Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2021-04-12 17:50 [p.5450]
Madame la Présidente, c’est un honneur de prendre la parole par Internet et je remercie mon collègue de Nanaimo—Ladysmith d’avoir partagé son temps de parole avec moi.
Je veux d’abord reconnaître que je me trouve sur le territoire traditionnel de la nation WSÁNEC, qui fait partie des nations salishs de la belle région de Saanich—Gulf Islands. Peut-être que, un jour, nous pourrions changer Saanich pour WSÁNEC afin d’utiliser la graphie en sencoten, parce que c’est de là que vient le nom de la péninsule de Saanich. C’est un honneur pour moi de représenter les merveilleux habitants de cette région.
J’aborde le projet de loi C-14 sous un angle entièrement différent et je crains que mon intervention finisse par être très ennuyeuse. C’est que nous parlons d’un projet de loi très important. J’aurais voulu qu’il soit adopté il y a longtemps, dès qu’il a été présenté la première fois, parce qu’il comprend des mesures d’aide importantes que, comme vient de le souligner mon collègue de Nanaimo—Ladysmith, le Parti vert appuie: des mesures d’aide s’adressant aux Canadiens à faible et moyen revenus; l’allégement de la dette des étudiants; davantage d’aide pour les programmes en télémédecine, en santé mentale et en toxicomanie; de l’aide au loyer commercial. Ce sont toutes des mesures que nous voulons voir adopter, mais cela ne signifie pas que nous n’avons pas de grandes inquiétudes concernant l’énoncé économique de l’automne et le budget à venir.
J’en viens à la partie de mon discours où je crains d’être ennuyante. J’aurais aimé défendre le point que mon collègue du Bloc québécois vient de soulever, soit que la relance doit être axée sur les énergies renouvelables, qu’il faut une reprise économique verte et qu’il est nécessaire de respecter les engagements pris à Paris pour limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius. L’actuel projet de loi C-12 du gouvernement est bien loin d’assurer une quelconque responsabilité en la matière.
Je veux me concentrer sur le rôle des parlementaires en ce qui concerne l’examen des budgets. Quel est le rôle des parlementaires dans l’étude de l’énoncé économique de l’automne? Quel travail devons-nous faire? En théorie, les parlementaires sont responsables du Trésor public. Comme certains le savent, lorsque je parle de ce qui doit se passer en théorie à la Chambre des communes, les députés peuvent être à peu près certains que ce n’est pas ce qu’on observe dans la pratique.
Parmi nos principales tâches à titre de députés, nous sommes responsables de contrôler les dépenses publiques. Pour y arriver, nous devrions connaître les mesures sur lesquelles nous allons voter, être capables d’analyser le budget et obtenir suffisamment d’information pour être des parlementaires efficaces et responsables.
J’aborderai d’abord des questions générales, puis j’entrerai dans le détail. Dans le cadre de mon expérience d’analyse des budgets, qui remonte à bien avant que j’aie l’honneur d’être élue au Parlement en 2011, j’avais l’habitude de participer à des séances d’information à huis clos sur le budget. J’étais alors la directrice générale du Sierra Club du Canada. Je comptais parmi les fondateurs de ce que l’on appelait la Coalition du budget vert. Je m’assoyais avec le ministre des Finances pour analyser les budgets une fois qu’ils avaient été présentés. Lors de ces séances d’information à huis clos sur le budget, j’amenais habituellement le budget des années précédentes, afin de pouvoir identifier rapidement les ministères qui obtenaient plus d’argent, ceux qui en obtenaient moins, et de comparer la reddition de comptes et l’attribution des sommes d’argent.
Je tente de me rappeler la dernière fois que j’ai vu un budget qui incluait des chiffres. Les Canadiens trouveront cela étrange. Comment pouvons-nous avoir un énoncé économique de l’automne ou un budget sans chiffres? Eh bien, on y trouve des chiffres, mais il n’y a habituellement aucun lien entre eux.
En préparant mon discours, j’ai trouvé un article de décembre 2015 rédigé par trois de mes amis, soit Kevin Page, notre ancien directeur parlementaire du budget, Bob Plamondon, un éminent commentateur conservateur, ainsi que l’ancien député Pat Martin. Ils ont rédigé un article pour le Globe and Mail sur ce sujet même. Les députés ne possèdent pas suffisamment d’information pour faire le travail qu’ils sont censés faire, c’est-à-dire contrôler les deniers publics.