Il s’avère plus difficile que prévu de choisir un seul dossier digne de porter la superétiquette de « dossier le plus chaud de l’année 2011. » Les élections du mois de mai ont apporté plusieurs changements au Parlement. Chaque parti a été transformé à jamais – pour le meilleur ou pour le pire. Les deux partis qui ont le plus souffert de ces élections, le Bloc et le Parti libéral, ont même vu leur chef perdre leur siège, tandis que Stephen Harper célébrait sa majorité nouvellement acquise (avec seulement 39 % des suffrages). Quant au NPD, il jubilait au sommet de la vague orange, ravi de son nouveau statut de parti de l’opposition officielle. Enfin, les verts ont vu leurs efforts récompensés par une percée longuement espérée. Avec mon élection comme députée de Saanich Gulf Islands, les verts avaient enfin élu une députée.
Aussi importants que puissent être ces événements politiques, je crois qu’aucun ne pourrait être qualifié de « dossier le plus chaud de l’année 2011. » Le printemps arabe mériterait d’ailleurs davantage cette étiquette, puisqu’il est venu chambouler l’échiquier politique du monde arabe. Mais pour moi, je crois que le dossier le plus chaud de l’année est celui dont personne n’ose parler. L’année 2011 a encore battu des records en ce qui a trait aux phénomènes météorologiques extrêmes, et la plupart sont le résultat de changements climatiques d’origine humaine. Bien entendu, l’événement le plus dévastateur, le tsunami japonais conjugué à la catastrophe nucléaire de Fukushima, n’avait rien à voir avec les changements climatiques.
Quoi qu’il en soit, la famine en Afrique du Nord, provoquée par des sécheresses record, l’inondation exceptionnellement longue qui a submergé la Thaïlande, le Laos et le Vietnam ainsi que l’évacuation de quartiers entiers de la ville de Manhattan en raison d’ondes de tempête exacerbées par l’élévation du niveau de la mer ont marqué l’année 2011 et mis en relief les impacts de la crise climatique.
Au Canada, les phénomènes météorologiques extrêmes ont fait de l’année 2011 la deuxième année la plus chère pour les assureurs. Dans toute l’histoire du Canada, jamais inondation n’avait submergé autant de terres arables que les inondations survenues dans les Prairies, qui se sont étirées d’octobre 2010 à la fin juillet 2011. D’autres inondations dévastatrices ont également frappé le Québec.
Les feux de forêt provoqués par des conditions exceptionnellement arides ont détruit le tiers de Slave Lake. Pour la majeure partie de l’été, le Canada a connu des vagues de chaleur historiques. Sans compter que les fontes des glaces estivales de l’Arctique ont presque atteint de nouveaux records.
Je pourrais continuer ainsi, car la liste est longue, mais le dossier le plus chaud de l’année selon moi est le refus aveugle de relier les points et de décrire les événements attribuables aux changements climatiques pour ce qu’ils sont. Cessons de parler des ravages ou des soubresauts de « mère Nature. »
La fréquence accrue des phénomènes météorologiques attribuables aux changements climatiques cadre avec le modèle établi et, du point de vue humain, s’explique par les niveaux sans précédent de gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère.
Ainsi, pour la petite histoire politique, le dossier le plus chaud est sans contredit le retrait officiel du Canada du Protocole de Kyoto; mais le dossier le plus chaud de l’année 2011, toutes catégories confondues, est celui où s’accumulent de plus en plus rapidement toutes les pertes provoquées par la crise climatique et le fait que, contrairement au kamikaze qui se fait exploser dans une région trouble où les médias sont à l’affût de toute « déclaration de responsabilité », tout le monde nie et refuse aveuglément de pointer du doigt le responsable. Ces catastrophes n’ont plus rien de « naturel »; en effet, leurs causes sont connues et notre gouvernement s’est engagé sur une voie qui ne fera qu’exacerber ces causes d’année en année.