Elizabeth May : Monsieur le Président, c’est un honneur pour moi que de prendre la parole pendant le débat d’ajournement de ce soir afin de donner suite à une question que j’ai posée le 27 mars dernier. J’ai alors invité la ministre de l’Environnement à refaire ses calculs et à se rendre à l’évidence en précisant dans mon préambule que ma question portait sur des chiffres et des faux-fuyants.
Les chiffres, les voici, et ils sont tirés de la propre base de données d’Environnement Canada et publiés par le gouvernement actuel: avec les plans en vigueur, il est absolument impossible que le Canada atteigne de près ou de loin la cible fixée par le premier ministre lorsqu’il a trahi la confiance du reste du monde en abandonnant le Protocole de Kyoto au profit d’objectifs beaucoup plus modestes.
Lorsque le premier ministre s’est engagé en 2009 à atteindre les cibles fixées en vertu de l’accord de Copenhague, c’était la deuxième fois qu’il diminuait les objectifs du Canada. Ils ont d’abord été réduits au printemps 2006 lorsque, après avoir annulé le plan qui nous aurait amenés assez près des cibles de Kyoto, le premier ministre a annoncé que le Canada n’était pas tenu de respecter celles-ci et a en fixé de nouvelles, qui correspondaient à une réduction, d’ici 2020, de 20 % par rapport aux niveaux enregistrés en 2006. Ensuite, à Copenhague, le premier ministre a accepté des objectifs encore plus faibles que ceux qu’il avait proposés en 2006. Je sais qu’on lance bien des pourcentages et qu’ils ont tendance à ennuyer, mais il faut souligner qu’en acceptant une cible de 17 % inférieure au niveau d’une autre année de référence, c’est-à-dire 2005, notre objectif s’est encore affaibli. Le fait que les émissions de gaz aient été plus élevées en 2005 qu’en 2006 constitue une anomalie; ce fut une année record pour les émissions au Canada.
Après avoir été témoins de la réduction des objectifs, nous voyons maintenant les résultats projetés. Ils nous sautent aux yeux. D’après le rapport produit par Environnement Canada en octobre 2013, il est clair que d’ici 2020, les émissions de gaz à effet de serre au Canada continueront de grimper graduellement, après avoir été à leur niveau le plus bas non pas grâce aux efforts du gouvernement, mais plutôt en raison de la récession de 2009, qui avait ramené les émissions à 692 mégatonnes. Ces émissions connaissent maintenant une augmentation constante et devraient atteindre, d’après les projections d’Environnement Canada, 734 mégatonnes d’ici l’échéance de 2020.
Je sais qu’il est difficile de parler de chiffres à la Chambre des communes, mais voici quelques chiffres très simples. Le Canada s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 17 % par rapport aux niveaux de 2005, et ce, d’ici 2020. En réalité toutefois, la réduction correspondra peut-être à 1 %, mais sûrement pas à 17 %.
C’est ce qui m’avait amenée à poser les questions que voici. Le gouvernement demeure-t-il déterminé à respecter l’accord de Copenhague malgré tous ses échecs? Est-il prêt à adopter des mesures supplémentaires afin de tenter d’y arriver?
Mais au lieu de vraies réponses, on nous sert des discours creux comme ceux qui ont marqué la période des questions d’aujourd’hui, que j’ai dû encore une fois qualifier de balivernes. On nous a encore répété une affirmation que nous connaissons par coeur pour l’avoir entendue ad nauseam, selon laquelle la production des gaz à effet de serre au Canada est de 130 mégatonnes moins élevée qu’elle ne l’aurait été sous un gouvernement libéral.
Si on consulte la page 4 du rapport que j’ai déjà mentionné lorsque j’ai parlé des données d’octobre 2013 d’Environnement Canada, on y trouve ce chiffre fictif supérieur de 130 mégatonnes à celui qui correspond à la situation actuelle. C’est une affirmation audacieuse, car c’est tout à fait insensé. C’est ce qu’on appelle un chiffre correspondant au maintien du statu quo ou, selon les termes du rapport d’Environnement Canada, un scénario « aucune mesure ». Si rien n’avait été fait, nos émissions auraient atteint un niveau qu’elles n’ont jamais atteint, soit 862 mégatonnes par année. Maintenant, le gouvernement essaie de s’attribuer le mérite de son inaction qui nous a permis de rester au même niveau, alors que nous étions censés réduire ces émissions de 17 %, en affirmant que c’est merveilleux et que nous en sommes à 130 mégatonnes de moins qu’un chiffre fictif qui n’a jamais été atteint et qui n’est fondé sur aucune mesure.
Le moment est venu de faire preuve d’honnêteté envers les Canadiens. Il est impossible que nous atteignions la cible établie à Copenhague. Le gouvernement va-t-il s’engager à atteindre la cible peu élevée qu’il avait fixée à Copenhague en prenant de nouvelles mesures?
Colin Carrie : Monsieur le Président, je suis heureux de faire savoir à ma collègue que le gouvernement conservateur est déterminé à s’attaquer au problème des changements climatiques et, qu’à cette fin, il prend des mesures concrètes, ici et sur la scène internationale.
Au Canada, le gouvernement est en train de mettre en place une approche sectorielle de la réglementation qui a pour point de départ les émissions dans les deux plus grands secteurs émetteurs de l’économie canadienne, soit le transport et l’électricité. En collaboration avec les États-Unis, le gouvernement a fixé des normes d’émission pour les voitures de tourisme et les camionnettes ainsi que les véhicules lourds. Grâce à ces règlements, on prévoit que, d’ici 2025, les véhicules utilitaires légers produiront 50 % moins d’émissions de gaz à effet de serre que les véhicules de 2008. C’est formidable puisque je viens d’Oshawa, où nous construisons des voitures.
Grâce aux règlements du gouvernement sur la production d’électricité à partir du charbon, le Canada est devenu le premier grand utilisateur de charbon à interdire la construction de centrales électriques au charbon traditionnelles. Les 21 premières années, les règlements devraient se traduire par une réduction cumulative d’environ 214 mégatonnes des émissions de gaz à effet de serre. C’est une excellente nouvelle pour les Canadiens. Cela équivaut à retirer 2,6 millions de véhicules par année de la circulation pendant cette période. Le gouvernement continuera sur sa lancée en collaborant avec les provinces à réduire les émissions des secteurs pétrolier et gazier tout en s’assurant que les entreprises canadiennes demeurent concurrentielles.
Le gouvernement a aussi fait des investissements importants pour faire passer le Canada à une économie axée sur l’énergie propre et nous rapprocher de nos objectifs en matière de changements climatiques. Depuis 2006, le gouvernement a investi plus de 10 milliards de dollars dans les infrastructures vertes, l’efficacité énergétique, le développement de technologies énergétiques propres, et la production d’énergie et de carburants plus propres.
Nous adoptons une approche responsable. Nous collaborons avec tous les intervenants, et nos efforts portent fruit.
On estime que, grâce aux mesures prises par les consommateurs, les entreprises et les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, en 2020, les émissions de gaz à effet de serre se chiffreront à 734 mégatonnes. C’est environ 130 mégatonnes de moins que le total qui aurait été obtenu sous les libéraux. Je fais cette distinction parce que, contrairement à la politique des libéraux sur les changements climatiques, qui consistait à tenir de beaux discours sur la scène internationale et à ne rien faire à la maison, les politiques du gouvernement conservateur donnent des résultats concrets.
Au niveau international, le Canada joue un rôle utile dans les négociations des Nations Unies afin de conclure une nouvelle entente juste et efficace sur les changements climatiques après 2020. Lors de la plus récente conférence des Nations Unies sur les changements climatiques tenue à Varsovie, le Canada a fait preuve de leadership en aidant à réaliser une percée pour ce qui est d’aider les pays en développement à réduire la déforestation et le dépérissement des forêts, qui représentent près de 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Le Canada assume aussi un rôle de chef de file relativement à plusieurs initiatives internationales menées à l’extérieur du cadre des Nations Unies pour lutter contre les changements climatiques. Par exemple, le gouvernement prend des mesures concrètes pour lutter contre les polluants de courte durée tels que le carbone noir et le méthane. Il participe activement à la Coalition pour le climat et l’air pur, dont le Canada est un membre fondateur du fait qu’il assume la présidence du Conseil de l’Arctique.
Compte tenu de la courte durée de vie de ces polluants, leur réduction peut entraîner des avantages plus immédiats pour le climat, en particulier dans le Nord.
Elizabeth May : Monsieur le Président, je ne veux pas blâmer mon ami, le secrétaire parlementaire de la ministre de l’Environnement. Je n’ai pas été capable d’obtenir une réponse claire du premier ministre ou de la ministre de l’Environnement, et c’est tâche bien ingrate que d’être obligé de défendre un bilan inexcusable.
Les chiffres sont clairs. Le secrétaire parlementaire a dit que d’ici 2020, les émissions s’établiront à 734 mégatonnes; or, le premier ministre avait promis de les faire passer à 607 mégatonnes, une diminution par rapport au niveau de 2005.
Le gouvernement n’entend aucunement se pencher sur le secteur des sables bitumineux. Le gouvernement ne cesse de nous répéter qu’il préconise une approche sectorielle. Nous avons dû modifier la réglementation sur les transports parce que les marchés de l’automobile au Canada et aux États-Unis sont interreliés. Il s’agissait de bonnes mesures, et je les ai appuyées.
Les règles visant le charbon n’entreront en vigueur qu’en 2015, et elles ne prévoient pas la fermeture pure et simple des centrales au charbon existantes.
Or, le secteur des sables bitumineux n’est toujours pas réglementé, alors que le premier ministre et les ministres de l’Environnement qui se sont succédés s’y étaient engagés.
Inaction et cibles manquées: voilà le bilan du gouvernement. Je ne sais toujours pas si le gouvernement estime que le Canada s’est engagé à respecter les cibles fixées à Copenhague.
Colin Carrie : Monsieur le Président, les preuves sont éloquentes. Je ne sais pas si la députée a eu l’occasion d’écouter le discours concernant toutes les choses remarquables que nous faisons et de comparer ce bilan à celui des libéraux.
Lorsque les libéraux formaient le gouvernement, les émissions ont en fait augmenté de 130 mégatonnes. Les libéraux ont signé tous ces accords internationaux et tenu de beaux discours, mais ils n’ont absolument rien fait.
D’ailleurs, notre économie connaît une croissance à mesure que la tendance des émissions ralentit. Les mesures prises par le gouvernement conservateur entraînent une diminution constante de l’intensité des émissions par habitant. Ces deux tendances, qui se poursuivront jusqu’en 2030, montre clairement que notre approche sectorielle donne des résultats concrets sur le plan de la réduction des gaz à effet de serre, tout en soutenant la croissance économique.
Voilà une chose dont les Canadiens peuvent être fiers.