Très peu de questions touchent nos valeurs fondamentales d’aussi près que les pensions de retraite. Certes, le concept des soins de santé universels est profondément ancré dans les valeurs canadiennes fondamentales et sa place est incontestable. Cependant, notre attachement commun à nous assurer que les Canadiennes et les Canadiens ont un programme de soutien du revenu adéquat pour nous permettre de vivre nos années de retraite de façon dynamique et en bonne santé le suit de justesse au chapitre des responsabilités sacrées de notre gouvernement. De toute évidence, il faut faire mieux. Les personnes âgées, particulièrement les femmes, sont encore trop nombreuses à vivre dans la pauvreté. Pourtant, dans les nombreux qu’il a prononcés pendant la dernière campagne électorale, Stephen Harper n’a jamais invoqué la Sécurité de la vieillesse, le Supplément de revenu garanti ou le Régime de pensions du Canada comme pouvant faire l’objet de nouvelles politiques, sauf lorsqu’il a promis de rehausser le niveau de soutien offert.
Après la chute historique mémorable dans l’opinion publique de l’ancien premier ministre Brian Mulroney lorsqu’il a menacé de modifier nos régimes de retraite (Good bye Charlie Brown), je peux à peine imaginer la consternation des députés conservateurs d’arrière-ban à Ottawa lorsque leur patron a placé les deux pieds au bord du précipice à Davos.
Les contradictions fusaient de toutes parts. La machine de propagande politique des conservateurs affirmait que les médias avaient mal interprété ses remarques, puis ils annoncèrent que les régimes de retraite seraient modifiés. Chaque contradiction avait la même préface : « Laissez-moi être clair. »
À présent que la poussière retombe, il semble de plus en plus probable que le budget de 2012 repousse l’âge de la retraite de 65 à 67 ans. J’ai obtenu une réponse plus ou moins claire de la ministre d’État responsable des aînés, Alice Wong, lorsque je lui ai posé la question en Chambre. Le seul mystère qui plane encore sur les intentions de Harper est de savoir si le changement sera soudain ou graduel et combien de temps sera alloué pour sa mise en œuvre. J’ai le sentiment que le budget servira de mise en garde aux personnes de 50 ans en leur disant de se préparer à travailler encore 17 ans.
La question que nous devrions poser est celle-ci : est-ce vraiment nécessaire? Le directeur parlementaire du budget (DPB) est d’avis que non. En effet, le rapport du DPB publié le 8 février précise que, ayant déjà refilé aux provinces 2 % des coûts liés aux soins de santé, Ottawa bénéficie de la marge de manœuvre nécessaire pour absorber la bulle créée par le départ à la retraite des baby-boomers. En fait, le DPB affirme dans son rapport que nous pourrions même augmenter les pensions de vieillesse.
Ainsi, certains se demandent pourquoi Stephen Harper prendrait le risque de modifier les privilèges de base du programme de la sécurité de la vieillesse. Plusieurs assument qu’il protège tout simplement ses bases et respecte ses promesses électorales. Les personnes âgées qui ont vu leurs économies s’envoler après la volte-face de Harper lorsqu’il a décidé d’imposer les fiducies de revenu pourraient bien saisir cette occasion pour mettre en garde celles qui comptaient prendre leur retraite à 65 ans. Nous pouvons dire non et protéger nos pensions de vieillesse. L’heure est venue de nous mobiliser. Ce n’est vraiment pas le moment de battre en retraite.
Article originalement paru en anglais dans le CARP Action Online!