Citoyenneté et immigration

Elizabeth May : Monsieur le Président, quiconque a visité Saanich—Gulf Islands sait qu’il s’agit d’une circonscription absolument magnifique, mais pas particulièrement reconnue pour sa diversité culturelle ou ethnique. Je suis donc renversée de constater que de 85 à 90 % des cas portés à mon attention là-bas concernent des problèmes d’immigration. C’est parce que le système s’est complexifié. Comme vient de le dire la députée de Vancouver-Centre, on cherche de plus en plus à donner la priorité aux immigrants qui présentent un intérêt sur le plan commercial. Nous avons laissé tomber le concept de la réunification des familles.

J’ai un électeur dont la femme, une Australienne, a dû attendre très longtemps avant d’obtenir sa résidence permanente, si longtemps, même, qu’elle était enceinte d’exactement neuf mois lorsqu’elle s’est fait dire par Immigration Canada qu’elle devait retourner en Australie. Pourtant, sur le plan médical, c’était dangereux pour elle de prendre l’avion.

On entend constamment toutes sortes d’histoires poignantes et atroces, même dans ma circonscription, qui n’est pas particulièrement multiethnique. C’est à ce genre de cas que l’équipe de mon bureau de circonscription consacre l’essentiel de son temps.

Rendre le système aussi totalement arbitraire et aussi hautement hostile à la réunification des familles de même qu’aux nouveaux arrivants qui veulent vivre ici ne serait pas efficace. Qu’en pense la députée?

Hedy Fry: Monsieur le Président, la circonscription de Vancouver-Centre compte beaucoup de nouveaux immigrants qui viennent de l’Europe de l’Est, de certaines régions d’Afrique ou d’Amérique latine, et c’est ce qu’on constate. L’un de mes employés, à mon bureau de circonscription, consacre tout son temps aux dossiers de ce genre. Le nombre de cas a triplé et quadruplé depuis que le gouvernement a été porté au pouvoir, plus particulièrement depuis trois ans.

Ces cas sont vraiment navrants. Le Canada devient un pays réputé pour son manque de compassion. Or, nous étions un pays compatissant. Le Canada est devenu un pays où les gens estiment que nous ne sommes pas équitables et que nous voulons empêcher l’entrée de certaines personnes et accueillir certaines autres.

Je ne crois pas qu’une telle attitude nous aidera tandis que nous essayons d’accroître nos échanges commerciaux avec des pays qui éprouvent actuellement certaines difficultés, mais qui risquent fort de devenir les puissances économiques de demain. Même si l’on considère la question d’un strict point de vue pragmatique et économique, les échanges commerciaux que nous faisons avec d’autres pays dépendent de la façon dont ceux-ci nous voient.

Nous considèrent-ils comme un pays généreux et compatissant? Pourquoi les gens veulent-ils venir ici? Parce que le Canada avait la réputation d’être un pays où des possibilités s’offraient aux gens ou où on pouvait s’épanouir et devenir ce qu’on voulait être. Les immigrants pouvaient faire venir les membres de leur famille et s’enraciner. Ils pouvaient devenir premier ministre, ministre ou ce qu’ils voulaient

Le Canada perd rapidement cette réputation, ce qui est très triste. Je suis venue au Canada parce que j’avais foi en ce pays, mais ce qui se passe actuellement m’attriste beaucoup.