gens qui habitent dans ma circonscription, et leurs sujets de préoccupation sont les mêmes que partout ailleurs, je suppose.
Ils se demandent comment ils vont pouvoir joindre les deux bouts ou comment leur entreprise va pouvoir tenir le coup, mais une chose est sûre: ça les encourage toujours beaucoup quand je leur dis que nous ramons tous dans le même sens. Les fonctionnaires, en particulier, suent sang et eau. Tout le monde sait que c’est en se tenant qu’on s’aide le plus.
La partisanerie est notre ennemi dans le contexte actuel. Voilà pourquoi l’idée que l’on tienne des élections — d’abord au Nouveau-Brunswick, et maintenant en Colombie-Britannique et en Saskatchewan — me rend aussi nerveuse, car j’ai chaque fois l’impression que l’on met notre sécurité en péril. Je ne dis pas que la démocratie qui s’exprime dans le cadre d’un scrutin est malsaine, je crains juste que certains soient tentés de vouloir marquer des points au détriment de leurs adversaires au lieu de se joindre à eux pour aider les Canadiens.
La mesure législative à l’étude est empreinte de cet esprit de collaboration qui sert les intérêts du Canada.