Elizabeth May (Saanich—Gulf Islands)
2021-02-22 19:53 [p.4407]
Madame la Présidente, j’ai l’honneur de participer au débat d’ajournement de ce soir et de revenir sur une question que j’avais posée le 30 novembre 2020, dans l’espoir de recevoir une meilleure réponse cette fois-ci.
Comme nous étions alors en 2020, la question on ne peut plus cruciale et urgente qui s’imposait était de savoir si le gouvernement respecterait l’engagement pris lors des négociations de la Conférence des Parties, la COP 15, à Paris. Il s’était en effet engagé à améliorer ce que l’Accord de Paris appelle la « contribution prévue déterminée au niveau national », qu’on considère généralement comme une cible. Il s’était plus précisément engagé à l’améliorer en 2020 puis tous les cinq ans par la suite.
Quand j’ai demandé au ministre quel était le plan pour améliorer la cible en 2020, j’ai été déçue qu’il ne réponde pas directement à ma question, mais la réponse est claire maintenant. Le temps s’est écoulé. Nous sommes en 2021. La cible est toujours la même. Nous n’avons pas atteint la cible que nous nous étions fixée.
Dans le cadre de conversations que j’ai eues avec des intervenants du cabinet du ministre, on m’a dit que, selon le ministère, cette cible n’était pas juridiquement contraignante et que d’autres pays avaient omis de respecter leurs cibles. Ces deux réponses sont déplorables. Nous avons pris cet engagement. Il est d’ailleurs possible de le consulter au paragraphe 24 du document de décision de la 21e Conférence des Parties, qui demande aux parties dont la contribution prévue déterminée au niveau national comporte un calendrier jusqu’à 2030 d’actualiser d’ici à 2020 cette contribution. En ce qui concerne l’affirmation selon laquelle les autres pays n’ont pas respecté leurs cibles, la réalité, c’est que 69 pays y sont arrivés. Bien sûr, je parle ici de pays ayant des cibles jusqu’en 2030.
Nous voici maintenant en 2021 et la cible que nous nous sommes fixée est complètement déphasée par rapport à celle de tous nos partenaires du G7 et de la plupart des pays industrialisés. Nous avons l’une des cibles les moins ambitieuses du monde et la moins ambitieuse du monde industrialisé, à l’exception peut-être de l’Arabie saoudite. Nous avons maintenant l’occasion d’améliorer notre bilan. Je me permets de parler à présent de la possibilité de bien faire les choses.
Nous sommes désespérément près du point de non-retour, lorsqu’il ne sera plus possible de limiter notre bilan du carbone pour éviter que la température moyenne mondiale n’augmente pas de plus de 1,5 degré Celsius. C’est en fait la cible incluse dans l’Accord de Paris, qui est juridiquement contraignant. Il ne faut donc pas dépasser cette cible. Or, pratiquement toutes les données scientifiques indiquent qu’il est presque impossible de respecter ce plafond de 1,5 degré. Nous pouvons encore atteindre notre cible, mais nous n’aurons bientôt plus la possibilité d’agir. Nous perdrons cette chance, pour toujours, bien avant 2030.
Nous avons maintenant l’occasion d’améliorer notre objectif et de faire notre juste contribution, ce qui représenterait au moins le double de ce que nous nous sommes déjà engagés à faire. De plus, l’occasion se présente maintenant parce que le président Biden a organisé un sommet des chefs de file en matière de lutte contre les changements climatiques qui se tiendra par Zoom le Jour de la Terre, soit, bien sûr, le 22 avril.
C’est à ce moment que le Canada devra vraiment faire un pas en avant et dire que nous sommes prêts à réduire nos émissions de 60 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030 et à mettre en place une première année charnière dans le cadre du projet de loi C-12 relativement aux objectifs fermes de réduction d’au moins 15 % d’ici 2025. Ce serait le début d’un engagement clair à prendre le genre de mesures auxquelles nous avons souscrit en signant l’Accord de Paris.