Elizabeth May : Monsieur le Président, j’interviens dans le cadre du débat d’ajournement pour revenir sur une question que j’ai posée initialement au ministre de l’Environnement mercredi dernier, soit le 21 septembre.
La question de la surveillance de la couche d’ozone et les menaces de compressions visant des scientifiques clés qui s’acquittent de cette fonction ont également été soulevées par la porte-parole libérale en matière d’environnement et la porte-parole de l’opposition officielle. Je me réjouis de voir la secrétaire parlementaire du ministre de l’Environnement ici ce soir pour approfondir la question.
C’est un dossier compliqué. Ce que nous avons pu établir touche un certain nombre de scientifiques chevronnés qu’on ne pourrait pas remplacer facilement, des scientifiques qui ont des décennies d’expérience de travail à surveiller l’ozone qui, au niveau stratosphérique, protège toutes les formes de vie sur Terre contre le rayonnement ultraviolet. Sans la couche d’ozone, il n’y aurait plus de vie sur Terre, et nous sommes très chanceux que, par son leadership, le gouvernement canadien ait permis, en 1987, la négociation du Protocole de Montréal visant à protéger la couche d’ozone.
Depuis, le Canada s’est toujours fait respecter dans le monde en tant que chef de file qui mène de bonnes recherches scientifiques et qui fait ses devoirs. Le Protocole de Montréal a été couronné de succès et a amené d’autres pays à réduire et à éliminer progressivement leur utilisation de chlorofluorocarbones et d’autres produits chimiques qui détruisent la couche d’ozone.
Nous avons été très choqués d’apprendre, par les médias et par d’autres sources, qu’un certain nombre de scientifiques clés avaient reçu une lettre leur suggérant que leur poste au sein d’Environnement Canada était menacé. Ils ont reçu une lettre les avisant qu’ils pourraient être touchés par les changements apportés aux attributions des tâches et que cela était, comme le ministre de l’Environnement me l’a expliqué en privé, conforme aux directives requises par le Conseil du Trésor aux termes de la Directive sur le réaménagement des effectifs.
Je vais simplement expliquer le poste de ces scientifiques clés. L’un d’entre eux est le gestionnaire du Centre mondial de données sur l’ozone et le rayonnement ultraviolet. Il s’agit d’un centre tout à fait essentiel, et il n’y a qu’un seul gestionnaire. Cette personne a reçu une lettre l’avisant d’une mise à pied possible.
Il y a également une personne chargée du programme d’ozonosondes, dans le cadre duquel on relâche des ballons sondes météorologiques une fois par semaine dans 17 emplacements partout au Canada, pour obtenir des mesures très précises du niveau d’ozone qui, soit dit en passant, nous donnent également des informations sur l’ozone troposphérique. Ironiquement, alors que l’ozone stratosphérique protège la vie sur terre, l’ozone troposphérique est un polluant. En fait, mesurer l’ozone troposphérique est une bonne façon de surveiller l’exploitation des sables bitumineux dans la région. J’y reviendrai également.
L’autre scientifique dont le poste est menacé est celui qui s’occupe des évaluations scientifiques.
Ma question s’adresse à la secrétaire parlementaire.
Jusqu’à présent, le ministre de l’Environnement a déclaré à la Chambre que le gouvernement n’éliminerait aucun service de surveillance de l’ozone. En revanche, la sous-ministre adjointe d’Environnement Canada, Mme Dodds, a déclaré aux journalistes que le Canada n’a plus vraiment besoin du même degré de surveillance de l’ozone.
J’aimerais des précisions de la part de la secrétaire parlementaire. Il semble que le milieu scientifique craigne que le Canada ne perde des ressources servant à protéger la couche d’ozone et à surveiller ce qui se passe à cet égard et, en même temps, qu’il ne soit plus en mesure de surveiller l’action des polluants au sol.
Qui a raison? Le ministre de l’Environnement ou la sous-ministre adjointe, qui a laissé entendre que ces services fort utiles pourraient disparaître?
Michelle Rempel : Monsieur le Président, il est agréable de pouvoir m’adresser à ma collègue pour la première fois à la Chambre en cette belle soirée d’automne. J’aimerais répéter ce que le ministre de l’Environnement a déjà affirmé à maintes reprises à la Chambre.
Environnement Canada continuera de mesurer l’ozone. Nous comptons veiller au maintien du bilan solide du Canada en matière de mesure de l’ozone atmosphérique afin d’obtenir des données scientifiques éprouvées tout en respectant notre budget. Nous reconnaissons que, depuis maintenant 50 ans, le Canada est un chef de file mondial de la science de l’ozone atmosphérique. Bon nombre des méthodes de mesure utilisées dans le monde entier ont été inventées par des Canadiens. D’ailleurs, le Canada est le pays qui observe depuis le plus longtemps les niveaux d’ozone dans l’Arctique, dans la baie Resolute, où l’on mesure régulièrement le taux d’ozone depuis 1966.
Aujourd’hui, Environnement Canada emploie deux méthodes distinctes pour mesurer l’ozone: le réseau des spectrophotomètres Brewer, et le réseau des ozonosondes, dont a parlé la députée. Cependant, comme elle le sait bien, les technologies et méthodes de mesure changent et s’améliorent avec le temps. Au lieu d’adopter la suggestion de la députée, nous comptons optimiser et intégrer ces deux réseaux. Dans le cadre de cette initiative, nous évaluerons les divers postes de mesure actuels afin d’en déterminer l’utilité scientifique afin que le Canada puisse entièrement respecter les exigences relatives à la surveillance de trous dans la couche d’ozone et de la composition chimique de l’atmosphère.
Le Canada publie les données recueillies par son réseau de surveillance de la couche d’ozone par l’entremise de l’Organisation météorologique mondiale, l’OMM, et exploite depuis de nombreuses années le Centre mondial de données sur l’ozone et le rayonnement ultraviolet. L’OMM diffuse ensuite les données à d’autres centres et organismes météorologiques européens et américains.
Environnement Canada ne met pas fin aux activités du Centre mondial de données sur l’ozone et le rayonnement ultraviolet, que nous exploitons avec succès depuis de nombreuses années. Le ministère compte des employés qui mènent exclusivement ces deux types d’activités et continuera d’obtenir des résultats de qualité.
Je répète qu’Environnement Canada continuera de mesurer l’ozone dans la haute atmosphère. Nous ne fermerons pas le Centre mondial de données sur l’ozone et le rayonnement ultraviolet.