Les objectifs climatiques du canada doivent être renforcés

Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2021-06-09 19:41 [p.8188]

Madame la Présidente, je donne suite à une question que j’ai posée précédemment. La ministre des Pêches a répondu à la question, mais elle porte sur les cibles climatiques et la responsabilité climatique. J’ai fait remarquer lors de la période des questions que les cibles climatiques dont nous parlons ne sont pas des cibles politiques. Elles sont profondément axées sur la science.

La ministre des Pêches a alors répondu que les nouvelles cibles que le premier ministre venait d’annoncer au sommet du Jour de la Terre avec Joe Biden seraient inscrites dans la loi et que le projet de loi C-12, Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, en tiendrait partiellement compte. Le gouvernement a depuis décidé de ne pas inscrire ces cibles dans la loi.

Le point clé que je tiens à soulever au cours du débat d’ajournement d’aujourd’hui porte sur la nature des engagements que nous avons pris dans le cadre de l’Accord de Paris en 2015, lors de la 21e Conférence des parties. Nous nous sommes principalement engagés à travailler avec toutes les autres nations de la planète pour limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale à un maximum de 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux qui avaient cours avant la révolution industrielle et pour la maintenir certainement le plus possible en dessous de 2 degrés Celsius.
Pourquoi est-ce important? La survie de la civilisation sera gravement menacée si nous ratons ces cibles. Depuis la révolution industrielle, la température moyenne mondiale a augmenté de plus de 1 degré Celsius. Si l’augmentation dépassait 1,5 degré Celsius, elle présenterait des risques. Ce serait dangereux. La survie de la civilisation serait menacée. Si elle était supérieure à 2 degrés Celsius, nos enfants et les générations futures seraient sérieusement en danger. C’est pourquoi les cibles dont nous parlons ne sont pas politiques, mais axées sur la science.

Je suis extrêmement peinée de voir que le gouvernement a choisi de présenter une mesure législative qui porte prétendument sur la responsabilité climatique, mais qui prévoit un plan de réduction des émissions aucunement fondé sur la science. En réalité, cette mesure législative nous met à risque. Le projet de loi C-12 et l’utilisation du terme « carboneutralité » dans son titre suscitent des cris de joie, mais le gouvernement rate la cible en visant l’atteinte de la carboneutralité en 2050. Cela n’empêchera pas le réchauffement planétaire de dépasser 1,5 degré Celsius. Comme le dit Greta Thunberg, l’objectif de carboneutralité en 2050 est une « capitulation », s’il ne s’accompagne pas de cibles à court terme visant à réduire les émissions mondiales de la moitié d’ici 2030.

Je viens tout juste de quitter le comité alors qu’il achève l’étude article par article du projet de loi C-12. Le jalon demeure 2030, mais le gros problème demeure que, si nous n’améliorons pas les mesures convenues, l’objectif de 40 % à 45 % en deçà de nos niveaux de 2005 d’ici 2030 mentionné lorsque j’ai soulevé le sujet à la période des questions n’arrivera pas à la cheville de l’engagement que nous avons pris à Paris.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a énoncé ce que tous les pays sur Terre doivent faire. Le Canada a un fardeau plus lourd que la plupart des autres, parce qu’il est le seul pays du monde industrialisé à avoir enregistré une telle hausse d’émissions depuis 1990 et depuis la conclusion de l’Accord de Paris.

Nous avons le devoir de faire mieux et de faire plus. Nous devons viser un objectif plus ambitieux. Ne nous berçons pas d’illusions: la carboneutralité d’ici 2050 n’est qu’une manière d’enjoliver, à des fins de relations publiques, les mesures que les scientifiques nous somment de prendre. Nous vivons une crise du climat. Nous devons agir en conséquence et interdire la fracturation hydraulique, annuler le projet de pipeline TMX et faire tout en notre pouvoir, à titre de riche société industrialisée, pour effectuer la transition vers la sécurité climatique.