Elizabeth May : Monsieur le Président, ma question s’adresse au député de Winnipeg-Nord. Nous avons vraiment du mal à admettre qu’il existe une liste d’attente de réfugiés.
J’ai déjà pratiqué le droit en immigration. J’ai traité de nombreuses demandes d’asile. En fait, il s’agissait surtout de déserteurs de navire, à Halifax, qui jouaient le tout pour le tout pour fuir un régime politique répressif.
Permettez-moi de dire avec un brin d’humour, mais dans l’espoir de sensibiliser d’autres députés, que lorsque je travaillais dans un cabinet d’avocats, mes collègues m’ont déjà dit que je savais saluer les matelots en 27 langues.
Toutefois, il n’existe pas de liste d’attente de réfugiés. Lorsqu’ils arrivent, les réfugiés n’ont que les vêtements qu’ils portent sur le dos. Ils essaient de fuir un régime politique répressif. Lorsque j’ai soulevé cette question avec le ministre de l’Immigration, on a affirmé — des députés ministériels l’ont d’ailleurs dit aujourd’hui — qu’il existe une liste d’attente et que les réfugiés se rendent à un camp des Nations Unies et y attendent.
Je pose la question suivante au député de Winnipeg-Nord. L’idée selon laquelle il existe une liste d’attente de réfugiés sera souvent utilisée dans la campagne de relations publiques pour défendre un projet de loi indéfendable. Il faut vraiment expliquer aux gens que le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés est un organe des Nations Unies qui est uniquement financé par des contributions volontaires. Il n’a pas la capacité d’offrir aux gens des places dans des camps de réfugiés, comme s’il s’agissait de salles d’attente un peu partout dans le monde. Ce n’est pas ce que font les réfugiés. Ils arrivent et ils demandent qu’on étudie leur dossier et qu’on respecte leurs droits.
Kevin Lamoureux : Monsieur le Président, il est très important pour nous de reconnaître que le droit international garantit aux personnes qui craignent d’être persécutées le droit de demander l’asile dans un autre pays. Cela fait partie du droit international. Je ne crois pas que l’on doive changer quoi que ce soit à cet égard.
Encore une fois, lorsqu’on parle de personnes qui passent devant les autres, on essaie tout simplement de politiser cet enjeu afin que le gouvernement puisse essayer de donner l’impression qu’on causera du tort à certaines personnes si on accepte ces navires au Canada, que les passagers demandent légitimement ou non le statut de réfugié. Il est aberrant que le gouvernement déclare qu’ils passent devant les autres, d’autant plus que nous savons fort bien que dans la grande majorité des cas, ces personnes font une demande légitime d’asile. Encore une fois, lorsqu’on examine le droit international, on se rend compte que personne ne passe devant les autres. Lorsque leur vie est en jeu, les gens saisissent les occasions qui se présentent. Nous devons tous être conscients de ce fait.