D’accord, ce ne sont peut-être pas les dernières pensées sur le sujet, puisque les analyses et les réexamens se poursuivront pendant des mois, sinon des années.
Ce fut, d’une certaine façon, un véritable progrès que de voir la Chine et l’Inde discuter de cibles – bien que ces pays n’ont accepté que de commencer à en discuter. Ce fut un soulagement extraordinaire que d’avoir une deuxième période d’engagement en vertu du Protocole de Kyoto, qui prendra effet immédiatement à la fin de la première période. Mais le Canada refuse bien entendu d’y prendre part, comme c’est aussi le cas du Japon et de la Russie. Les États-Unis demeurent perpétuellement enchaînés par leurs politiques intérieures et années après année et COP après COP, ils esquivent d’une manière ou d’une autre leurs responsabilités.
Le rôle du Canada à titre de lauréat, pour une cinquième année consécutive, du prix Fossil of the Year n’est pas surprenant. Les interventions et les actions du Canada ont l’effet d’affaiblir les textes de loi et de durcir ses positions. Alors que je rentre au pays, je suis si inquiète quant au rapport selon lequel le premier ministre veut se retirer légalement du Protocole de Kyoto. Avec tous les dommages que nous avons causés jusqu’ici, une telle action nuirait au nouvel accord issu de la conférence de Durban, et ce, avant même que l’encre de cet accord n’ait fini de sécher. Nous devons prendre les devants de cette menace, qui devrait être mise à exécution le 23 décembre.
Les aspects frustrants, contrariants et même terrifiants des discussions sur le climat sont que les niveaux d’émissions de gaz à effet de serre (GES) continuent de s’accroître alors que les négociations multilatérales tentent de déterminer le calendrier selon lequel ils doivent être [éventuellement] réduits. Cela me rappelle les négociations inacceptables menées avec les sociétés forestières. Nous avions l’habitude de les appeler « talk and log » (ou « pourparlers et débitages » en français). Le fait que les négociateurs en matière de climat discutent alors que l’utilisation immorale des combustibles fossiles continue à s’intensifier chaque année constituerait l’équivalent en matière climatique.
Nous avons besoin d’un outil qui soit l’équivalent d’un cessez-le-feu : aucune émission de GES ajoutée, aucun nouveau projet sur les sables bitumineux approuvé. Nous ne pouvons nous permettre de continuer à rejeter un volume sans cesse croissant de gaz contribuant au réchauffement dans l’atmosphère tout en négociant le moment où nous planifierons de commencer à diminuer ces émissions.
C’est pourquoi nous devons trouver une façon de reprendre le rythme. Nous risquons de placer l’atmosphère sur une trajectoire irréversible vers un réchauffement planétaire effréné. Nous devons arrêter la croissance des émissions de GES, et ce, partout sur la planète et avant 2015. Avec les niveaux de volonté politique actuels, nous sommes encore très loin d’entreprendre les actions nécessaires. Dieu merci, la conférence de Durban nous a cependant donné un accord allant dans la bonne direction. Maintenant, nous devons revenir à la mobilisation populaire afin d’améliorer les ententes et de réduire de manière réelle nos émissions de GES.