Il m’a toujours paru étrange que le Canada veule organiser une fête monumentale pour souligner le 200e anniversaire de la guerre de 1812; en fait, cela m’intrigue beaucoup depuis que j’en ai entendu parler pour la première fois dans le discours du Trône de 2011. J’ai trouvé cela encore plus intrigant lorsque les détails de cette fête ont été révélés et que j’ai appris que le gouvernement avait prévu dépenser 28 millions de dollars pour ces célébrations, surtout au cours d’une année où le budget portait essentiellement sur la réduction du déficit. Plusieurs commentateurs ont souligné la tendance de Stephen Harper à vouloir s’envelopper dans le drapeau canadien – pour adopter une voix chauviniste britannique et patriotique plus souvent associée à un accent du Sud.
Je suis très à l’aise avec le langage utilisé pour valoriser le Canada. J’adore le Canada. Aucun doute là-dessus. Je me considère comme une patriote. En fait, depuis que j’ai eu l’honneur de recevoir l’Ordre du Canada, je prends les mots « Ô Canada », encore plus sérieusement qu’avant, si cela est possible. Les paroles « protégera nos foyers et nos droits » ont une connotation personnelle pour moi. J’ai tendance à le concevoir dans le sens où il faut protéger nos milieux sauvages, nos écosystèmes et nos générations futures, ce qui signifie protéger notre science, nos lois et nos politiques environnementales.
Quoi qu’il en soit, ce n’est pas avant d’avoir lu dans le détail les 420 pages du projet de loi C‑38 que j’ai réalisé que Stephen Harper avait prévu quelque chose de vraiment extraordinaire pour souligner le 200e anniversaire de la guerre de 1812. En fait, le drapeau avec lequel il avait choisi de s’envelopper était le drapeau blanc. Il capitule.
Comment expliquer que 200 ans après avoir décidé de protéger la souveraineté de notre territoire, qui allait devenir le Canada, et ainsi éviter qu’il soit subsumé par notre voisin du Sud, nous soyons sur le point d’adopter une loi pour autoriser les représentants de la loi des États-Unis à opérer sur le territoire canadien pour faire appliquer des lois étatsuniennes? Qu’aurait pensé Laura Secord de ce stratagème? Si elle l’avait découvert en promenant sa vache égarée, aurait-elle dénoncé Stephen Harper?