Le Canada est en voie de perdre un important laboratoire de recherche au moment où le monde entier a justement besoin d’augmenter ses connaissances scientifiques, a prévenu le Parti vert du Canada. Les verts ont décrié l’annulation du financement à l’origine de la fermeture imminente du Laboratoire de recherche atmosphérique dans l’environnement polaire (PEARL) situé à Eureka (Nunavut), dans l’île d’Ellesmere. La fermeture du laboratoire est prévue pour la fin du mois d’avril, étant donné que tous les programmes de financement liés à son fonctionnement ont été amputés. « Je suis allée à Eureka et je réalise à quel point il est important d’avoir des chercheurs sur place pour recueillir des données. Il n’est tout simplement pas logique d’essayer d’obtenir cette information à distance », a dit la chef des verts et députée de Saanich—Gulf Islands, Elizabeth May.
Le laboratoire PEARL fait partie du réseau canadien pour la détection des changements atmosphériques (CANDAC) et recueille des données sur la qualité de l’air, l’ozone et les changements climatiques. Le laboratoire a besoin de 1,5 million de dollars par année pour administrer son programme scientifique. « Il ne devrait pas être trop difficile de trouver cette somme dans le prochain budget. En outre, nous avons besoin d’examiner sérieusement les motifs pour lesquels le gouvernement Harper juge inutile d’investir dans la science », a dit May. « La collecte de données atmosphériques est cruciale si nous voulons savoir comment évolue le climat et de quelle manière ces changements affectent la couche d’ozone. Nous avons besoin d’un laboratoire dans le Nord capable de fournir des données de qualité. La fermeture imminente de PEARL est extrêmement inquiétante. »
Les verts craignent également que cette nouvelle fermeture n’exacerbe la fuite des cerveaux amorcée dans la communauté scientifique canadienne. « Le Canada a déjà investi dans PEARL. Sa fermeture risque d’entraîner la perte d’une équipe de scientifiques chevronnés, dont les travaux sont déterminants pour les questions en lien avec l’Arctique », a ajouté May.
Ces nouvelles compressions budgétaires dans la recherche scientifique sont mal accueillies par la communauté internationale. En effet, un groupe de scientifiques de renom rattachés à des universités étatsuniennes et à la NASA publiait récemment un article dans lequel il critiquait sévèrement le Canada, qui met en péril l’effort international pour surveiller la couche d’ozone. L’article a été publié dans Eos, le bulletin de l’American Geophysical Union, qui représente 61 000 spécialistes des sciences de la Terre et de l’espace de partout dans le monde.
L’effritement des budgets d’Environnement Canada s’est déjà soldé par la perte de plus de 700 postes dans la science et la recherche.
« Le Canada était jadis un chef de file mondial dans le domaine scientifique. Aujourd’hui, nous ne sommes même pas à la remorque du reste du monde; en fait, nous entravons la collecte de données capitales pour toute la planète », a déploré May.